Il serait très imprudent de faire comme si rien ne se déroulait

Il serait très imprudent de faire comme si rien ne se déroulait sur le front des rendements des obligations étatiques à travers le monde !
Le 30 ans au Japon est à 3.37%, un record historique pour ce pays…et juste une mise en garde limpide sur ce qui attend tous les pays Occidentaux qui laissent aller leurs niveaux d’endettement.
Le graphique ci-dessous est éloquent : les rendements sur les dettes publiques de nations majeures à travers le monde atteindra prochainement un point de non-retour.

Conséquence? Un tarissement progressif de la liquidité mondiale et des Etats qui devront payer plus cher pour s’endetter.
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1. Cette remarque “des pays Occidentaux qui laissent aller leurs niveaux d’endettement” est ô combien intéressante si elle se positionne en parallèle des taux de croissance [économique] de ces mêmes économies réelles – durant ces deux dernières décennies – par exemple.
C’est également intéressant, de mon point de vue, au prisme de la règle d’or de l’économiste français, Maurice Allais. Lequel postula que “pour maximiser la consommation, le taux d’intérêt de long terme doit être égal au taux de croissance économique”. Et sur ce point encore, parmi tant d’autres, nos économies réelles sont à côté de la plaque, d’autant plus à l’aune de ce schéma de Ponzi monétaire devenu totalement hors de contrôle. Avec sa théorie, Allais opposait “le taux d’intérêt à court terme, dépendant de la politique monétaire du taux d’équilibre de long terme, qui doit égaliser l’épargne et l’investissement et être égal à la productivité marginale du capital”. Ajoutant que “l’économie peut être bloquée si le taux d’intérêt d’équilibre est négatif”. On se souvient également que pour Maurice Allais, l”inégalité des revenus est le prix qu’il faut payer pour assurer l’efficacité de l’économie”; ben voyons !!! Lui qui ne se préoccupait guère de corriger les inégalités de revenu, par ailleurs. Ces prises de positions dogmatiques iront à l’encontre, aussi, de la taxation de l’héritage car, selon lui, “le talent est héréditaire”. Ben voyons !!!
2. Amusant, car dans “le Meilleur des mondes” de Maurice Allais, il se voyait également réfractaire à l’impôt progressif. Et pour l’anecdote, on peut juste souligner qu’à la fin de l’année 2024, il aurait vu la dette publique mondiale atteindre 103 000 milliards de dollars, soit plus du double de son niveau de 2010 [i.e Voronoi], tandis que la richesse mondiale totale de la catégorie des seuls ultra-fortunés [plus de 30 millions de dollars] s’élevait à 90 500 milliards de dollars à fin 2024 [i.e Capgemini]. Une richesse mondiale poursuivant une trajectoire ascendante et concentrée – à l’image de la capture des pouvoirs par une infime minorité – et comme corollaire un accroissement du fardeau des dettes publiques – reporté sur un océan de serfs confronté au déclin du concept démocratique – pour de si piètres résultats.
Après l’effondrement de la bourse japonaise le 05 août 2024, beaucoup semblent n’avoir encore mesurés – au plan macroéconomique – les incidences du “carry trade” au prisme du schéma de Ponzi monétaire et de la bulle de l’intelligence Artificielle. Ou tout simplement oubliés les travaux des économistes Hyman Minsky et Robert Shiller.
Les uns [Fed et BCE] penchent pour un assouplissement monétaire, tandis que l’autre [BOJ] s’efforce à normaliser sa politique monétaire [resserrement monétaire consécutif à l’envolée de l’inflation]. La politique budgétaire du Japon est par ailleurs expansionniste à contrario de l’Union européenne en pleine orthodoxie budgétaire, tandis que la politique budgétaire trumpienne reste alourdie par d’importantes réductions d’impôts [“crony-capitalism effect”] qui ont fait grimper le déficit budgétaire.
Cette dichotomie macroéconomique intervient dans un contexte où la devise nipponne reste sous-évaluée [que la confiance en la devise américaine est érodée] et que cet environnement macroéconomique a accru l’attractivité des obligations souveraines du Japon face aux rendements des obligations d’État américaines. Dès lors, on comprend que le “spread” des taux d’intérêt des obligations japonaises et américaines pourrait favoriser un dénouement des opérations de portage japonaises et le rapatriement de capitaux vers le Japon par les institutions financières japonaises.
En effet, la dernière chose dont le gouvernement américain a besoin, c’est que l’un de ses principaux créanciers vende ses obligations, car cela pourrait contribuer à une hausse des rendements des obligations d’État américaines, ce qui pourrait – par effet de manche – déclencher l’éclatement de la bulle de l’Intelligence Artificielle. Et avec elle, induire un événement systémique.