Exercer la violence sur les autres pour atteindre des objectifs nobles

Les nouveaux libertariens au pouvoir aux États-Unis nagent dans leurs contradictions. Pendant qu’ils plaident à tue-tête pour une libéralisation débridée sur tous les plans, ils mettent en place méthodiquement des technologies de surveillance qui leur permettront de concrétiser leur agenda impérialiste. Néanmoins, cette exacerbation du patriotisme américain, ces rengaines glorifiant et portant aux nues la puissance retrouvée (ou à recouvrer) de leur pays, seront inéluctablement génératrices de violences. De fait, ce qu’il est de bon ton d’appeler les «Big Tech» développent des technologies de pointe et d’une rare sophistication grâce à l’IA et dans un but militaire. Le constat, aujourd’hui, est sans appel car l’innovation de ces fleurons de la tech américaine se met au service de la politique étrangère des États-Unis.
Voilà Microsoft qui remporte de nombreux contrats de défense, notamment pour le développement du système intégré de réalité augmentée (Integrated Visual Augmentation System) destiné à l’armée américaine. Programme d’un montant de 22 milliards de dollars qui vise à améliorer la «conscience situationnelle» des troupes grâce à la réalité augmentée.
Meta, pour sa part, vient de faire son entrée dans ce domaine en mettant son grand modèle de langage Llama à disposition de ses clients du secteur militaire.
Google apporte sa contribution à la technologie militaire par son projet Maven qui utilise l’IA dans l’analyse des images des drones à des fins de surveillance et de ciblage.
Fournisseur majeur de services «cloud» pour le département de la Défense et pour la CIA, d’ores et déjà considérablement intégrée dans les opérations de défense, Amazon se démarque par son grand activisme dans le développement d’outils IA pour l’optimisation logistique et l’analyse du champ de bataille.
Quant aux systèmes de satellites Starlink de SpaceX, ils sont tout bonnement devenus indispensables aux opérations militaires américaines. L’entreprise d’Elon Musk développe également une constellation de satellites espions sur mesure pour les agences de renseignement américaines, consacrant ainsi son rôle dans la sécurité nationale américaine.
Moins grand public peut-être, mais tout aussi précieuse pour les autorités américaines : l’entreprise Anduril, fondée par Palmer Luckey, qui s’est d’abord fait connaître grâce à ses tours de surveillance détectant les migrants. Et qui, depuis, s’est diversifiée en développant des drones autonomes, des missiles, des robots et d’autres technologies dédiées à la défense américaine.
Pour autant, aucun de ces fleurons de la tech ne symbolise ce qu’il faut désormais qualifier d’«enthousiasme techno-militaire américain» mieux que Palantir de Peter Thiel, qui fut une des premières à bénéficier de financements précoces de la branche capital-risque de la CIA.
Eh bien, oui ! Même une institution comme la CIA dispose à présent d’un pool à même de financer de jeunes pousses qui lui seront en retour utiles.
Ainsi, Gotham, développé par Palantir, est indispensable aux agences de renseignement, aux forces de sécurité et à d’autres entités gouvernementales dans l’intégration, l’analyse et la visualisation de quantités impressionnantes de données émanant de sources diverses et variées, telles que surveillance, rapports de renseignement, informations géospatiales, données d’interceptions. Gotham synthétise une vue d’ensemble de situations complexes en croisant toutes ces données, et autorise le personnel dans sa prise de décision en termes de lutte contre le terrorisme ou de missions militaires. Palantir met également à disposition du Pentagone son programme Foundry pour la gestion logistique et des chaînes d’approvisionnement, qui ont secondé l’Ukraine contre la Russie et Israël dans le ciblage des combattants du Hamas à Gaza.
Bienvenue, en somme, dans le radieux avenir techno-militaire des États-Unis d’Amérique !
Permettez-moi de citer Palmer Luckey, entrepreneur américain, fondateur d’Anduril Industries célèbre pour ses systèmes de surveillance et de détection utilisant l’intelligence artificielle: «Les sociétés ont toujours eu besoin de guerriers enthousiastes et passionnés par l’idée d’exercer la violence sur les autres pour atteindre des objectifs nobles».
Qu’il semble loin ce temps où, pour son discours d’adieu en janvier 1961, le président Eisenhower mettait en garde contre le «complexe militaro-industriel». Soixante-quatre ans plus tard, Joe Biden évoque une oligarchie d’un type nouveau : «techno-industrielle».
Le nouveau président américain affirme souvent être un homme de paix. En attendant, il est cerné de tous côtés d’entreprises à qui la guerre — et à qui un maximum de guerres — rapporteront un maximum d’argent, et plus de puissance.
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“Qui sème le vent finira par récolter la tempête”, d’où l’élaboration d’un “Dôme de fer” aux États-Unis…
https://www.whitehouse.gov/presidential-actions/2025/01/prioritizing-military-excellence-and-readiness/
… et la formule choisie – “après moi le déluge” – pour leurs alliés. Quel progrès !
“The Event”: quelle raisonnance !
Dans son livre “Survival of the richest, escape fantasies of the billionaires”, la survie des plus riches, les fantasmes d’évasion des milliardaires de la tech, le théoricien des médias Douglas Rushkoff raconte comment cinq milliardaires ont organisé une rencontre avec lui, en plein désert, pour récolter son avis sur les bunkers et la meilleure manière de survivre à la fin du monde. Le chercheur relate qu’ils utilisent le terme “The Event” : “L’évènement. C’était leur euphémisme pour désigner l’effondrement environnemental, les troubles sociaux, l’explosion nucléaire, la tempête solaire, un virus imparable ou un piratage informatique malveillant qui détruit tout”. Et résume ainsi : “Les milliardaires de la tech achètent des bunkers luxueux et engagent des agents de sécurité militaire pour survivre à un effondrement sociétal qu’ils ont contribué à créer”…
https://www.novethic.fr/economie-et-social/droits-humains/des-bunkers-ultra-luxueux-la-lubie-des-ultra-riches-pour-echapper-a-leffondrement
Comment peut-on prétendre donner son avis en demandant de le financer, expliquez-vous…?
Bonjour, je ne comprends pas votre question. Merci de reformuler.
Alors que les États-Unis ont généré 131 milliards de dollars de croissance du Produit Intérieur Brut au quatrième trimestre 2024, avec pour résultat une augmentation de 711 milliards de dollars du déficit budgétaire, qui à son tour a été financé par une augmentation de 754 milliards de dollars de la dette fédérale qui, au 31 décembre 2024, s’élevait à un record de 36,218 billions de dollars, autant dire – sans aucune surprise – que la “croissance américaine”, comme de coutume, est encore une fois une illusion géante (schéma de Ponzi) puisqu’elle reste redevable à la frénésie massive de création de dette.
https://www.bea.gov/sites/default/files/2025-01/gdp4q24-adv.pdf
Une opération (une “cavalerie”?) facile à exercer dès lors qu’une puissance (impérialisme) économique et financière jouit du privilège exorbitant que lui concède le pouvoir militarisé d’une monnaie afin de créer un “supramonde”, de surcroît un medium d’échange ayant une valeur hégémonique au plan mondial (qui sont les détenteurs des Bonds du Trésor US et qui financent par effet de manche les déficits US à l’échelle du globe ?) – même si avec ce secret de polichinelle…
https://internationalman.com/wp-content/uploads/2025/01/word-image-63588-2-1.png
…il aura encore fallu 5,8 dollars de dette pour créer 1 dollar de croissance américaine au T4 2024 et 3,9 dollars de dette pour générer 1 dollar de croissance sur l’ensemble de cette année, soit une augmentation en $ par rapport aux 3,6/1 en 2023. À cet égard, les criminels que furent Charles Ponzi et Bernie Madoff n’étaient que des “saints” ! Autant dire tout de suite que les velléités de l’administration Trump, via des droits de douane prohibitifs sanctionnant ses “partenaires” et alliés sur l’échiquier géopolitique (taxés à 25%) et leurs adversaires économiques et géopolitiques – à minima 10% à l’instar de la Chine, par exemple, sans ajouter à l’équation les contre-mesures de moult embargos et autres sanctions appliqués aux pays récalcitrants aux visions américaines, ou dits “ennemis” de l’Occident, respectivement de l”‘Oncle Sam”, suite aux multiples ingérences américaines historiques avec ses nombreux effets délétères sur la planète, ainsi que son rôle potentiellement opaque exercé à l’aube de la révolution Ukrainienne de Maïdan (2013/2014) visant à déjouer (hypothèse) le projet d’une “Route de la soie” eurasiatique…
https://economicconditionsforpeace.wordpress.com/les-conditions-economiques-pour-la-paix/
…tandis que “la Chine, d’autres pays de l’Est, et dans une certaine mesure la Russie, se montraient déjà des pays créanciers du reste du monde – apparaissent déjà, du côté de l’économie américaine, au mieux comme un jeu à somme nulle ou un dilemme du prisonnier en moins favorable (krach financier et récession économique sévère). Mais le pire pourrait être à venir pour les officionados de la dette US (les détenteurs extra-muros des emprunts souverains américains) avec les conséquences systémiques d’une répudiation de ces derniers [post(s)], car un système de “cavalerie” (processus financier où de nouveaux emprunts servent sans cesse à rembourser les emprunts antérieurs) n’est jamais pérenne dans le temps et de l’espace…
https://michelsanti.fr/elections-us/la-dette-grande-absente-de-la-campagne-electorale-americaine
Quant à vouloir embarquer le nouveau groupement BRICS sur la pente glissante des droits de douane à 100% (en vue d’une guerre monétaire à destruction massive à défaut d’une alternative rationnelle) dans la perspective de préserver “hegemon” d’un côté, et de l’autre faire la part belle à des crypto-actifs privés (qui n’ont rien de comparable à une “monnaie fiduciaire” communément admise – un medium d’échange basé sur la confiance – ni une “monnaie numérique de banque centrale”, respectivement “Central Bank Digital Currency”, bien que l’on peut rester extrêmement critique – à raison et pour cause – à l’égard du rôle joué par la “monnaie scripturale” dans la création monétaire ex-nihilo), en effet, la schizophrénie semble être à son comble avec cette nouvelle administration à matrice libertarienne (un paradoxe). Reste à savoir jusqu’à quel point la résilience de toutes les parties prenantes – “amies” et “ennemies” – des États-Unis va tenir le cap avant de se retourner (accumulation des peines). Voir à précipiter le monde dans une troisième guerre, mais par les armes cette fois-ci !!!