
L’autre conséquence majeure du coronavirus !
Le Covid-19 a précipité une ruée vers le cash, à tout le moins dès que les peurs commencèrent à saisir nos sociétés occidentales. Intuitivement, c’est pourtant le contraire que l’on aurait pu imaginer. N’y eut-il en effet pas des craintes – totalement justifiées – que la maladie pouvait être transmise par certains objets ? Tout comme des mises en garde de la part de nombre de gouvernements adressées aux populations les exhortant à privilégier les paiements électroniques ? Certains commerces ne refusaient-ils pas purement et simplement les espèces durant le confinement ?
Ruée sur le cash
Pourtant, ayant à leur disposition des données désormais complètes sur l’activité durant cette période, deux économistes, Ashworth et Goodhart, ont conclu que certains pays européens et d’Amérique du Nord avaient au contraire connu une flambée de l’utilisation du cash à la faveur de la pandémie. Ils ont ainsi démontré que la demande annualisée d’espèces avait augmenté de plus de 12% aux Etats-Unis, dépassant la ruée provoquée par les mouvements de panique à l’occasion de la grande crie financière de 2008 ! L’Union Européenne ne fut pas en reste car connut elle aussi un regain substantiel de la demande de cash qui augmenta mensuellement de l’ordre de 2 à 3% sur mars, avril et mai 2020, à des niveaux environ 3 fois supérieurs à ceux de la crise financière et de la crise des dettes souveraines. La coupure de 200 euros jouit à elle seule d’une escalade de sa demande de 30% durant cette période, alors qu’elle ne représente que 7% des billets en circulation.
L’héritage du Covid-19
Ma conviction, pourtant, est que cette crise sanitaire verra la consécration du tout électronique et du tout digital en matière de paiements, bien loin des réflexes primaires (mais tout à fait compréhensibles) observés au moment du confinement qui fut aussi le climax en termes d’angoisses et d’incertitudes. Selon moi, l’héritage majeur, direct et inévitable du Covid-19 sera l’abandon de l’analogique. Le confinement, la distanciation sociale, la peur de la contamination sont effectivement autant de facteurs lourds en passe de révolutionner notre manière d’utiliser, de rassembler et de compiler l’information. Le téléphone portable, qui existe certes depuis de nombreuses années, devient désormais la source principale d’informations à disposition des pouvoirs publics qui peuvent ainsi suivre en temps réel la progression du virus. Dans le même ordre d’idées, il va de soi que nos téléphones ne se contenteront pas seulement de traquer la maladie, mais également nos habitudes de consommation par l’analyse de nos transactions, de nos règlements électroniques et en ligne.
Une véritable intelligence économique
Les champs d’application sont dès lors titanesques, et les opportunités offertes aux études économiques quantitatives et qualitatives, comme à l’intelligence artificielle, par le traitement de ces données autoriseront d’affiner notoirement les politiques publiques. C’est tout simplement un changement paradigmatique qui surviendra dans les mois à venir, qui était certes prévisible, mais définitivement propulsé sur le devant de la scène par notre manière de faire face au Covid-19. Considérons seulement les bonnes vieilles statistiques de consommation, de confiance économique ou de l’inflation qui ont jusque-là conditionné les réponses des banques centrales et les budgets des Etats, mais qui sont en réalité des indicateurs peu fiables car caducs au moment où ils sont publiés. Et imaginons un contexte macroéconomique fait de données en temps réel constituant dès lors une véritable intelligence économique, éclipsant par leur qualité des publications périodiques traditionnelles de statistiques ne faisant que confirmer ce que les analystes savaient ou pressentaient déjà, et déclenchant des réactions et des batteries de mesures forcément en décalage avec une conjoncture n’étant plus la même depuis la compilation de ces informations…
Loin du digital, vers le qualitatif
Mais allons encore plus loin dans les applications offertes par cet abandon de l’analogique et par cette adhésion au sens le plus large à l’électronique et au digital, car c’est la mesure même de l’indicateur critique de l’inflation qui est amené à changer de nature pour être modelé sur nos comportements individuels. En effet, pourquoi définir les indices de l’inflation sur des critères figés, comme par exemple le panier de la ménagère, quand nous avons tous des habitudes de consommation différents voire divergents ? Pourquoi ne puis-je pas moi-même définir mon indice personnel de l’inflation en fonction d’usages qui me sont propres ? On le constate, nos gouvernants, nos institutions, les comités et autres commissions au plus haut niveau chargés de les conseiller ne sont plus en mesure d’apporter des réponses adaptées car ils se basent sur des données «réchauffées», et car ils ne peuvent tout simplement pas se mouvoir en phase avec les consommateurs.
Glissement à maîtriser
La haute technologie, l’intelligence artificielle et les algorithmes sont donc appelés à devenir les champions de la prévision et de l’analyse économique. La vie quotidienne des banques centrales et des Ministères des Finances consistera désormais, quant à elle, essentiellement à traiter de la data. La disparition de l’analogique n’ira évidemment pas sans un glissement substantiel des rapports de force.
Bonjour mon cher Michel,
Que l’inflation reste considérée comme un indicateur avancé, et de taille, est indiscutable mais encore aurait-il fallu que sa notion même n’eût été l’objet de convoitise (interprétation sans consensus) dans une guerre des chapelles idéologiques qui fait rage depuis des décennies. Bien des économistes orthodoxes, politiciens et journalistes continuent toujours à se demander comment se fait-il que le taux d’inflation n’ait pas encore véritablement pris l’ascenseur, au vu de l’augmentation exorbitante de la masse monétaire suite aux politiques ultra-expansives que les principales banques centrales au monde ont mises en oeuvre après l’éclatement de la crise financière globale en 2008. Pourtant, la réponse à cette question est facile à trouver si l’on abandonne la pensée économique dominante (mainstream) pour comprendre ce qu’est vraiment l’inflation et pourquoi sa prétendue mesure sur le marché des produits reste proche d’un pour cent malgré l’énorme liquidité que les banques centrales ont créée durant cette décennie.
L’inflation n’est pas l’augmentation des prix à la consommation. En réalité, l’inflation est la perte du pouvoir d’achat de la monnaie, suite à l’augmentation de la masse monétaire au-delà de l’augmentation de la production mise en vente sur le marché des biens et services. Le niveau des prix sur ce marché pourrait ne pas augmenter malgré l’inflation, si la masse monétaire excédentaire n’est pas dépensée pour l’achat de biens et services. L’indice des prix à la consommation pourrait même diminuer en cas d’inflation, suite au progrès technique qui permet aux entreprises de réduire leurs prix de vente de manière telle à ne pas réduire leur marge bénéficiaire. L’inflation, dans un cas pareil, empêche les prix de vente de baisser de manière proportionnelle à la réduction des coûts de production. En fait, l’indice des prix à la consommation ne mesure pas l’inflation mais la variation de ces prix durant une période donnée, habituellement sur base annuelle. Les prix à la consommation peuvent varier pour d’autres raisons que la perte du pouvoir d’achat de la monnaie (entendez l’inflation): si l’Etat augmente la taxe sur la valeur ajoutée ou si les entreprises augmentent leurs prix de vente car elles ont une position dominante sur le marché, l’indice des prix à la consommation augmente sans qu’il y ait de l’inflation. Vice-versa, si la masse monétaire augmente de manière excessive par rapport au produit vendu sur le marché des biens et des services, il y a de l’inflation même si elle n’apparaît dans aucune statistique sur les prix à la consommation.
La réalité montre tout de même une certaine évidence empirique qui devrait faire comprendre qu’il existe une forte inflation sur les marchés financiers, depuis que les banques centrales ont décidé d’intervenir afin de soutenir les banques qui, individuellement ou dans leur ensemble, étaient ou sont encore trop grandes pour faire faillite. L’énorme liquidité que les banques continuent de recevoir par leur banque centrale est dépensée pour l’achat d’actifs financiers dont les prix ont augmenté bien au-delà de ce qui pourrait être expliqué par rapport à l’évolution de l’économie réelle, tandis que les prix à la consommation n’augmentent pas car les salaires stagnent, voire baissent en termes réels, pour une partie importante de la classe moyenne.
En conséquence, étoffer la boîte à outils du dentiste “orthodoxe” ne pourra le rendre efficient si son diagnostic demeure erroné ou trop enraciné à la pensée dominante de ses pairs.
A Raymond. Au moins un point point n’est pas clair. Vous dîtes “L’inflation n’est pas l’augmentation des prix à la consommation. En réalité, l’inflation est la perte du pouvoir d’achat de la monnaie, suite à l’augmentation de la masse monétaire au-delà de l’augmentation de la production mise en vente sur le marché des biens et services.”
Il y a contre-vérité et vérité, donc contre-sens et sens. L’inflation n’est pas l’augmentation… (contre-vérité) et l’inflation est la perte du pouvoir d’achat…, suite à l’augmentation de la masse… (vérité).
L’équation d’Irving Fisher MV=PT est clair là-dessus. pour un volume de transactions T et une vitesse de circulation de monnaie V qui n’ont pas beaucoup changé durant un temps donné, toute augmentation de monnaie implique M implique une augmentation du niveau des prix P.
Clarifions. Prenons un pays non pas européen mais africain ou latino-américain qui n’a pas de monnaie internationale et donc accumule des réserves de change nécessaires pour adosser sa monnaie nationale et le taux de change qui s’y rapporte au panier de monnaies précisément relevant de ses réserves.
Si ce pays se trouve à court de réserves et donc doit à tout prix économiser ce qui lui reste, en supposant qu’il a déjà reçu une aide du FMI contre des réformes, et n’a pas d’autres issues, le marché mondial est déprimé, la Banque centrale, pour continuer à faire fonctionner l’économie, est obligée de créer de la monnaie (planche à billet). Et elle ne fera que ça et avec l’accord même du FMI, elle n’a pas d’alternative.
Que se passe-t-il pour les ménages et les entreprises ? Les prix vont forcément monter. Les salaires peuvent être revalorisés mais lentement, les ménages vu la flambée des prix vont s’appauvrir. Le taux de change de la monnaie nationale ne cessera pas de baisser. Ce qui obligera les importateurs, devant leurs pertes financières puisqu’ils paieront plus cher les importations en monnaie nationale, de répercuter leurs pertes sur les entreprises et les ménages. Et s’ensuit une spirale déflationniste.
Le processus restera en l’état tant que les prix des exportations de ce pays ne remonteront pas. Donc un pays qui s’appauvrit toujours, une Banque centrale qui créera toujours de l’argent, elle n’a pas de choix, un taux de change qui se déprécie toujours, des prix qui augmentent toujours, les ménages qui serrent la ceinture, les entreprises qui font faillite, la demande est au point mort.
Le FMI veillera simplement que les réformes (privatisations, etc.) donneront qqch. Les multinationales auront alors le choix de ce qu’il y a à faire.
Pour les autres points, que pensez-vous de la Chine qui cherche à surpasser l’Europe et les États-Unis ensemble ? Et demain, devenant première puissance économique mondiale et mettant la main sur l’Afrique, l’Amérique du Sud et l’Asie. Et ce n’est pas une vue de l’esprit.
Après Hong-Kong, viendra le tour de Taïwan. Viendra le tour de la Corée du Sud, du Japon. Cela peut paraître excessif. Mais tout peut arriver. Et que font les Banques centrales occidentales, le groupe des quatre, pensez-vous qu’ils jouent aux dès ? Qu’ils jouent avec l’inflation ou la déflation ? Il faut raisonner en STRATÉGIE MONDIALE, non en petit ou sur les valeurs boursières qui montent non comme vous dîtes par la monnaie centrale mais par la création monétaire des banques privées. Avec l’accord des BC.
Pourquoi ? C’est le seul business qui marche. C’est comme en 1929, quand les créneaux s’amenuisent, ce sont les hausses des valeurs boursières qui donnent l’illusion que l’économie va bien. Sauf qu’on n’est pas en 1929, et la Fed, la BCE, la BoE et la BoJ ont un ennemi commun, et elles ne jouent pas au dès.
J’espère avoir été explicite. Merci de m’avoir lu
Bonjour Lesens,
Ne me faites pas le jeu de l’avocat du diable, sauf votre respect, en interprétant mes réactions pour les jeter dans un fourre tout réducteur. D’autant plus en me prêtant à tord de parler de “monnaie centrale”. Peut-être faut-il remettre un tant soit peu l’église au milieu du village.
L’objectif recherché par une banque centrale lorsqu’elle met en œuvre un programme d’assouplissement quantitatif (QE) est d’injecter des liquidités importantes dans l’économie de façon à stimuler l’activité et à redresser le taux d’inflation pour éviter que l’économie ne tombe en déflation. Pour ce faire, la banque centrale va simplement créer ex nihilo la monnaie dont elle a besoin. Toutefois, comme elle n’a pas la possibilité de mettre l’argent qu’elle crée directement à la disposition des agents économiques, elle doit procéder de façon indirecte : Soit elle achète les titres représentatifs de la dette publique émis par le Trésor sur le marché primaire. Avec les liquidités ainsi obtenues, ce dernier va pouvoir payer ses créanciers (investisseurs internationaux, banques ou entreprises) et/ou ses fonctionnaires. Lorsque le Trésor utilise les liquidités créées par la banque centrale pour payer ses fonctionnaires ou ses fournisseurs nationaux, la quantité de monnaie disponible dans l’économie du pays augmente (la masse monétaire croît du montant considéré). Cependant, cette pratique est interdite dans les faits, c’est pourquoi les banques centrales ont racheté des titres sur le marché secondaire. Donc, la Banque Centrale rachète aux investisseurs (banques, assurances, fonds de pension, hedge funds,…) des titres sur le marché secondaire. Il s’agit généralement de titres obligataires souverains. Mais il peut aussi s’agir de titres obligataires « corporate », c’est à dire émis par des grandes entreprises. La banque centrale peut même acheter des actions comme nous l’avons vu. Avec les liquidités obtenues en échange de leurs titres, les investisseurs peuvent ainsi racheter de nouveaux titres sur le marché primaire et ainsi financer le déficit budgétaire ou les entreprises (achats d’actions nouvelles/programmes de “rachats d’actions propres” ou d’obligations « corporate »). Les banques peuvent aussi accorder de nouveaux crédits aux ménages ou aux entreprises (en suivant le principe de la création monétaire par le système des réserves fractionnaires, c’est-à-dire que les crédits font les dépôts et non l’inverse comme se plaît à le véhiculer la pensée dominante) puisque leurs réserves détenues (comme gage de contrepartie/FP) auprès de la banque centrale s’accroissent. Ainsi, les liquidités créées (“indirectement”) par la banque centrale sont injectées dans l’économie du pays pour autant que les investisseurs financiers les réutilisent au profit d’agents économiques nationaux selon la bonne vieille théorie (qui n’est finalement qu’un leurre) du ruissellement (Trickle down theory).
Si l’efficacité du programme d’assouplissement quantitatif est meilleure dans le premier cas de figure car l’argent créé par la banque centrale va pour partie irriguer l’économie via les utilisations qu’en fait le Trésor (mais cela a posé des questions en termes d’indépendance des banques centrales, et de risque inflationniste pour les tenants de la pensée dominante), alors que dans le deuxième cas et en l’absence de la courroie de transmission budgétaire (programme d’austérité budgétaire oblige depuis plus de dix ans) la monnaie créée par la banque centrale va irriguer les marchés financiers sans certitude qu’elle vienne ensuite profiter à l’économie réelle du pays. Comme constaté ses dernières années avec l’envolée stratosphérique des indices boursiers, les rachats d’actions propres à foison, la déliquescence des investissements R&D et de la formation. Sans surprises, les investisseurs ont en effet décidé d’utiliser les liquidités obtenues pour acheter des titres sur le marché secondaire ou pour acheter des titres obligataires ou des actions sur des marchés financiers étrangers. Toutefois, quel que soit le canal par lequel passe le programme d’assouplissement quantitatif (QE), il exerce par l’ampleur des sommes injectées sur les marchés financiers, primaire ou secondaire, un puissant effet à la baisse des taux d’intérêt à moyen et long terme (but recherché). Comme vous semblez le comprendre, en effet, les Banques Centrales ne jouent pas aux dés, contrairement aux politiciens, technocrates et financiers. Il va aussi s’en dire, dans ce contexte dévoyé, que le déséquilibre des balances commerciales couplés aux effets de change exacerbent un monde financiarisé à outrance et où les primes de risque n’ont plus de véritable signification
J’espère avoir été plus explicite. Cordialement.
Bonjour Raymond,
Non je n’interprète rien, j’essaie d’être objectif et de comprendre les vraies forces en jeu dans l’économie mondiale.
Et remettre un tant soit peu l’Église au milieu du village je pense que c’est inutile pour la simple raison que l’Église n’a pas changé de place, elle est toujours au centre du village. Et surtout elle nous regarde “nous faire”.
Ceci étant, dans votre réponse, vous êtes parti dans un long développement sur les programmes d’assouplissement quantitatif easing ou quantitative easing (QE), ce qui n’est pas inutile et vous avez expliqué le processus.
La seule critique que je vous fais, et je suis obligé de vous le dire, c’est que vous “confondez” plans de sauvetage et de relance” et QE. Les plans de sauvetage et de relance ne sont pas des QE. Ils sont cependant “nécessaires” et “complémentaires”.
Aux États-Unis, les plans de sauvetage et de relance dont le plan Paulson et les QE ont commencé pour ainsi en même temps, parce que le dollar est une monnaie-centre contrairement à l’euro qui est la 2ème monnaie internationale profite de la position du dollar dans le SMI.
D’ailleurs, pour rappel, dès la crise financière de 2008 avec le début de mise en œuvre des plans de sauvetage, alors que le prix du pétrole étint en berne, les prix de matières de base alimentaires ont explosé. La FAO a même tiré la sonnette d’alarme pour les pays pauvres. Après la récession quasi généralisée en Occident, en 2009, la situation a rebondi dès l’année 2010 avec plusieurs plans de relance. En Europe, deux Fonds européens de stabilité financière (FESF) ainsi que le Mécanisme européen de stabilité financière (MESF) ont été créés dans l’urgence en 2010. Puis en 2012, le Mécanisme européen de stabilité qui les a chapeautés ensuite après les avoir fusionné.
Le MES est devenu une institution avec un conseil des gouverneurs composé des ministres des Finances des pays membres, et présidé par le président de l’Eurogroupe…
Et ça n’a rien à voir avec un QE qui fonctionne comme vous l’avez décrit, chapeauté uniquement par la BANQUE CENTRALE et encore avec des subtilités. C’est la raison pour laquelle j’avais dit que les quatre Banquiers centraux ne jouent pas aux dés. Ils ont su exploiter leur position imprenable dans l’économie mondiale du moins pour un temps.
Les questions auxquelles vous ne répondez pas et qui sont en lien avec les différents plans de sauvetage, et de relance successifs ainsi que les QE depuis 2008 jusqu’à 2014 qui ont vu le prix du pétrole et de l’or fortement augmenter, ceci d’une part, et de la hausse de l’endettement au point qu’il y a eu, en 2010, la crise de la dette en Europe (Grèce, etc.). Alors que les pays émergents et exportateurs de pétrole ont profité du boom de ces formidables liquidités émises par les 4 BC en particulier la Fed et la BCE. L’Occident s’endette alors que les émergents et pétroliers accumulent des réserves de change, sans commune mesure avec le passé.
Après 2014, c’est le retournement. Le prix du pétrole a fortement baissé, y compris de l’or. Et a commencé sensiblement le désendettement de l’Occident, en particulier extérieur. Les réserves de change des pays émergents et pétroliers ont commence à fondre.
Tout ce processus s’est opéré sur fond de politique austéritaire et déflationniste, aux États-Unis, en Europe et au Japon. Et les QE en Europe ont été massifs après 2014, contrairement aux USA où ils se sont faits, après les QE1,2 et 3 et l’opération Twist, plus discrets.
Voilà, je pense que votre réponse est restée axée que sur les QE qui n’est qu’une partie du problème et encore biaisée parce que vous ne mentionnez que les rachats de titres sans préciser lesquels, i.e. détenus par les résidents ou les non-résidents. Et surtout pourquoi les QE sont complémentaires et nécessaires aux plans de relance.
Enfin un dernier point pourquoi les rendements des obligations souveraines chinoises sont de 3, …% alors que les obligations occidentales sont de 0, …% , et donc plus recherchées.
De même le dernier plan de relance de 750 milliards d’euros, et le budget européens d’environ 1100 milliards d’euros sur 7 années, en juillet 2020, s’inscrivent dans ce même processus.
J’espère avoir été assez clair, pas explicite parce que c’est assez complexe.
Bonjour Lesens,
Question clarté, je vous encourage à lire prochainement l’ouvrage à paraître de Michel Santi et moi-même.
https://michelsanti.fr/capitalisme/le-testament-dun-economiste-desabuse
Si “cette crise sanitaire verra la consécration du tout électronique et du tout digital en matière de paiements”, cela pourrait être une garantie d’efficacité relativement: (a) aux transactions comme telle, en termes de précision et de rapidité et (b) à l’information sur ces transactions, en termes de données utiles à l’analyse et à la prévision économique. Mais j’y vois trois difficultés potentielles.
Dans un premier temps, on pourrait y entrevoir un monde assez Orwellien. Les analyses ne peuvent se faire avec des données partielles, même en utilisation des statistiques avancées. Cela veut que la vie économique des individus soit scrutée à la loupe. Les gouvernements auraient alors accès à des données qui révèlent la nature des transactions, quand, avec qui, à quelle fréquence, etc. Si on y ajoute la possibilité d’entrée illégale dans ce réseau, toute notion de vie privée des individus vient de disparaître.
Dans un deuxième temps, quand on dit que de “La haute technologie, l’intelligence artificielle et les algorithmes sont donc appelés à devenir les champions de la prévision et de l’analyse économique”, il faut noter que ces applications sont programmées par des êtres humains. On peut présumer que des spécialistes en informatique seront guidés par des économistes, d’où la possibilité de biais selon l’orientation de l’économiste concerné.(comme indiqué par ke commentaires plus haut)
Troisièmement, il fait éviter tout caractère “autonome” d’un éventuel système de cette nature, c-à-d que le système ne devrait pas avoir la capacité de déclencher des actions économiques sans une intervention humaine. En fait, le danger d’une “décision autoconfirmante” est toujours présent. On sait comment à la bourse un système informatisé peut provoquer une vente d’actions quand le prix tombe à un certain niveau. Cette vente fait répéter la même réaction par d’autres systèmes semblables, créant une baisse artificielle, “prouvant” que le premier système avait raison. Si de telles erreurs arrivaient à un niveau macro, le danger pourrait être grand.
Bonjour Raymond,
Je me dois d’être franc avec vous, et je vous réponds.
“Question clarté, je ne suis pas encouragé à lire votre ouvrage que vous avez co-écrit avec Michel Santi.
A la problématique économique mondiale que je vous ai résumée, vous êtes resté silencieux. Par conséquent votre silence m’enjoint de penser que, dans votre livre, ce sera “rien de nouveau sous le soleil”. Tout au plus de la littérature supplémentaire sur les problèmes économiques que vit le monde aujourd’hui.
Alors que le monde va s’acheminer vers une asphyxie financière généralisée et probablement un protectionnisme ravageur qui va affecter le monde entier. Y compris ses propres concepteurs la “bande des quatre : Fed, BCE, BoE et BoJ”.
Que fera le grain de sable ? I.e. la Chine ? Ou pour être plus précis la Banque de Chine et son système financier qui a tissé sa toile sur l’Afrique, l’Amérique du Sud et bien sûr l’Asie ? Et beaucoup moins sur l’Europe et les États-Unis. Comme le montre le bras de fer américain bipartisan que livre les États-Unis à la Chine depuis deux ans. Il est vrai que l’Occident es acculé, il n’a pas le choix, l’Europe ne peut que suivre parce qu’il en va de son futur.
Alors la Chine va-t-elle, à son tour, au côté de l’Occident, crouler le reste du monde sous l’endettement ? Le FMI aura-t-il le beau rôle de répéter sa partition musicale des années 1980 ? Au côté du FMI-bis chinois ? Contre un reste du monde, et j’entends les pays pauvres qui peuplent le monde et comptent pour au moins les 2/3 de l’humanité, et n’ont rien à se mettre sous la dent ?
Et ce pour arrêter l’ascension de la Chine vers le sommet de l’Himalaya économique du monde ???????
Voilà, Raymond. Désolé pour la réponse.
J’ai du mal à comprendre pourquoi vous faites tant confiance à ce capitalisme de surveillance, après les quelques scandales qui ont déjà eu lieu. Ces derniers jours, Google a encore écopé d’une forte amende de la Commission Européenne pour non respect des données personnelles;
Les menaces du capitalisme de la surveillance [Ghislain Deslandes]
https://www.youtube.com/watch?v=KTASJKhceC0
https://frenchtreasuryintheus.org/fr/nous-avons-lu-the-age-of-surveillance-capitalism-de-shoshana-zuboff/
https://www.monde-diplomatique.fr/2019/01/ZUBOFF/59443
https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouvelles-de-leco/les-nouvelles-de-leco-du-jeudi-07-mars-2019
https://laviedesidees.fr/Surveiller-et-predire.html
https://korii.slate.fr/et-caetera/capitalisme-surveillance-shoshana-zuboff-collecte-donnees-gafam-manipulation-democratie
https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2019/03/03/32001-20190303ARTFIG00194-le-cauchemar-de-l-ere-du-capitalisme-de-surveillance.php
Ce livre n’a pas encore été traduit en français.
Cordialement.
Il y a longtemps que je voulais vous poser une question : y a t-il réellement création monétaire ?
Vous allez trouver cette question stupide, mais Paul Jorion affirme qu’il n’y a pas de création monétaire, que se sont les riches qui prêtent de l’argent.
Lors de mon dernier contact avec lui, je lui ai fait parvenir un article de Gaël Giraud, économiste, sur la création monétaire et un de vos articles où il en était également question. En retour, j’ai reçu un mail me disant “ces personnes n’ont jamais travaillé dans une banque !”
Ces personnes seraient-elles toutes des abrutis (désolée pour vous :)) par rapport à Mr Paul Jorion :
https://www.youtube.com/watch?v=H2izM0eb-7c
Si vous pouviez me répondre, je vous en serai reconnaissante. D’avance merci.
Bonjour Chantal, bien-sûr qu’il y a création monétaire. Allez donc demander à Paul Jorion d’analyser l’explosion hyperbolique des bilans des banques centrales et qu’il vous en explique la raison.
Il est bien naïf Paul: les riches prêteraient et ça s’appellerait du Quantitative Easing? A qui prêtent-ils d’ailleurs …?! Puis-je en bénéficier??
Saluez-le de ma part. Soit dit en passant, il sait très bien que j’ai une longue pratique des banques…
Bonsoir Michel et merci pour votre réponse.
J’ai préféré rompre les ponts car toutes celles et ceux qui ne vont pas dans le même sens que PJ sur la création monétaire voient leurs commentaires censurés; Et lorsque l’on pose des questions sur ce sujet, on a droit aux mêmes réponses “Lisez mon livre “L’argent, mode d’emploi.””
Mais je trouve cette façon de faire pas très honnête. C’est de la désinformation en fait.
Bonjour Chantal,
Six ans après la parution du pavé dans la mare – 18 mars 2014 sur le site du journal britannique Guardian – intitulé « La création monétaire dans l’économie moderne » (voir traduction française ci-dessous), il est «amusant » de lire de tels propos issus de l’anthropologue et sociologue Paul Jorion. Doit-on aussi en conclure que les trois économistes du directoire d’analyse monétaire de la Bank of England – Michael McLeay, Amar Radia et Ryland Thomas – sont des abrutis parce qu’ils ont finalement déclaré de manière catégorique que la plupart des hypothèses faites sur le monde bancaire et son fonctionnement (par la frange mainstream) sont fausses et que les positions généralement taxées d’hétérodoxes sont correctes ?
https://alaingrandjean.fr/wp-content/uploads/2016/11/creation-monetaire-economie-modernev2.pdf
Peut-être que Paul Jorion devrait se rappeler au bon souvenir de l’éminent anthropologue Claude Lévi-Strauss qui écrivait ceci : « Les crises permettent aux sociétés touchées de se remettre efficacement en question et de se reconstruire, en se débarrassant des modèles économiques obsolètes qui les mènent à leur perte ». Si tant est que ce soit utile à le préciser, intervenant depuis plus de dix ans sur le blog de notre hôte, Michel Santi, et comme financier hétérodoxe, le monde bancaire est très loin de m’être étranger.
Bonsoir Raymond,
Merci pour votre réponse.
Mais Paul Jorion se déclare élève de Claude Levi-Srauss 🙂
http://lecube.com/biographies/paul-jorion
https://www.pauljorion.com/blog/2020/07/28/levi-strauss-sur-les-epidemies/
Il fait aussi de la psychanalyse :
https://www.pauljorion.com/blog/2018/09/26/gloire-a-nos-grands-maitres/
25/01/2020
Mon livre est sorti en 2009. Combien de réfutations y a-t-il eu en 10 ans ? 5, 4, 3, 2, 1 ? Non : zéro.
Aucun de ces braves gens n’a jamais travaillé dans une banque : ils parlent tous de choses qu’ils ne connaissent pas. En se citant l’un, l’autre. Ce n’est pas triste, c’est consternant.
PJ
16/05/2020
Giraud, oui je lui ai déjà expliqué, mais il ne comprend pas. C’est malheureusement tout le mécanisme qui lui échappe.
Paul J.
La réponse du 25/01 faisait référence à cet article de Michel Santi : https://michelsanti.fr/creation-monetaire/la-suisse-exemple-a-suivre et à une vidéo de Bernard Maris https://www.youtube.com/watch?v=B6H2v4DaEyo
Si encore il fournissait un brin d’explication, non il préfère dénigrer les autres ou alors il faudrait être sur son blog continuellement pour en lire toutes les pages.
C’est lassant !