Trump: l’organisation du chaos

Sans le dire explicitement, Donald Trump établit une corrélation entre l’incontestable statut de réserve dont bénéficie le dollar et l’impact de celui-ci sur la compétitivité industrielle de son pays. A vrai dire, les faits lui donnent raison car les emplois industriels ne représentent plus aujourd’hui que 10% des emplois aux USA, contre 40% dans les années 80. Certes, le «privilège exorbitant» conféré par le billet vert est-il invoqué -et souvent déploré – par ses usagers non américains. Certes, l’extraterritorialité financière (et donc légale) qui en découle autorise-t-elle les Etats-Unis à imposer quasi-universellement leurs lois, règlementations et multiples sanctions par de simples décisions administratives applicables du jour au lendemain.
Cependant, l’équipe de Trump estime que ces atouts considérables émanant du statut de leur dollar s’exercent aux dépens de leur balance commerciale, et nuisent aux classes moyenne et inférieure. Ils émettent le diagnostic suivant: les déficits commerciaux accumulés depuis les années 80 ont créé un monstre. La croissance hyperbolique du secteur financier américain n’ayant pu se réaliser que sur les décombres de leur base industrielle. En un mot : Wall Street et la financiarisation massive ont prospéré au détriment de «Main Street». Ce système financiarisé à outrance qui fait quelque part subir un déséquilibre exorbitant aux forces de production – et donc aux citoyens ordinaires – n’est plus tenable pour l’administration actuelle, persuadée que le dollar est le fil à tirer qui permettra de redresser la barre.
Universellement utilisé, son niveau et son succès ne sont pourtant évidemment plus compatibles avec une économie dont l’importance mondiale ne fait que régresser. La part du Produit Intérieur Brut US n’est en effet plus que de 26% au niveau mondial, alors qu’elle en représentait 40% dans les années 60 ! C’est donc l’attractivité du dollar – qui reste de très loin la monnaie la plus prisée au monde – qui pose problème aux autorités américaines, ou plutôt la manière dont certaines nations visées recyclent leurs propres dollars. D’où cette problématique et ces accusations de concurrence déloyale dans les relations bilatérales dénoncées par Trump, qui marque un point qui est le suivant.
Les nations qui bénéficient d’excédents commerciaux avec les USA, et qui empêchent en même temps leur propre monnaie de s’apprécier, non seulement conservent les dollars encaissés dans le cadre de leurs échanges, mais aggravent la situation en achetant l’actif le plus liquide au monde, à savoir la dette américaine. Cette thésaurisation de dollars agit en remontant sa valeur par le simple jeu de l’offre et de la demande, nuisant au passage aux exportateurs américains, et créant un contexte où ces pays étrangers n’ont plus besoin de fabriquer localement car il leur est plus facile et moins cher d’importer des biens produits aux Etats-Unis avec leurs propres dollars. Pour Trump, le déclin industriel, comme la détérioration de la balance des paiements de son pays, ne sont que la conséquence du comportement déloyal de ses partenaires commerciaux qui, exerçant une pression baissière sur leur propre monnaie, renchérissent le dollar, participent activement à l’aggravation des déficits américains, puis recyclent en fin de compte leurs propres excédents en dollars sur les Bons du Trésor et sur des obligations émises par de grandes entreprises américaines.
Ces déficits US massifs, en fait ces «twin deficits», puisqu’il s’agit là à la fois du commercial mais également de celui affectant la balance des paiements, font en outre courir aux Etats-Unis un risque de solvabilité, et remettent en cause sur le long terme le statut du dollar lui-même. La force du dollar exerce même ses nuisances sur le secteur de la défense américaine car il devient moins cher d’acheter du matériel à l’étranger que de le produire soi-même nationalement ! Voilà où Trump et ses conseillers font un lien avec la sécurité de l’Europe, avec l’OTAN, avec les armements donnés aux pays tiers, car ils considèrent que les Etats-Unis ne sont plus en mesure d’assumer de telles dépenses alors même que leur base industrielle est sapée et que leurs déficits ne font que se creuser. Affirmant que le système est désormais biaisé en leur défaveur, ils se rendent compte que leur jadis privilège exorbitant s’est transformé en une charge exorbitante.
Voilà où entrent en ligne de considération les droits de douane («Tariffs») censés amoindrir ce fardeau américain, mais d’autres décisions et mesures viendront également à la rescousse, comme une détermination sans faille à affaiblir le dollar, couplée à un choc de compétitivité nationale se déclinant en réduction d’impôts et en dérégulations tous azimut. De fait, les réactions des européens qui entendent désormais dépenser plus – et par que sur leur réarmement- conviennent parfaitement aux intérêts américains qui se verront dès lors déchargés d’une partir substantielle de ce poids. Ce levier et cette menace des tarifs à l’encontre des partenaires européens auront produit leurs effets si l’Union accomplit enfin ce que les autorités américaines lui réclament depuis de nombreuses années. L’unilatéralité et la brutalité des américains peuvent certes choquer, mais elles auront au moins produit des résultats tangibles et rapides.
Là est, du reste, toute la philosophie de l’approche Trump qui ne craint pas la volatilité que ces réformes et décisions ne manqueront pas d’engranger. Que les nostalgiques de l’ère où les USA adoptaient une attitude graduelle, par étape, se préparent à des décisions tarifaires agressives qui toucheront des économies majeures, à une politique migratoire incisive, à des licenciements en masse, à des audits impitoyables d’institutions publiques, qui – en se conjuguant – produiront des effets parfois cataclysmiques sur la conjoncture financière. Pour la première fois depuis des décennies, un exécutif américain explique à qui veut l’écouter qu’il ne se soucie pas, et qu’il n’est pas influencé, par les marchés financiers. Alors même que la bourse fut la boussole suprême et personnelle de Trump pendant son premier mandat, lui comme ses conseillers font à présent volte-face, affirmant à de nombreuses reprises que leurs décisions et mesures d’aujourd’hui produiront une souffrance provisoire pour des gains futurs : “Short-term pain for long-term gain.”
Cette rhétorique se doit d’être prise au sérieux car l’administration officielle américaine signale de manière explicite sa volonté de détruire les ordres établis, d’adopter une approche volontairement déstabilisante, de mener une guerre ouverte tant politique qu’économique au système, pour instaurer un ordre radicalement différent.
Chers lecteurs,
Ce blog est le vôtre : je le tiens assidument avec régularité et passion. Des milliers d’articles et d’analyses sont à votre disposition, dont les premiers remontent à 1993 !
Mes prises de position macro économiques furent autrefois qualifiées d’hétérodoxes. Elles sont aujourd’hui communément admises et reconnues. Quoiqu’il en soit, elles ont toujours été sincères.
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Bonjour,
Bonne analyse clairvoyante que peu de monde fait proférant tout azimut que Trump est fou, qu’il fait n’importe quoi, etc…..il a avec son équipe rapprochée une stratégie bien définie qu’il espère pouvoir mettre en place le plus rapidement possible(élections mid-term) et préparer l’élection de J D Vance pour le prochain mandat. Réussira-t-il est la question.
Par contre votre titre (accrocheur) aurait pu s’écrire “L’organisation du chaos organisé”
Mon titre ne se prétend nullement “accrocheur”.
Je tente simplement de livrer mes analyses, régulièrement, au prix d’un énorme travail, comme il est aisé de l’imaginer.
Quant à prédire si le chaos sera, en définitive, “organisé” ou simplement cohérent, qui vivra verra
Quelle administration d’abrutis !!!
Dès le milieu des années 1970, les États-Unis n’ont pas eu besoin du reste du monde pour creuser leurs déficits budgétaires (refinancés par la dette fédérale) afin de s’assurer un train de vie plus que dispendieux; pour qu’ensuite une Élite au pouvoir s’organise au gigantesque transfère des richesses du bas vers le haut (coûte que coûte).
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Raymond – 2017
“Le Président Trump trébuche de plus en plus et, même sans passer par un «impeachment», sa permanence à la Maison-Blanche va durer l’espace d’un seul mandat présidentiel, au-delà duquel les électeurs états-uniens ne seront pas disposés à lui renouveler son mandat, parce qu’ils vont se rendre compte que leur situation au plan socio-économique aura été péjorée par ses choix de politique économique. Parmi les mensonges présidentiels de Trump, celui qui va émerger au fur et à mesure de l’écoulement du temps consiste à vouloir soutenir l’activité économique en induisant les entreprises à investir et à augmenter le niveau d’emploi suite à la réduction de leur charge fiscale.
Comme l’a clairement révélé Robert Reich (ancien Secrétaire du Travail sous la présidence de Bill Clinton)…
https://robertreich.org/post/159989553540
…il est faux de prétendre que la réduction à 15% du barème d’impôt sur les bénéfices des entreprises permettra d’atteindre les objectifs déclarés par Trump. Tout d’abord, il n’est pas vrai que la charge fiscale des entreprises aux États-Unis est exagérée par rapport à celle de leurs concurrentes dans les autres pays avancés sur le plan économique. Si l’on considère les déductions fiscales et les crédits d’impôt dont peuvent bénéficier les entreprises américaines, leur barème d’impôt sur les bénéfices n’est pas de 35% mais de 27,9%, à savoir très proche de la moyenne des barèmes pour les entreprises dans les autres pays avancés (qui se situe à 27,7%). Réduire à 15% ce barème aux États-Unis signifierait induire bien d’autres pays à se lancer dans la course-poursuite de la concurrence fiscale internationale qui est dommageable pour l’économie globale dans son ensemble.
Par ailleurs, selon les estimations du Congrès américain, une telle réduction de la charge fiscale des entreprises réduirait de 2000 milliards de dollars les recettes fiscales de l’État fédéral américain au bout de 10 ans. Il faudrait dès lors réduire de manière insupportable les dépenses publiques ou augmenter les impôts d’autres catégories de contribuables au détriment (entre autres) de la croissance économique. Dans ces deux cas de figure, la classe moyenne et les plus démunis devraient en supporter les conséquences négatives.
En fait, comme le montre l’évidence empirique depuis la Seconde guerre mondiale, les politiques économiques qui agissent sur la fiscalité des entreprises, en réduisant les barèmes d’impôt sur leurs bénéfices, n’ont jamais soutenu la croissance économique aux États-Unis. Tant Ronald Reagan que George W. Bush ont terminé leur mandat présidentiel avec d’énormes déficits publics à cause de leurs politiques économiques pré-keynésiennes.
Par ailleurs, les entreprises américaines n’ont pas vraiment besoin de payer moins d’impôts pour être compétitives, étant donné que leurs profits ont désormais atteint des sommets historiques. De surcroît, ces profits sont largement placés sur les marchés financiers au lieu d’être investis pour augmenter la production et créer des places de travail au sein de l’économie nationale.
La réalité des faits montre ainsi clairement que la propagande néolibérale de Trump est une vue de l’esprit. Le président américain devrait reconnaître honnêtement les effets négatifs de la réduction des impôts des entreprises s’il se soucie vraiment d’assurer une croissance économique solide, à même de créer beaucoup d’emplois et des retombées positives pour les finances publiques de son propre pays.
Si les entreprises aux États-Unis n’investissent pas et n’augmentent pas le nombre de places de travail (en fait, elles font exactement le contraire), cela ne tient aucunement à leur charge fiscale, que Trump prétend excessive, mais parce que la demande globale sur le marché des produits n’absorbe pas l’offre disponible sur ce marché.
Il faudrait le reconnaître honnêtement au lieu de raconter des mensonges qui font du mal à l’ensemble des parties prenantes à long terme”.
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RAYMOND – 22 janvier 2018 à 15 h 35 min
(…) En effet, la maxime du « trop d’impôts tue l’impôt » n’est pas une systématique à appliquer au pied de la lettre !
D’ailleurs, les cas du Royaume-Uni (sous Thatcher en 80) et Américain (sous Reagan) sont très révélateurs. Après l’économie vaudou (Reaganomics) de Reagan les effets des baisses d’impôts ont créé des déficits fiscaux alors que sous Thatcher, quelques années après, les mesures ont entraînée une hausse des rentrées fiscales. Toujours sous l’administration Reagan, certes, l’économie américaine a rebondi rapidement de 1979 à 1982, mais la majorité des économistes sont plutôt d’avis qu’il s’agit du résultat de la baisse des taux d’intérêts mis en place par la Réserve Fédéral et non pas les incitatifs fiscaux. Enfin, en 2003, l’administration Bush décida une baisse d’impôts et les recettes fiscales augmentèrent comme sous Thatcher dans les années 80. Néanmoins, faut-il rappeler ce qu’ont traversé les USA le 11.09.2001? Faut-il aussi revenir sur le 25 juin 2002 où une nouvelle fit l’effet d’une bombe dans le secteur des télécoms? Mais il faut aussi nous souvenir de toutes les mesures emblématiques de dérégulation du secteur financier ! Et pour l’essentiel – ne pas écarter qu’en 2003 – la Réserve fédérale américaine (Fed) – malgré un net raffermissement de la croissance à cette époque et une amélioration “modeste” de l’emploi et le recul du spectre de la désinflation – la Réserve Fédérale alors pilotée par Alan Greenspan, lequel était vénéré par Milton Friedman, père du monétarisme et de l’idéologie néolibérale qui le considérait comme le meilleur gouverneur de la Fed – a une fois de plus jugé bon de laisser son taux interbancaire au jour le jour à 1 %. OUI, 1%, dès lors son niveau le plus bas en 45 ans !
On se souviendra ensuite, dès 2006, des conséquences des hausses successives et brutales des taux directeurs (déclenchement de la crise du subprime via la hausse incontrôlée des primes de risque). Enfin, si le monétarisme s’est imposé dans l’argumentaire des politiques de lutte contre l’inflation et les modèles néo-walrasiens ont fourni les hypothèses favorables à la réduction du coût du travail, que les théories néo-institutionnalistes ont expliqué les fusions acquisitions des grands groupes en termes d’efficience organisationnelle, il n’en demeure pas moins qu’en dépit des apparence cohérentes, les politiques néo-libérales en place depuis les années 1970 n’ont pas toujours atteint leurs objectifs, pire, elles se sont même avérées contradictoires les unes avec les autres lorsqu’elles furent appliquées simultanément (…) Alors que la théorie du ruissellement reste également une vue de l’esprit néo-libéral, car elle a toujours eu pour vocation inavouable un transfert des richesses du bas vers le haut.
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Raymond – septembre 27, 2024 à 12:16 pm
(…) Comprenons bien que les États-Unis (par leur schéma de Ponzi alimenté à la dette fédérale) ne sont plus sous les mêmes auspices favorables (conduite de la politique monétaire et budgétaire) des années 1970/80. Rappelons-nous seulement qu’au début des années 1970, sous la présidence d’Arthur Burns, la Fed a été confrontée à une hausse de l’inflation et à des inquiétudes concernant la croissance économique et le chômage.
Malgré une inflation élevée, la Fed a réduit les taux d’intérêt à plusieurs reprises jusqu’en 1972 pour stimuler la croissance économique. L’inflation a grimpé à plus de 12% dans les mois qui ont suivi. En réponse à la hausse de l’inflation, la Fed a relevé ses taux de manière agressive en 1974, faisant passer le taux des fonds fédéraux d’environ 5,75% à 13%.
Cependant, alors que l’économie entrait dans une récession plus profonde, la Fed a recommencé à réduire ses taux en 1975, bien que l’inflation reste élevée autour de 9%. À la fin de la décennie, l’inflation avait de nouveau atteint deux chiffres, à plus de 11% en 1979, et a culminé à 13,5% en 1980. L’inflation déchaînée des années 1970 et du début des années 1980 est une illustration frappante du danger de la réduction des taux d’intérêt dans un environnement d’inflation toujours modérement élevé comme celui qui prévaut aujourd’hui (au point de changer de référentiel statistique pour mesurer l’augmentation des prix à la consommation).
C’est parce que l’inflation (hors de contrôle dans ce qu’il est convenu de nommer ce “dernier kilomètre”) n’a pas été véritablement apprivoisée que Paul Volcker aura relevé ses taux au-dessus de 17%… Une option qui n’est plus réaliste pour la Fed aujourd’hui en raison de la montée en flèche du coût des intérêts sur la dette fédérale US. Aucun système pyramidal n’a jamais résisté dans le temps et l’espace !
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Raymond – janvier 4, 2025 à 7:59 pm
(…) Dette fédérale en % du PIB de 1941 à 2024…
https://internationalman.com/wp-content/uploads/2025/01/word-image-63588-2-1.png
Rappelons-nous qu’iI fut un temps où l’équilibre politique (pragmatisme et consensus sur l’autel des choix publics) américain était évident dans la trajectoire des créances fédérales sur le PIB, après la Seconde Guerre mondiale. Suite aux épisodes de financement bipartisan en temps de guerre, le ratio d’endettement a baissé avec régularité, passant du pic de 120% de la Seconde Guerre mondiale à un creux de seulement 31% au début des années 1980 (changement de paradigme monétaire post 1971 avec la fin des accords de Bretton Woods, puis libéralisation des taux d’intérêt et nouveau courant dominant sur les “sciences économiques”: le monétarisme).
En effet, ce n’est qu’après que Paul Volcker a reçu ses “directives” en 1987 par l’homme de l’argent facile au Trésor américain, James Baker, que cet équilibre de gouvernance contenant de la dette a finalement échoué. La cause de l’échec, bien sûr, a été le passage à “la monétisation” massive de la dette publique par la Fed après le départ prématuré de Volcker (ère de la financiarisation outrancière)…
https://www.oftwominds.com/photos2024/non-bank-assets10-24a.png
Il y a bien évidemment une ironie amère (un paradoxe) à cela, en effet, parce que Volcker était un conservateur fiscal, un homme d’argent sain et un adversaire acharné de la monétisation de la dette publique pour “la commodité” des politiciens au pouvoir. À présent, regardons l’impact futur du côté des salariés…
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Raymond – novembre 16, 2024 à 6:54 pm
(…) car si la part des salariés dans le revenu intérieur brut étasunien était restée à 51% au lieu de diminuer à 43% au cours de ces 52 années (période sous revue: 1970/2022), les salariés auraient reçu 149 000 milliards de dollars supplémentaires. OUI, c’est environ 3 000 milliards de dollars par an, ce qui équivaut à 22 000 dollars supplémentaires par an pour l’ensemble de la main-d’œuvre américaine (travailleurs à temps plein, à temps partiel, indépendants, travailleurs à la demande) de 163 millions de dollars.
https://www.oftwominds.com/photos2024/wages-share4-24a.png
Ainsi, il n’est pas étonnant que les salariés américains sentent que leur niveau de vie est en baisse depuis des décennies: il a chuté depuis des décennies, malgré toutes les acclamations sur la grande économie américaine ! (…)
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Raymond – février 9, 2025 à 7:28 pm
Avec la belliqueuse administration Trump – deuxième mandat – devons-nous qualifier l’année 2025 comme l’an zéro de l’infamie? Mais non voyons, surtout pas après avoir embrassé les “dix commandements” du consensus de Washington (John Williamson en 1989) 1: discipline budgétaire ; 2: réorientation des dépenses publiques ; 3: réforme fiscale ; 4: libéralisation financière ; 5: adoption d’un taux de change unique et compétitif ; 6: libéralisation des échanges commerciaux ; 7: élimination des obstacles à l’investissement direct étranger ; 8: privatisation des entreprises publiques ; 9: déréglementation de l’entrée sur le marché et de la concurrence ; et 10: sécurisation des droits de propriété.
2021 : “(…) L’explosion des inégalités aux Etats-Unis est particulièrement flagrante lorsque l’on regarde l’évolution du revenu de la population américaine depuis les années 1980 (…)”
“(…) l’explosion des inégalités aux Etats-Unis cause un “engorgement de l’épargne” . Le terme consacré, un “global saving glut” a été utilisé dans les années 2000 pour expliquer le déséquilibre financier américain.
C’était alors une façon (via un sophisme) de rendre l’économie chinoise responsable des excès du consommateur américain. “Celle-ci, incapable de recycler ses excédents commerciaux dans la consommation locale, se retrouvait forcée de les réinvestir aux Etats-Unis (…)”
“En fait, les trois économistes montrent que, depuis 1980, le principal financeur de l’endettement du gouvernement et de la population américaine n’a pas été la Chine, mais la fraction des 1 % américains les plus riches. Les deux tiers du patrimoine qu’ils ont accumulé depuis trente ans seraient venus financer indirectement cette dette. A contrario, la fraction des 90 % moins aisés a choisi de compenser le manque de progression de son revenu par un recours à l’endettement privé. Ainsi, au sein de la population américaine, les millionnaires financent la dette des plus pauvres (…)” [source ci-après]
https://www.tse-fr.eu/fr/inegalites-aux-etats-unis-un-ruissellement-lenvers
En Occident, l’an zéro de l’infamie serait en fait à dater vers 1971, ère de la dichotomie existentielle entre croissance du PIB via le processus de la financiarisation outrancière (mécanisme des crédits et de la création monétaire ex-nihilo) des moyens de production (par analogie l’enrichissement exponentiel des tenants du grand Capital avec ses divers artifices)…
https://www.tableau-entrees-sorties-mondial.fr/wp-content/uploads/2020/06/Capture1-53.png
…et la redistribution de la productivité (phénomène de l’argent/dette; respectivement, par effet de manche aux revenus du Travail = accroissement des inégalités; et par effet de levier induis par la dogmatique “Supply-Side Economics” = accroissement des endettements publics!)
https://i0.wp.com/michelsanti.fr/wp-content/uploads/2018/10/%C3%A9cart-productivit%C3%A9-salaires.png?resize=538%2C305&ssl=1
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https://www.visualcapitalist.com/wp-content/uploads/2025/01/US_Federal_Debt_Projections_2025_2035_SITE.jpg
À présent que le “monde” repose dans les mains de quelques oligarques fanatiques, mais démocratiquement élus aux États-Unis, cherchons l’erreur !
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Raymond – février 3, 2025 à 5:20 pm
Si les États unis d’Amérique demeurent une terre de contradictions, leur nouveau “Fermier du monde” n’échappe malheureusement pas à la règle, car s’il avait eu l’occasion de croiser Emmanuel Kant, celui-ci lui aurait sans doute rappelé ô combien “l’espace et le temps sont le cadre dans lequel l’esprit est contraint de construire son expérience de la réalité” (…) Dingue, puisqu’en effet, quatre-vingts ans après la Conférence de Bretton Woods qui réunissait les représentants de 44 nations à l’issue de la deuxième guerre mondiale – WW2 – ce devoir impératif de revoir le fondement de l’architecture monétaire et financière internationale, pour bâtir celle-ci sur une fondation solide et cohérente, n’est toujours pas acté en 2025 (même pire depuis l’effondrement des Accords de Bretton Woods et cette dérégulation conduite à marche forcée dès 1971). Bien qu’entre temps, quelques pays, à l’instar des BRICS (élargis) se soient prêtés à l’exercice de s’affranchir du “pouvoir Divin” du dollar américain. Lesquels sont aujourd’hui menacés d’une guerre commerciale sans concession (tarifs douaniers à 100%) en représaille à cette sécession à la monnaie de réserve mondiale (i.e Truth Social).
Une contraction de plus si l’on en juge que notre “Fermier du monde” (désormais chef de file du courant libertarien en faveur d’un capitalisme “sans foi ni loi” et “gardien de l’Intérêt de général et du bien commun au sens d’un Etat nation) a donné sa bénédiction aux “monnaies numériques décentralisées” menant (implicitement) ses créanciers à reconsidérer leurs investissements dans des actifs libellés en dollars, comme les emprunts souverains (respectivement la dette par analogie aux Bonds du Trésor). L’entre-lignes du message n’est-il pas celui consistant à dire: – le dollar US n’est plus une monnaie refuge ! ou encore: – nos “actifs imprimés” ne valent plus “reconnaissance de dette” ! en ce sens que nous ne pouvons plus, à l’avenir, vous garantir la valeur de ce papier du Trésor au même “coût d’opportunité”. En clair : – notre “capital confiance” est un mythe ! Donc, en suivant la logique associée à un crypto-actif décentralisé – dissocié d’un “tiers de confiance” (banque centrale) – il est alors aisé de comprendre (aussi) que la valeur (“monnaie numérique”) n’est plus assurée par un “cours légal” à l’instar d’une monnaie communément acceptée (c’est-à-dire que personne ne peut sur un territoire donné refuser de la recevoir en règlement d’une transaction libellée dans la même monnaie) étant entendu qu’elle est déterminée uniquement en fonction de l’offre et la demande (spéculation), c’est-à-dire selon “la loi du plus fort” (l’antithèse d’un Etat démocratique). Une contradiction qui montre à l’envi cette confrontation entre ceux qui veulent plus de Liberté devant l’Etat (exacerbant de surcroît le phénomène des dérégulations, mais qui agissent en souteneurs d’un Etat autoritaire) et ceux qui considèrent encore l’État démocratique comme un acteur important – un garde-fou – face aux excès de toute nature. Eh oui, l’histoire de notre banquier John Pierpont Morgan appartient bien à une autre époque, tandis que la nôtre s’exprime au travers de l’expression toujours cultissime du banquier Lloyd Blankfein (Goldman Sachs) – successeur de Henry Paulson parti au Trésor Américain – lorsqu’au plus fort de la “Grande Récession de 2008″ (post subprime) il estimait n’avoir été qu’”un banquier faisant le travail de Dieu”. Faut-il alors considérer que notre “Maître” – Fermier d’un nouveau monde – se drape aussi de cette formule ? “Au commencement était le Verbe”.
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From: “Raymond”
Sent: 06 April 2023 10:42
To: “XY”
Subject: Remerciements…
Bonjour mon très cher Ami XY,
Merci infiniment pour ton message amical (…)
Ton interview à l’International, très fouillée sur le déclin du dollar US, rejoint en tout point de vue ce que je pense également (…) Tu le sais bien ! Les erreurs répétées (…) ces dernières années – accompagnées de la courroie de transmission des différentes crises – n’ont fait qu’exacerber et renforcer le processus de cette dé-dollarisation entamé depuis trois lustres à l’échelle du globe. En raison du rôle de la prédominance du dollar US dans l’appétence internationale pour les “actifs sans risques” (bons du Trésor), le fait que cette monnaie de réserve (medium d’échange) perde de sa superbe à l’aune “des monnaies de réserve alternatives” (Central Bank Digital Currency – CBDC) induira un sérieux virage dans l’intérêt porté à l’égard de “la dette US négociable” sur les marchés. À de courtes périodes, cela se traduira probablement par des rendements plus élevés mais par analogie des niveaux plus inflatés du service de la dette. Ce changement forcera par effet de manche le gouvernement américain à réduire ses dépenses et ouvrira ainsi les portes à la stagflation US. Sous une forme ou une autre, la dé-dollarisation apparaît inévitable avec l’actuelle “guerre économique mondiale” (y.c énergétique/climatique) et les “monnaies numériques de banques centrales” marqueront de leur empreinte un nouveau Bretton Woods. Enfin!
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L’organisation du chaos? Récession planifiée et crash financier = Reset
PS: “XY” n’est pas notre hôte M.S.
Le chaos (organisé?) c’est peu dire !
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Raymond – octobre 20, 2024 à 10:52 pm
Dans l’ère du temps des “dettes odieuses” (double sens), tu vois bien, cher Michel, que ce n’était pas si compliqué de le dire ainsi, s’agissant précisément du “maître du monde” ! Évidemment que je salue et soutiens ton billet de la première à la dernière ligne, surtout au prisme de mes interventions de ces derniers mois/années (sur ton mur et ceux d’autres d’experts).
https://www.usdebtclock.org/
Ceci étant précisé, j’estime que ces prochaines décennies vont nous dévoiler le véritable visage des États-Unis vs l’Occident. Répudiation de tranches de dettes contractées en $ – “haircut” – et/ou des batailles juridiciaires avec de nouvelles doctrines à l’échelle globale sur le front des éventuelles “dettes odieuses”. Voilà qui promet un “supramonde” à notre “monde (actuel) d’après” déjà palpitant.
[(*) Selon la doctrine, pour qu’une dette soit odieuse, et donc nulle, elle doit remplir deux conditions :
1) Elle doit avoir été contractée contre les intérêts de la Nation, ou contre les intérêts du Peuple, ou contre les intérêts de l’État.
2) Les créanciers ne peuvent pas démontrer qu’ils ne pouvaient pas savoir que la dette avait été contractée contre les intérêts de la Nation.
Il faut souligner que selon la doctrine de la dette odieuse, la nature du régime ou du gouvernement qui la contracte n’est pas particulièrement importante, puisque ce qui compte, c’est l’utilisation qui est faite de cette dette. Si un gouvernement démocratique s’endette contre l’intérêt de la population, cette dette peut être qualifiée d’odieuse, si elle remplit également la deuxième condition. Par conséquent, contrairement à une version erronée de cette doctrine, la dette odieuse ne concerne pas seulement les régimes dictatoriaux.
Le père de la doctrine de la dette odieuse, Alexander Nahum Sack, dit clairement que les dettes odieuses peuvent être attribuées à un gouvernement régulier. Sack considère qu’une dette régulièrement contractée par un gouvernement régulier peut être considérée comme incontestablement odieuse… si les deux critères ci-dessus sont remplis.
Il ajoute : « Ces deux points établis, c’est aux créanciers que reviendrait la charge de prouver que les fonds produits par lesdits emprunts avaient été en fait utilisés non pour des besoins odieux, nuisibles à la population de tout ou partie de l’État, mais pour des besoins généraux ou spéciaux de cet État, qui n’offrent pas un caractère odieux ».
Sack a défini un gouvernement régulier comme suit : « On doit considérer comme gouvernement régulier le pouvoir suprême qui existe effectivement dans les limites d’un territoire déterminé. Que ce pouvoir soit monarchique (absolu ou limité) ou républicain ; qu’il procède de la « grâce de Dieu » ou de la « volonté du peuple » ; qu’il exprime la « volonté du peuple » ou non, du peuple entier ou seulement d’une partie de celui-ci ; qu’il ait été établi légalement ou non, etc., tout cela n’a pas d’importance pour le problème qui nous occupe. »
Donc, il n’y a pas de doute à avoir sur la position de Sack, tous les gouvernements réguliers, qu’ils soient despotiques ou démocratiques, sous différentes variantes, sont susceptibles de contracter des dettes odieuses.
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Combien d’années que je n’ai cessé de répéter qu’un jour venu les États-Unis – par l’entremise du $ – seront notre “ennemi de demain” ? (En fait depuis 2009). Bien que j’aurai souhaité me tromper cette fois-ci, pas comme en 2007 où l’avenir me donnera finalement raison (whistleblower) !
Raghuran Rajan * [universitaire et lanceur d’alerte] vs Stephen Miran [financier et fossoyeur de l’économie réelle] = 1 à 0
https://timesofindia.indiatimes.com/world/us/shock-and-awe-approach-raghuram-rajan-criticises-trump-administrations-economic-reasoning/articleshow/119068940.cms
Oui Stephen Miran, arrêtez de jouer les “Cyniques” car vos pions se sont toujours déplacés à découvert. Et votre passage au département du Trésor américain ne change rien à la donne, au contraire ! Où vont-ils se localiser les actifs de la planète en quête de “sécurité et de rendement – durant une crise économique et financière “systémique” comme ce fut le cas lors de la “Grande Récession” américaine de 2008? Alors même que l’on a ensuite pu constater ce goût immodéré pour les actifs dits “sans risque” – des créances libellées dans la monnaie de réserve mondiale, respectivement les bond$ du Trésor – avec un rendement quasiment nul. Mais juste pour s’assurer la protection du capital [confiance] de pompiers pyromanes. Autre paradoxe contradictoire avec votre sophisme à deux cents.
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RAYMOND – 30 avril 2018 à 12 h 56 min
Une nouvelle économie planifiée serait-elle au service d’une pseudo économie de marché ?
A l’aune de nos temps modernes où l’obscurantisme a évincé « les Lumières » et la « science économique » est devenue misère, où la pertinence de quelques lampistes avertis reste pourfendue par la diatribe « des Cyniques » dans une passe d’armes visant la mise à mort d’un changement de paradigme déjà mort-né, en juin 2018 ; comment ne pas se souvenir encore et encore du « Triomphe de la cupidité » de Joseph Stiglitz – ce prix Nobel d’économie – qui précisa en page P.47 de son ouvrage (traduction française de Freefall – America, Free Markets, and the Sinking of the World Economy paru en janvier 2010 aux États Unis) qu’«une réglementation laxiste sans argent bon marché n’aurait peut-être pas conduit à une bulle (réf. du subprime). Mais l’important c’est que l’argent bon marché avec un système bancaire bien géré ou bien réglementé aurait pu conduire à une expansion». Par analogie, comment ne pas revenir aussi sur le phénomène du « Moral Hazard » soulevé en P.231, lorsqu’il fait référence aux différents sauvetages publiques? « Ce renflouement et ses nombreux prédécesseurs des années 1980,1990 et des premières années 2000 ont envoyé un signal fort aux banques : n’ayez pas peur des prêts qui tournent mal, l’État ramassera les morceaux », avec comme une des conséquences un accroissement exponentiel des dettes publiques !
Alors même que la loi Sarbanes Oxley, dénommée « Public Company Accounting Reform and Investor Protection Act of 2002 » fut adoptée par le congrès américain en juillet 2002, c’est en faisant appel à l’expertise de Joseph Stiglitz, cette même année, et suite aux dénonciations de parlementaires républicains américains à l’instar des deux candidats à la présidentielle de 2008 – qui dénonçaient la politique des « Governement Sponsored Enterprises » consistant à cautionner sur demande des Démocrates les crédits immobiliers aux ménages insolvables (prêts N.I.N.J.A) et ceci malgré le danger de défaillance du système bancaire que cela représentait – que les deux organismes à caution publique Fannie Mae et Freddie Mac mandatent Joseph Stiglitz pour répondre à ces attaques. Ce dernier publiera un rapport qui conclura à leur quasi absence de risque de défaillance, affirmant qu’ils disposaient de suffisamment de capital.
Une conclusion qui, pourtant, n’anticipa ni les coups d’avance de l’ingénierie financière – encouragés par la mise à mort d’une partie essentielle des dispositions du « Glass-Steagall Act de 1933 », via son abrogation au travers du « Gramm-Leach-Bliley Act Financial Services Modernization Act de 1999 », loi américaine votée par le Congrès dominé par une majorité républicaine et promulguée par l’administration Clinton, dont le président démocrate ne jugea opportun à faire usage de son droit de veto – ni « l’exubérance irrationnelle » qui gagnait les acteurs de l’économie de marché et des marchés financiers qui furent – après le retournement de la bourse avec la chute de l’indice Nasdaq à plus de 70 % et l’indice S&P500 à plus de 50 % de mars 2000 à octobre 2002 – alimentés d’argent à bon marché grace à la courroie de transmission de la politique monétaire laxiste et conduite par celui que Wall Street nommait « le Maestro ». Alan Greenspan. Cet économiste des économistes fit donc chavirer le taux directeur de la Fed ancré à 6.5 % en 2000 jusqu’à 1 % le 25 juin 2003 ; mais comme tout ce qui descend fini par remonter et qu’un « hawk » se focalise sur la stabilité des prix, le resserrement monétaire vit le taux directeur de la Fed évoluer successivement de 1 % à 5.25 % le 29 juin 2006. Un certain corpus d’Elites a donc très bien saisi qu’avec la financiarisation de nos économies modernes, le capital à une vélocité de circulation inégalable à celle du travail, et qu’à lui seul, le capital est à même de s’accroître – par le truchement des bourses et/ou des mesures non conventionnelles des banques centrales – sans une juste mobilisation du facteur travail !
(*) Si toutes les recherches universitaires conduite depuis sa thèse doctorale de 1991 sur les dangers de la relation privilégiée des banques avec les entreprises trouvaient leur aboutissement au cours de ses fonctions d’économiste en chef du FMI, le rapport de Raghuram Rajan ne fut pas pour autant pris au sérieux en 2005 à Jackson Hole. Pourtant, l’avenir démontrera que Raghuram Rajan fut l’un des rares économistes à évoquer très tôt les risques de l’innovation financière, bien avant la crise financière qui a dévasté les États-Unis en 2007-2008, puis toute l’économie mondiale. Faut-il s’étonner encore, lorsque Raghuram Rajan, dans son ouvrage « Fault Lines » paru en 2010, au chapitre « Let Therm Eat Credit », précise et développe que les facilités de crédit ont toujours été utilisées – comme une « réponse politique » – par des gouvernements incapables de faire face aux plus profondes inquiétudes de la classe moyenne ? Que l’histoire des inégalités croissantes – de revenus – demeure un phénomène accélérateur des crises selon sa thèse également partagée par Paul Krugman et Robert Reich ? Ou sur la réflexion poursuivie par les deux économistes du FMI, Michael Kumhof et Romain Rancière (2011) qui ont fournit de nouveaux éléments empiriques ?
Nos « Cyniques » savent-ils seulemement que si la BCE tente d’imposer aux banques de nouvelles règles plus sévères pour les « nouvelles créances douteuses », en parallèle, ce superviseur du secteur bancaire, dans la zone euro (BCE), envisage de renoncer à des exigences en capital supplémentaires des banques européennes destinées à mieux couvrir leurs stocks de « non performing loans ». Des créances douteuses estimées à 900 milliards d’euros !
Nos « Cyniques » – à l’ère de la finance prédatrice et globalisée – savent-ils que quatre banques françaises d’importance (pour ne prendre qu’elles) souffrent actuellement de fonds propres amenant un effet de levier moyen de 25,53 (de 21,92 pour le Crédit Agricole à 31,41 pour la Société Générale), ce qui signifie qu’elles ont 25,53 euros d’engagements pour 1 euro de cash, de liquidité. Une perte sèche de seulement 1/25e de leur bilan, soit 4%, consommerait tous leurs fonds propres et les mettrait techniquement en faillite. L’effet de levier de Lehman Brothers, au moment de sa chute, le 15 septembre 2008, était du même ordre (31). Pour les banques américaines, aujourd’hui, l’effet de levier s’établit à moins de la moitié (11,63), ce qui s’avère nettement moins imprudent, même si le risque systémique demeure évidemment.
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RAYMOND – 2 mai 2018 à 17 h 46 min
De nos jours, peut-on encore et raisonnablement parler de capitalisme ?
« Impossible d’imaginer que le capitalisme va poursuivre son chemin. J’annonce sa mort prochaine […] dans une quarantaine d’années ». C’est en ces termes que le chercheur, historien, sociologue et économiste à l’Université de Yale – Immanuel Maurice Wallerstein – avançait il y a quelques années qu’aucun système historique n’est éternel et que « le cycle d’essor passé, on se dirige indubitablement vers la régression ». Rendall Collins, professeur de sociologie à l’Université de Pennsylvanie, comme tant d’autres aujourd’hui, remet en cause la théorie de la « destruction-créatrice » de Schumpeter qui, après avoir traversé le sursis du XIXe siècle, s’évaporera au prisme de l’informatisation, de la digitalisation et de l’intelligence artificielle, tout en prophétisant une grande et profonde mutation – cette fois – du modèle capitaliste vers la moitié du XXIe siècle. Cette machine à créer une accumulation de capital et des inégalités croissantes sur l’établi d’une injustice sociale grandissante, c’est-à-dire le modèle du capitalisme de prédation tel que nous le connaissons actuellement, Craig Calhoun, sociologue et directeur de la prestigieuse London School of Economics and Political Science, perçoit sa disparition par destruction environnementale interposée, étant entendu que les ressources sont limitées alors que le capitalisme repose sur le principe même de l’expansion perpétuelle : « L’accumulation du capital dépend des matières premières, des moyens de subsistance de la population et de la capacité de celle-ci à supporter les coûts de dégradation de l’environnement qui échappent au marché et pèsent sur la société ».
Si le capitalisme a opéré sa mue en plusieurs temps, on peut raisonnablement s’interroger – aujourd’hui – si son étymologie ne mérite pas d’être classée au registre de la novlangue.
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Oui, évidemment, les arguments de Stephen Miran (conseiller économique de Trump) sont vaudevillesques !
Février 2018 – lors du premier mandat de Trump
[Au début de ce mois, Janet Yellen a dû laisser le fauteuil à Jérôme Powell en tant que président de la Réserve fédérale (Fed) – la banque centrale états-unienne. Donald Trump avait décidé, en novembre 2017, de remplacer une “colombe” par un “faucon” en ce qui concerne leur attitude en matière de réglementation financière (bien davantage qu’au sujet de la conduite de la politique monétaire américaine).
Ce changement majeur à la tête de la plus importante banque centrale au monde (au vu du rôle joué par le dollar états-unien dans l’économie globale) doit faire réfléchir toutes les personnes qui sont lésées par les choix de politique monétaire. Les réflexions les plus importantes sont au nombre de deux.
D’une part, en nommant Powell à la présidence de la Fed, Trump a indiqué qu’il est possible de donner le levier monétaire à quelqu’un qui n’a jamais fait d’études en sciences économiques. Powell, en effet, a une formation de juriste, qui lui a permis de travailler dans le secteur financier pour une trentaine d’années au niveau managérial. Ce n’est donc pas l’expérience dans le secteur financier qui lui manque, mais plutôt la connaissance approfondie de l’analyse et de l’histoire de la pensée économique. Il est vrai que les décisions de politique monétaire de la Fed sont prises par un comité formé par onze autres personnes, en plus du président de la banque centrale américaine. Il reste, toutefois, que l’influence (du moins informelle) de son président a un certain impact sur les discussions et les choix de politique monétaire aux États-Unis – donc indirectement dans le reste du monde, considérant le rôle du dollar états-unien.
D’autre part, la nomination de Powell montre (une fois de plus) l’ampleur du pouvoir politique des institutions financières. Il n’est pas difficile de comprendre que les décisions de politique monétaire, aux États-Unis comme ailleurs, ont un impact considérable sur la répartition du revenu et de la richesse dans l’ensemble du système économique. Par exemple, la réduction des taux d’intérêt décidée à plusieurs reprises par les principales banques centrales durant les dix dernières années a induit une plus forte concentration du revenu et de la richesse aux mains de la classe supérieure, au détriment de la croissance économique et de la cohésion sociale.
Pour les institutions financières états-uniennes, qui s’intéressent de manière prépondérante (si pas exclusivement) aux riches, il sera désormais plus facile d’engranger des profits, si Powell (comme cela apparaît fort vraisemblable) utilise tout son pouvoir afin d’édulcorer les réglementations qui ont été défendues avec acharnement par Janet Yellen sous la présidence de Barack Obama, afin d’éviter la prochaine crise financière d’ordre systémique.
Il conviendra de rappeler que les choix de politique monétaire sont plus un art que le résultat d’une analyse scientifique rigoureuse et approfondie. Ce ne sera pas certainement Powell à pouvoir convaincre du contraire] dixit S.R. et professeur des Universités en “sciences économiques”; chercheur (PhD) et titulaire d’une Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire. Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.
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RAYMOND – 1 juin 2018 à 12 h 16 min
01 juin 2018 : Un futur Oscar risque bien d’être décerné à Jérôme Powell pour son rôle de « spin-doctor » dans « bullshit artist » ! La nomination de Powell montre (une fois de plus) l’ampleur du pouvoir politique des institutions financières.
Dix ans après le début de la crise financière, la Fed (Réserve fédérale) a proposé, mercredi 30 mai 2018 d’assouplir l’une des principales règles qui avaient été adoptées pour empêcher les banques de prendre des risques boursiers trop importants. La Banque centrale américaine veut s’attaquer à la règle Volcker, qui interdit aux banques de détails de faire des paris boursiers pour leur compte avec l’argent des déposants. La nouvelle mouture du texte viendrait « simplifier » la mesure pour la rendre « plus efficace », d’après Jérôme Powell, le nouveau président de la Fed, nommé à ce poste le 5 février 2018 par Donald Trump.
https://www.wsj.com/articles/fed-floats-changes-to-volcker-rule-on-big-bank-trading-restrictions-1527705603
La règle Volcker partait d’un bon sentiment : éviter que les contribuables ne paient pour les risques inconsidérés des banquiers. Avant 2008, les banques pouvaient utiliser l’argent de leurs clients – et qui était garanti par l’État – pour boursicoter à leur guise et faire des profits. En cas de perte, l’État intervenait pour rembourser les déposants. C’est ainsi que, durant la crise, les banques ont réussi aux États-Unis (et sur le Vieux Continent) à faire éponger une partie de leur dette par les contribuables.
Mais l’interdiction édictée par la règle Volcker n’est toutefois pas absolue. Les banques peuvent toujours avoir recours à l’argent des clients, s’il est utilisé à leurs profits ou pour couvrir un pari risqué fait avec les fonds propres de l’établissement. D’où le problème : ces exceptions peuvent entraîner des audits et contrôles à répétition pour établir si les opérations boursières sont faites dans le respect de la règle Volcker. Les banques ont utilisé le prétexte du casse-tête des tracasseries administratives pour contester le bien-fondé de cette mesure. Ainsi, la règle Volcker, érigée en symbole de l’effort de la réforme bancaire d’Obama de 2010 pour protéger les contribuables contre les excès de la finance, n’est entrée en vigueur qu’en 2015 après d’intenses tractations pour en définir précisément le champ d’application. La règle Volcker 2.0, voulue par la Fed, limiterait les contrôles auxquels sont soumises les banques. Ces dernières auraient aussi moins de preuves à fournir pour établir la légitimité d’une opération boursière. C’est donc un assouplissement en bonne et due forme des règles de régulation bancaire qui est proposé par la Fed. Ce n’est pas le premier. Le Congrès a voté, le 22 mai 2018 une annulation partielle de la réforme bancaire 2010. Cette autre victoire pour Wall Street prévoit qu’il n’y aura plus désormais qu’une dizaine de très grandes banques qui seront soumises à l’intégralité des contrôles établis après la crise financière de 2010.
https://www.nytimes.com/2018/05/22/business/congress-passes-dodd-frank-rollback-for-smaller-banks.html
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Les cinq toiles du Destin des Empires (Thomas Cole) – L’État sauvage – L’État pastoral – L’Apogée – La Destruction – La Désolation.
Boum !!! Encore un missile contre le Vénézuela pour de faux prétextes. Faut arrêter les substances illicites Monsieur le tyran !
24 mars 2025
https://truthsocial.com/@realDonaldTrump/posts/114217914259825110
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Raymond – juillet 30, 2024 à 6:19 pm
(…) Une hégémonie comprenant également le système des pétrodollars ! (…) Dès lors, le dollar américain jouera un double rôle de monnaie nationale et internationale, un paradoxe et un dilemme comme l’avait du reste mis en garde l’économiste américano-belge, Robert Triffin, lorsqu’il portait un regard critique et avisé à l’égard de ce système dans son ouvrage “Gold and the Dollar Crisis. The Future of Convertibility” (1960). Selon les critères clairvoyants de Robert Triffin (à très juste titre) “une monnaie nationale ne peut servir durablement de monnaie internationale à moins d’accepter un système monétaire et financier instable et inefficient”.
La forme contemporaine du dilemme a traduit cette incompatibilité entre la gestion des finances publiques américaines (mais pas que et loin s’en faut); la dette publique américaine et le déficit budgétaire en pourcent du PIB – et la demande extérieure excessive de titres américains, respectivement de “bons du Trésor” (titre obligataire souverain). Ainsi, via cette hégémonie et celle du système des pétrodollars, les Etats-Unis continuent de profiter du rôle international du dollar pour fournir “au reste du monde, notamment aux investisseurs publics (banques centrales) et aux banques commerciales “une dette” (un titre obligataire valant comme une reconnaissance de dette) liquide “sûre et sans risque”. Et, ce, dans le but de financer leur déficit public et continuer à s’endetter sur le dos des autres (…) Enfin, si l’ancienne Libye de Kadhafi et l’ancien Irak de Saddam Hussein se sont cassés les dents sur les “pétrodollars” – que le Vénézuela qui était le 4ème pays le plus riche du monde dans les années 1950 paie son addiction à l’empire américain ces dernières décennies, les États-Unis pourront toujours trouver des prétextes pour de nouveaux ennemis (de nouvelles guerres) n’est-ce pas? (…)
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https://michelsanti.fr/venezuela/venezuela-une-contextualisation
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RAYMOND – 02 octobre 2022 – 0 h 00
“(…) La guerre mondiale d”‘Hégémon”? Comme l’on s’en doute, la Réserve fédérale américaine (Fed) procédera à une autre hausse des taux d’intérêt pour prioriser la maîtrise de “son inflation” et cela pourrait encore augmenter la valeur du dollar américain par rapport aux autres devises, qui est à son plus haut niveau depuis 20 ans. Poussé par les hausses de taux agressives de la Fed, le dollar américain est considéré comme “connaissant une reprise unique en une génération”. Néamoins, pour de nombreux pays dans le monde, cela pourrait être le début d’un autre cauchemar !!! (…) Si la raison directe est d’atténuer l’inflation aux États-Unis, pour autant, si les gens creusent la cause profonde, c’est une conséquence inévitable de l’impression illimitée des États-Unis pour maintenir temporairement la “prospérité”. Un dollar américain super musclé et la chute d’autres devises atténueront, dans une certaine mesure, l’inflation torride de l’économie américaine, mais le monde devra en payer le prix, ce que l’on nomme souvent dans le jargon: “quand les États-Unis sont malades, le monde doit prendre la pilule” ! Trente-six devises dans le monde ont déjà perdu au moins un dixième de leur valeur cette année, la roupie sri-lankaise et le peso argentin ayant même chuté de plus de 20 % depuis que le dollar s’est renforcé. Cela a non seulement aggravé les économies déjà faibles de l’Europe et du Japon, mais a également forcé un grand nombre de pays en développement à avaler les pilules amères de la récession économique causée par l’inflation importée. En fait, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont utilisé à plusieurs reprises l’hégémonie du dollar pour mener à bien des “pillages financiers” ou des “crises d’exportation” contre d’autres pays (c-à-d la “militarisation du $).
Comme le dit une expression très populaire chez nous, en Occident: “les États-Unis jouissent sans larmes des privilèges exorbitants créés par le dollar et le déficit”, et ont utilisé le billet papier sans valeur pour piller les ressources et les usines des autres nations (…) Chaque tour d’appréciation du dollar au cours des dernières décennies a été accompagné de très mauvais souvenirs : la crise de la dette latino-américaine a éclaté au premier tour ; en Asie, le Japon a souffert des “deux décennies perdues” au cours du second tour tandis que la crise financière asiatique a eu lieu pendant le troisième (…) Le dollar renforcé, maintes et maintes fois, “coupe le monde comme une lame tranchante” nous diraient les Chinois (…) Aujourd’hui, le dollar est à nouveau le problème du monde, car la crédibilité du dollar américain en tant que monnaie mondiale est continuellement épuisée par la politique américaine du “chacun pour soi” (…)
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Qui connaît en Occident le volume précis des réserves [de change] fantômes (“shadow reserves”) de la Chine ? Personne. En conséquence, l’Impérialisme étasunien ne devrait pas sous-estimer l’Empire du milieu et l'”Art de la guerre” de Sun Tzu qui se réplique également à la géopolitique de l’économie.