Venezuela: une contextualisation
En 1989, le Vénézuéla avait le même PIB/habitant que la Corée du Sud. Il est 8 fois plus faible aujourd’hui.

Nous desservions autrefois Caracas en Concorde. Cet immense pays avait un grand avenir : pétrole, tourisme ,agriculture…
En 1980 les U.S.A avaient le même PIB/habitant que la France. Il est 2X supérieur aujourd’hui.

Les chiffres ne veulent rien dire sans contexte géopolitique!
Chers lecteurs,
Ce blog est le vôtre : je le tiens assidument avec régularité et passion. Des milliers d’articles et d’analyses sont à votre disposition, dont les premiers remontent à 1993 !
Mes prises de position macro économiques furent autrefois qualifiées d’hétérodoxes. Elles sont aujourd’hui communément admises et reconnues. Quoiqu’il en soit, elles ont toujours été sincères.
Comme vous l’imaginez, vous qui découvrez ce site ou vous qui me lisez depuis des années, l’énergie déployée et le temps consacré à mes recherches sont substantiels. Ce travail continuera à rester bénévole, accessible à toutes et à tous.
Je mets à votre disposition cette plateforme de paiement, et vous encourage à me soutenir par des dons, ponctuels ou récurrents.
Que celles et ceux qui jugent bon de soutenir ma démarche en soient chaleureusement remerciés.
“Les chiffres ne veulent rien dire sans contexte géopolitique!”. Parfaitement d’accord avec toi, cher Michel.
Le maître-mot (maux!) n’est-il pas l’ingérence, lorsqu’on se souvient déjà de
John Adams (1735-1826), deuxième président des États-Unis, qui l’avait compris très tôt lorsqu’il affirmait péremptoirement les deux façons d’asservir une nation: “l’une par l’épée et l’autre par la dette”. L’ingérence dans l’ordre monétaire mondial en concédant au dollar américain son rôle de monnaie de réserve mondiale, alors que le secrétaire d’État américain, John Connally, faisait remarquer à juste titre en 1971 (fin des accords de Bretton Woods) aux représentants des autres pays membres du G-10: “le dollar est notre monnaie mais votre problème”. Une hégémonie comprenant également le système des pétrodollars ! Il n’avait donc pas tord dès l’instant où les taux de change, plutôt que d’être fixés en fonction de la valeur du dollar américain (taux de change fixe), le furent désormais par l’offre et la demande de chaque devise sur les marchés (taux de change flottant); alors que la France, de son côté, entrepris en 1973 de modifier les statuts de sa banque centrale nationale (la Banque de France), notamment par l’article 25. S’en suivra alors en Occident un autre mouvement, celui de la libéralisation des taux d’intérêt où les États passeront définitivement d’un mode de financement de leurs déficits par la planche à billets (l’émission de monnaie) à un financement sur les marchés financiers spéculatifs globalisés (par l’émission d’obligations). Dès lors, le dollar américain jouera un double rôle de monnaie nationale et internationale, un paradoxe et un dilemme comme l’avait du reste mis en garde l’économiste américano-belge, Robert Triffin, lorsqu’il portait un regard critique et avisé à l’égard de ce système dans son ouvrage “Gold and the Dollar Crisis. The Future of Convertibility” (1960). Selon les critères clairvoyants de Robert Triffin (à très juste titre) “une monnaie nationale ne peut servir durablement de monnaie internationale à moins d’accepter un système monétaire et financier instable et inefficient”.
La forme contemporaine du dilemme a traduit cette incompatibilité entre la gestion des finances publiques américaines (mais pas que et loin s’en faut); la dette publique américaine et le déficit budgétaire en pourcent du PIB – et la demande extérieure excessive de titres américains, respectivement de “bons du Trésor” (titre obligataire souverain). Ainsi, via cette hégémonie (et celle du système des pétrodollars) les Etats-Unis continuent de profiter du rôle international du dollar pour fournir “au reste du monde, notamment aux investisseurs publics (banques centrales) et aux banques commerciales “une dette” (un titre obligataire valant comme une reconnaissance de dette) liquide “sûre et sans risque”. Et, ce, dans le but de financer leur déficit public et continuer à s’endetter sur le dos des autres. Tandis que l’Europe reste prisonnière de sa construction bancale qu’est l’euro, étant donné que l’Union Monétaire n’est en aucune manière une zone monétaire optimale (selon les critères définis par l’économiste canadien R. Mundell) à contrario des États-Unis. Deux fois les dés pipés en main !!!
Une ingérence pour “la paix dans le monde”, pour la “démocratie”, ou comme au temps des colons et de la Conquête de l’Ouest où il fallait éradiquer à tous prix “les sauvages” (selon la perception des colons du Nouveau Monde) ; puis ensuite “domestiquer” ce qu’il restait de ces premières nations ? Enfin, si l’ancienne Libye de Kadhafi et l’ancien Irak de Saddam Hussein se sont cassés les dents sur les “pétrodollars” – que le Vénézuela qui était le 4ème pays le plus riche du monde dans les années 1950, paie son addiction à l’empire américain ces dernières décennies, les États-Unis pourront toujours trouver des prétextes pour de nouveaux ennemis (de nouvelles guerres) n’est-ce pas? Beaucoup semblent avoir déjà oublié qu’en 2009 (alors que l’Occident était laminé consécutivement à une crise financière sans précédent depuis celle de 1929/30, apparue encore une fois aux États-Unis) le gouverneur de la Banque populaire de Chine, M Zhou Xiaochuan, était revenu à la charge contre l’”hégémonie du dollar américain” dans le cadre d’une conférence intitulée “Reform the international Monetary System”. Pour un nouvel ordre monétaire mondial ! Dans la même veine, l’on était également en droit de s’interroger (rationnellement parlant) sur les motivations intrinsèques de l’ex-président (pro-russe) de l’Ukraine, Viktor Ianoukovytch, de suspendre l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne en 2014 – choisissant plutôt d’établir des liens plus étroits avec la Russie et l’Union économique eurasiatique – avant sa destitution controversée lors de la révolution de Maïdan (avec comme première conséquence la guerre du Donbass, l’annexion de la Crimée, puis les sanctions contre la Russie). Que penser alors de l’année 2018 où l’administration Trump déclara “une guerre commerciale” à l’encontre la Chine? Même année 2018 (avant la deuxième phase de la guerre en Ukraine en 2022) où Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping avaient réaffirmé leur volonté de se passer du dollar américain dans le cadre de leurs échanges commerciaux? Sans compter que l’Arabie saoudite, en mars 2022, envisagea d’accepter le yuan pour ses exportations de pétrole. Quant au 15e sommet des BRICS à Johannesbourg en 2023, après avoir déjà intégré de nouveaux membres depuis l’origine de ce groupement, au premier janvier 2024, il peut désormais compter encore sur l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Enfin, si beaucoup ne voient toujours pas les signes d’un changement de paradigme mondial opéré depuis quelques lustres (nouvel ordre monétaire, économique et sociétal), j’espère au moins que l’UE – comme économie avancée mais profondément dysfonctionnelle et asservie – va réformer au plus vite ses institutions (commission européenne et BCE) avant le déclinisme totale. Mais peut-être que je me trompe totalement !
Bien à toi
Navré, mais j’ai failli oublier ce complément et non des moindres, étant donné qu’au sein de l’Union Européenne, les médias “mainstream” en ont peu fait état. Beaucoup ignorent-ils sans doute cet appel signé par de nombreux enseignants–chercheurs en sciences économiques publié dans le Financial Times du 17 février 2023…
https://economicconditionsforpeace.wordpress.com/les-conditions-economiques-pour-la-paix/
En effet, les facteurs ayant fait éclater la guerre (Russo-Ukrainienne) le 24 février 2022 se trouvent avant tout dans le domaine économique.