2007-2025: que d’occasions manquées

Attention : âmes velléitaires s’abstenir ! La Réserve fédérale US a annoncé la semaine dernière qu’elle achètera désormais mensuellement pour 40 milliards de dollars de bons du Trésor américains de courte durée, les Treasury bills. Oui, la banque centrale la plus importante au monde se lance à nouveau dans le Quantitative Easing (QE), en bon français, et pour ceux qui seraient sceptiques, dans la création monétaire.
Ces injections de liquidités dans le système financier sont une réponse énergique à certaines problématiques structurelles du marché de la dette US, car le gouvernement du pays se refinance de plus en plus sur le court terme. Ces douze derniers mois, la Trésorerie américaine a effectivement émis plus de 25 000 milliards de dette sur le très court terme. C’est-à-dire que l’exécutif américain opte délibérément pour financer son train de vie en empruntant sur une période d’une année, voire moins.
Les bons à court terme (T-Bills) représentent aujourd’hui 70 % de la totalité des emprunts de l’État fédéral, en hausse de près de 28 % en dix ans. C’est un véritable choix stratégique opéré par les autorités US, qui financent des obligations à long terme comme les frais de santé, la défense, la Sécurité sociale, à l’aide de crédits sur 90 jours, sur six mois ou sur un an.
Noyée dans le communiqué qui annonçait la semaine passée la baisse de 25 points de base de son taux d’intérêt directeur, cette reprise de la création monétaire injectera (au minimum) 240 milliards de dollars (en 6 mois) qui iront directement et sans équivoque dans le budget des États-Unis d’Amérique. Les effets collatéraux mécaniques de ces vagues de liquidités seront de baisser le coût de l’emprunt, d’encourager les investissements et de faire prospérer la confiance.
Affligeante est la comparaison entre la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne, et accablante pour cette dernière. Celle-ci demeure engluée dans une posture légaliste, frileuse, défensive, marginalisant l’Europe, quand la Fed utilise sans complexe toute la palette de ses instruments pour soutenir son économie. L’abdication stratégique de la BCE creuse irrémédiablement l’écart transatlantique.
Quand l’Europe subit une fragmentation financière persistante, une contraction du crédit, une fuite des capitaux, sans réponse monétaire proportionnée, la Fed assume pleinement un rôle activiste, quasi hégémonique, dans le pilotage macroéconomique de l’économie dont elle a la charge. La BCE moralise, pendant que la Fed agit.
Nos dirigeants européens et nationaux veulent ignorer qu’une banque centrale moderne est incontestablement un acteur politique au sens noble, en fait un stabilisateur systémique. L’économie européenne restera structurellement sous-financée, vulnérable aux chocs externes, condamnée à une croissance inférieure à son potentiel tant que la BCE ne sera pas en mesure d’endosser un rôle activiste comparable à celui de la Fed. Ce choix institutionnel, toujours en vigueur dans l’Union, est un renoncement.
Aussi, une incompréhension profonde des responsables politiques européens du rôle réel et du fonctionnement de la banque centrale. Leur ignorance crasse conduit à la paralysie stratégique. La mission de la banque centrale est intégrée culturellement et politiquement aux États-Unis. En Europe, elle éveille la suspicion.
Les Américains comprennent que la banque centrale est un pilier du financement de l’État et de l’économie réelle. Ils acceptent sans faux-semblants que la Fed soutienne le marché de la dette et crée des vagues de liquidité lorsque le système l’exige. Quand notre déficit de culture économique au sommet de l’État, en France et en Europe, nous condamne à rater tous les trains, et nous voue à la médiocrité éternelle.
DERNIERE ANALYSE DE L’ANNEE 2025
Chers lecteurs,
Ce blog est le vôtre : je le tiens assidument avec régularité et passion. Des milliers d’articles et d’analyses sont à votre disposition, dont les premiers remontent à 1993 !
Mes prises de position macro économiques furent autrefois qualifiées d’hétérodoxes. Elles sont aujourd’hui communément admises et reconnues. Quoiqu’il en soit, elles ont toujours été sincères.
Comme vous l’imaginez, vous qui découvrez ce site ou vous qui me lisez depuis des années, l’énergie déployée et le temps consacré à mes recherches sont substantiels. Ce travail continuera à rester bénévole, accessible à toutes et à tous.
Je mets à votre disposition cette plateforme de paiement, et vous encourage à me soutenir par des dons, ponctuels ou récurrents.
Que celles et ceux qui jugent bon de soutenir ma démarche en soient chaleureusement remerciés.
Emprunter à court terme pour honorer des prêts à long terme, c’est la fin annoncée, à court terme également.
Où est passée votre sagesse, Michel ?
Passez de bonnes fêtes de fin d’année.
Imprimer de la fausse monnaie aurait comme effets collatéraux mécaniques “de baisser le coût de l’emprunt, d’encourager les investissements et de faire prospérer la confiance” ? Je peine à comprendre comment la répression des épargnants peut être qualifiée de succès, notant au passage que la valeur d’un dollar contre un Franc suisse est passée depuis 2000 de 1,70 à 0,79 CHF. Si dissoudre la valeur d’une monnaie nationale par sa banque centrale faisait prospérer la confiance, alors celle-ci devrait avoir atteint des sommets au Zimbabwe ou en Argentine, ce qui ne me semble pas être le cas.
A Jean-Frédéric Rebord et à Pascal Baudry: si nous en sommes à ce stade, ne blâmons pas les Banques Centrales, mais seulement et uniquement le capitalisme de ce XXIème siècle, les défauts de régulation, les inégalités sauvages, les politiciens dévoyés.
Sans les BC, pas d’huile dans les rouages, et les moins favorisés seraient déchus pour de bon.
Des injections monétaires qu’il faudra rembourser un jour, ou pas, par les pauvres également.
Bonnes fêtes, Michel.
…de façon indolore, dans l’augmentation des prix, et ce sont les plus pauvres qui souffrent le plus de l’inflation.
Bonjour Pascal BAUDRY,
Sauf votre respect, des pauvres et des classes moyennes qui se noient toujours aux clivages gauche/droite/centre ainsi qu’aux nombreux mantras de la politique politicienne.
Les mêmes qui devraient chercher à faire bouger/changer les structures au lieu de perdre leur temps à élire des hypothétiques représentants du peuple [i.e Public Choice] qui votent des lois à la place de ce dernier. La démocratie? Cette combinaison du “dêmos” et du “krátos” est une fable dès l’instant où le peuple perd sa souveraineté en la concédant à des “voyageurs de commerce” subjugués par leurs intérêts personnels: les représentants du peuple. Autant de bornés aux inombrables théories économiques dominantes et autres “idées zombies” pour chaînes. Les mêmes qui appréhendent encore la mutation du capitalisme du XXIème siècle – et les choix publics – avec des lunettes du XXème siècle.
Rappelez-vous qu’en 2008, lors de la “Grande Récession”, consterné, l’économiste Paul Krugman constatait ô combien “les inégalités de revenus aux États-Unis sont redevenues aussi extrêmes qu’en 1920; les électeurs ayant pourtant voté en majorité – jusqu’en 2006 au moins – pour des candidats cultivant cette évolution”, dira-t-il. Ça laisse songeur, surtout à une époque où le capital financier a éludé le capital productif et que l’extrême concentration des richesses serait presque communément admise comme une récompense à la “méritocratie”. Un paradoxe!
Bien à vous
La monétisation via le mal par le mal et où la triche [système de cavalerie bancaire] appelle aussi à la triche afin de continuer à rester dans le jeu de dés pipés !
En son temps, l’économiste Patrick Artus avait bien résumé l’élément extra-ordinaire de la monétisation : “Une dette publique est monétisée quand elle est achetée par la Banque Centrale, qui paye en créant de la monnaie. Il faut comprendre que cette opération ne change ni l’épargne, ni la richesse. Elle remplace seulement, dans la richesse des agents économiques privés [ménages, entreprises, intermédiaires financiers] la dette publique par la monnaie. Cette politique est donc efficace SEULEMENT SI la détention de monnaie conduit à des comportements différents de ceux qui résultent de la détention d’obligations. Détenir davantage de monnaie peut PEUT-ÊTRE pousser les ménages à consommer davantage, pousser les banques à distribuer davantage de crédit. C’est la condition de l’efficacité des politiques de Quantitative Easing des Banques Centrales.
Pour les partisans de la Théorie Monétaire Moderne [Modern Monetary Theory, MMT] la monétisation des dettes publiques permet d’éviter l’éviction de la dépense privée. Selon la Théorie Monétaire Moderne, l’État ramène l’économie au plein emploi en mettant en place le déficit public qui est nécessaire, quel que soit sa taille, et la Banque Centrale monétise les dettes publiques correspondantes pour éviter la hausse des taux d’intérêt à long terme qui réduirait l’investissement des entreprises et la dépense des ménages”.
Cependant, l’on peut ajouter que l’Euroland a deux spécificités que n’ont pas les États-Unis d’Amérique, à savoir que le mandat de la Fed est dual dans la conduite de la politique monétaire à contrario de la BCE. Et que si les États-Unis d’Amérique jouissent du Zone Monétaire Optimale selon les critères définis par l’économiste canadien, Robert Mundell, il en va tout autre de l’Union européenne [Union économique et monétaire] plombée par ses membres aux économies asymétriques. Une chape de plomb qui aurait dû déjà interpeller et amener à de sérieuses réformes dès la crise des dettes souveraines en 2009/2010, alors que la nébuleuse BCE était encore pilotée par cet idéologue dogmatique, le Français Jean-Claude Trichet. Les États-Unis perçoivent à présent la monétisation [la “fusion” Fed/Tresor] comme:
1. Un outil visant à rasséréner un marché financier et de la dette totalement exubérant?
2. Une arme comme l’est par ailleurs la militarisation du US Dollar?
3. Un accroîssement de son bilan en prévision de lendemains qui n’ont plus rien d’enchanteurs?
Eh bien mon avis coche conjointement: 1; 2 & 3.
Bonjour cher Michel,
Tu poses le constat suivant: “si nous en sommes à ce stade, ne blâmons pas les Banques Centrales, mais seulement et uniquement le capitalisme de ce XXIème siècle, les défauts de régulation, les inégalités sauvages, les politiciens dévoyés. Sans les BC, pas d’huile dans les rouages, et les moins favorisés seraient déchus pour de bon”.
Certes, effectivement, pour l’essentiel je rejoins absolument ce constat. Cependant, nous sommes plusieurs à ne pas exonérer aussi facilement les responsabilités des banques centrales. Plutôt leur capacité d’adaptation [mutation] aux nuisances que tu soulignes et qu’elles entretiennent. Bien évidemment que les choix publics [politiques] sont plus à blâmer que les seuls leviers des politiques monétaires non conventionnelles. Quant “aux moins favorisés qui seraient déchus pour de bons”, la disruption économique induite par l’Intelligence Artificielle se chargera du déclassement lapidaire [contrairement à la destruction-créatrice Shumpétérienne 1.0] n’en déplaise à la vision utopique des professeurs Aghion et Howitt. L’Humanité ne se résume pas à des théories fondées sur les seules formules mathématiques alambiquées.
https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/09538259.2022.2114290#abstract
Bien à toi.
Pour le “fun”, je poste ici mon intervention du 24 janvier 2023 à 19h06 publié sur un autre blog d’expert:
****
“Voyage dans le temps et l’espace”
Saison 2023 (15) : Nos banquiers centraux sont-ils des invétérés menteurs à l’instar des arracheurs de dents?
À écouter “Big Jay”, le boss de la Fed, les États-Unis ne seraient pas encore tombés en récession. Mieux encore, selon l’appréhension de Jérôme (Jay) Powell, car il aurait de bonne chance à réussir un “atterrissage en douceur” (soft landing) pour le pays. Ben voyons!
“Big Jay” doit-il revoir sa copie ou réviser ses cours d’histoire alors que le marché se ré-arme avant de prendre du plomb dans l’aile? Ça se pourrait bien. Tout d’abord, selon ma perception, les États-Unis sont déjà en récession et les chiffres édulcorés du BLS étasunien n’y changeront rien. Ensuite, arrêtons-nous un instant sur l’origine du terme de “soft landing”, lequel reste au premier plan du jargon de Wall Street pendant le mandat (1987-2006) de l’ancien président de la Fed, Alan Greenspan. Le “Maestro”, comme le surnommait le monétariste et fondateur de l’École de Chicago, Milton Friedman, a été largement reconnu par “le milieu” pour avoir conçu un “atterrissage en douceur” en 1994-1995. Par contre, ses “lieutenants” ont toujours eu une fâcheuse tendance à l’amnésie, celle de la crise du marché obligataire de 1994, par exemple – ou “Great Bond Massacre” – qui a été une chute soudaine des prix du marché obligataire dans le monde développé. Cela a commencé au Japon et s’est propagé aux États-Unis, puis dans le monde. La préparation de l’événement a commencé après la récession de 1991, alors que la Fed avait abaissé les taux d’intérêt à des niveaux historiquement bas. En 1994, une hausse des taux et la propagation relativement rapide de la volatilité des marchés obligataires à travers les frontières ont entraîné une vente massive d’obligations et de fonds de dette alors que les rendements dépassaient les attentes. La chute des prix des obligations a été déclenchée par la décision de la Réserve fédérale d’augmenter les taux pour contrer les pressions inflationnistes. Le résultat a été une perte globale d’environ 1,5 billion de dollars en valeur et a été l’un des pires événements financiers pour les investisseurs obligataires depuis 1927.
Tout comme les “monétaristes intégristes” ont également effacé de leur matière grise “l’exubérance irrationnelle” qui gagnait les acteurs de l’économie de marché et des marchés financiers qui furent – après le retournement de la bourse avec la chute de l’indice Nasdaq à plus de 70 % et l’indice S&P500 à plus de 50 % de mars 2000 à octobre 2002 – alimentés d’argent à bon marché “grâce” à la courroie de transmission de la politique monétaire laxiste et conduite par Alan Greenspan. Cet économiste des économistes fit donc chavirer le taux directeur de la Fed ancré à 6.5 % en 2000 jusqu’à 1 % le 25 juin 2003, mais comme tout ce qui descend fini par remonter et qu’un “hawk” se focalise sur la stabilité des prix, le resserrement monétaire vit le taux directeur de la Fed évoluer successivement de 1 % à 5.25 % le 29 juin 2006; et Greenspan refila son calibre à son successeur (Bernanke) avant de quitter le bateau. Le feu aux poudres ayant été allumé, la crise du subprime US ne fut qu’une suite logique, tandis que les cadavres s’allongeaient en masse, post 2008, et les “sans-dents” s’alignaient en une longue queue en attendant la soupe populaire, (Food Stamp Program ou SNAP). Pour la forme, rappelons-nous tout de même que depuis que la banque centrale américaine est devenue active à la fin des années 1970, sous la direction de Paul Volcker, la Réserve fédérale (Fed) est devenue responsable de cycles répétés d’expansion et de récession sur les marchés financiers et l’économie. Cependant, durant trois cycles, il n’y a eu que trois périodes au cours desquelles la Réserve fédérale a relevé ses taux et réalisé un “atterrissage en douceur” sur le plan économique. Une maigre consolation?
Mais la réalité était que ces périodes n’étaient pas des événements sans douleur pour les marchés financiers et leurs “sujets”. D’ailleurs, pour se référer à un exemple, suffit-il de remonter à l’année 1984, avec la faillite de la Continental Illinois National Bank and Trust Company, la plus importante de l’histoire des États-Unis à l’époque, et son sauvetage ultérieur, ont donné naissance au terme “too big to fail”. La banque basée à Chicago était la septième plus grande banque des États-Unis et la plus grande du Midwest, avec environ 40 milliards de dollars d’actifs. Sa faillite a soulevé d’importantes questions quant à savoir si les grandes banques devraient bénéficier d’un traitement différencié en cas de faillite. La banque a pris des mesures pour stabiliser son bilan en 1982 et 1983. Mais en 1984, la banque a annoncé que ses prêts improductifs avaient soudainement augmenté de 400 millions de dollars, pour atteindre un total de 2,3 milliards de dollars. Le 10 mai 1984, des rumeurs d’insolvabilité de la banque ont déclenché une énorme ruée de ses déposants (bank run). Certes, de nombreux facteurs ont précédé la crise, mais lorsque la Fed a relevé les taux, la hausse des coûts d’emprunt et du service des intérêts a entraîné des défauts de paiement et, finalement, la faillite de la banque. Bon, en même temps, lorsque le “Big boss” parle, le monde autour de lui écoute attentivement, sauf que moi-même, mauvais élève du système par définition (whistleblower en 2007), croyez le ou non, j’en ai déjà fait les frais sans toutefois me réveiller au fond de la “Chicago River” avec des semelles de ciment, comme on pouvait le voir du temps où le “South Side de Capone” et le “North Side de Moran” se faisaient de violentes impolitesses.
Pour la petite histoire autour de “Big Jay”, le 01 juin 2018, j’y avais consacré une intervention, laquelle portait sur la révision de la règle Volker et le rôle de Jérôme (Jay) Powell. En effet, dix ans après le début de la crise financière de 2008, la Fed (Réserve fédérale) a proposé – le mercredi 30 mai 2018 – d’assouplir l’une des principales règles qui avaient été adoptées pour empêcher les banques de prendre des risques boursiers trop importants. “La Banque centrale américaine veut s’attaquer à la règle Volcker, qui interdit aux banques de détails de faire des paris boursiers pour leur compte avec l’argent des déposants”. La nouvelle mouture du texte viendrait “simplifier” la mesure pour la rendre “plus efficace”, d’après Jérôme (Jay) Powell, le nouveau président de la Fed, nommé à ce poste le 5 février 2018 par Donald Trump. La règle Volcker partait d’un bon sentiment : “éviter que les contribuables ne paient pour les risques inconsidérés des banquiers”. Avant 2008, les banques pouvaient utiliser l’argent de leurs clients – et qui était garanti par l’État – pour boursicoter à leur guise et faire des profits. En cas de perte, l’État intervenait pour rembourser les déposants. C’est ainsi que, durant la crise, les banques ont réussi aux États-Unis (et sur le Vieux Continent) à faire éponger une partie de leur dette par les contribuables.
Mais l’interdiction édictée par la règle Volcker n’est toutefois pas absolue. Les banques peuvent toujours avoir recours à l’argent des clients, s’il est utilisé à leurs profits ou pour couvrir un pari risqué fait avec les fonds propres de l’établissement. D’où le problème : ces exceptions peuvent entraîner des audits et contrôles à répétition pour établir si les opérations boursières sont faites dans le respect de la règle Volcker. Les banques ont utilisé le prétexte du casse-tête des tracasseries administratives pour contester le bien-fondé de cette mesure. Ainsi, la règle Volcker, érigée en symbole de l’effort de la réforme bancaire d’Obama de 2010 pour protéger les contribuables contre les excès de la finance, n’est entrée en vigueur qu’en 2015, après d’intenses tractations pour en définir précisément le champ d’application. La règle Volcker 2.0, voulue par la Fed, “limiterait les contrôles auxquels sont soumises les banques. Ces dernières auraient aussi moins de preuves à fournir pour établir la légitimité d’une opération boursière”. C’est donc un assouplissement en bonne et due forme des règles de régulation bancaire qui est proposé par la Fed dirigée par “Big Jay”. Ce n’est pas le premier. Le Congrès a voté, le 22 mai 2018, une annulation partielle de la réforme bancaire 2010. Cette autre victoire pour Wall Street prévoit qu’il n’y aura plus désormais qu’une dizaine de très grandes banques qui seront soumises à l’intégralité des contrôles établis après la crise financière de 2010.
Moralité: Quand un banquier central se montre irrationnellement optimiste, comme le serait un arracheur de dents, il faut s’en méfier
****