Inspirante Amérique

Inspirante Amérique

mai 10, 2021 19 Par Michel Santi

 

Le succès est total. La solidarité exemplaire. La détermination sans faille. Hormis le succès phénoménal de la campagne de vaccination aux USA : j’ai été moi-même vacciné en mars dernier bien avant que ma tranche d’âge ne soit appelée et à peine plus de deux jours après mon inscription sur les listes. Le Gouvernement des Etats-Unis a réussi un autre tour de force car ses citoyens se sortent de la crise de la Covid – financièrement – en meilleure posture que préalablement au déclenchement de la pandémie. Si sensible à la protection sociale, l’Europe semble – elle – avoir perdu un peu de son âme à la faveur de cette crise pour s’être fait dépassée par une nation n’ayant traditionnellement pas cette fibre. Au final, elle s’en sort décrédibilisée – cette Europe – et ce d’autant qu’elle ne peut intégralement attribuer ce vertigineux élan américain au seul Démocrate Biden (et à son plan de sauvetage pharaonique à 1’900 milliards) car même Trump le honni ne fut pas en reste avec ses deux plans adoptés vers la fin de son mandat.

Des études de la Brookings ont démontré que l’économie du pays n’aurait pu se rétablir avant fin 2023 en l’absence de cette succession de stimuli, quand les statistiques économiques indiquent que les fondamentaux sont revenus en mai 2021 à leurs niveaux de début 2020. Les américains ont donc appris des erreurs du passé. De ce passé proche, puisque tout le monde se souvient des très prudents plans de relance d’Obama en 2008 entièrement responsables d’une reprise qui fut timide et inégale. De fait, les autorités américaines sont encore allées plus loin dans le cadre de la crise de la Covid car, si elles ont bien-sûr dépensé beaucoup plus, elles ont également dépensé bien mieux. L’accent a en effet été particulièrement mis (jusque-là sous Biden et à la fin du mandat Trump) sur des aides substantielles en direction des familles, tandis que la quasi-totalité des aides précédentes le furent en faveur des entreprises et des contribuables les plus fortunés . C’est donc une révision drastique de doctrine qui fut entreprise à l’occasion de la crise sanitaire car – de fait – les Etats-Unis d’Amérique ont désormais officiellement renoncé à la politique de l’offre tout en jetant aux oubliettes le mythe du ruissellement.

Une famille typique aura ainsi à ce jour reçu trois chèques : 1’200 $ par adulte au printemps 2020, 600 en décembre de la même année et 1’400 en mars 2021 ! L’impact sur la consommation, sur le moral des ménages, mais également par ricochet sur l’investissement des entreprises, est massif car l’addition de ces sommes données sans condition aux citoyens américains fut l’équivalent de près de 11’000 $ pour une famille de quatre en l’espace d’une année. Un tel soutien direct aux citoyens par la courroie de transmission d’envois de chèques change la donne. Il est sans précédent dans l’Histoire mondiale car favorise ouvertement les individus et leur permet de compenser les pertes de revenus dues à la crise sanitaire, sans fioritures, sans nul tracas administratif. «Populiste», accuseraient certains esprits chagrins – ou plutôt jaloux – stigmatisant le passage outre les corps intermédiaires qui n’auraient fait que ralentir le processus, voire diminuer les montants octroyés.

C’est une révolution copernicienne initiée aux Etats-Unis qui se déroule néanmoins sous nos yeux. Elle force d’autant plus l’admiration que c’est surtout l’Europe – dont le PIB moyen se sera contracté de 6.7% en 2020 – qui avait besoin de telles mesures énergiques, en tout cas bien plus que les USA qui n’auront perdu que 3.5 points de PIB sur la même période. La frilosité et la bureaucratie européennes n’ont donc accouché de rien de concluant, alors que l’économie dont ils ont le contrôle a régressé deux fois plus que celle des USA. La générosité américaine, quant à elle, aura permis à ses citoyens – y compris et surtout les moins bien lotis – de traverser sereinement cette crise, qui fut donc un véritable révélateur des carences de notre continent encore et toujours velléitaire.