Que l’été soit beau et que la fête continue !

Que l’été soit beau et que la fête continue !

juillet 23, 2014 0 Par Michel Santi

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Un avion outrageusement descendu avec 300 passagers à bord et, ce, dans une des régions du monde les plus tendues, aux portes de notre cocon européen ? L’Iraq sur le point de basculer et de se transformer en un Etat terroriste, avec des implications que l’on ose à peine imaginer pour le monde arabe et pour la sécurité internationale ? Une flambée de nouvelles violences entre israéliens et palestiniens risquant d’embraser un Proche Orient déjà tétanisé par la boucherie syrienne ? Les jours et les semaines derniers ont été fertiles en drames et en menaces pour notre sécurité – à nous occidentaux – et, par voie de conséquence directe, pour nos économies.

 

L’occurrence de tels évènements auraient généré il y a encore quelques années force volatilité sur les marchés financiers qui auraient subi un décrochage bien compréhensible. A l’instar des bourses en chute libre après le 11-septembre. De l’invasion du Kuwait par l’Iraq qui devait s’accompagner d’une volatilité boursière nauséabonde. Ou des guerres moyen-orientales des années 70 qui suscitèrent chocs pétroliers et flambées inflationnistes. De fait, les commentateurs, journalistes et analystes furent bien prolixes dans l’expression de leurs craintes pour la stabilité des marchés à mesure de la progression de ces évènements tragiques de ces dernières semaines.

 

L’annexion de la Crimée par la Russie ne redessinait-elle pas les cartes d’une Europe menacée d’être précipitée dans une nouvelle ère de glaciation? Nos approvisionnements en gaz russe – et donc notre confort quotidien – ne seraient-ils pas subitement remis en question par une Russie qui n’hésiterait pas à user de toutes les armes à sa disposition pour nuire à une Europe de plus en plus dépendante? La conflagration entre israéliens et palestiniens n’était-elle pas susceptible d’embraser tout ce Moyen-Orient, si précieux pour ses immenses gisements pétroliers ? En vertu de quelle logique abandonnerait-on aujourd’hui un pays – l’Iraq – sur le point de tomber aux mains de jihadistes, alors que l’on n’avait pas hésité à l’envahir – il y a seulement dix ans – pour des motifs stratégiques équivalents ? Bref, c’est à juste titre que des épisodes de volatilité boursière et financière exacerbée étaient prédits suite à des tels incidents à forte connotation émotionnelle, qui plus est plein période estivale féconde de soubresauts erratiques par manque de volumes décents.

 

Si ce n’est les marchés financiers continuent de batte jour après jour leurs précédents records de hausse, et si ce n’est que l’humeur des investisseurs et des spéculateurs se maintient au beau fixe! Comme s’il ne s’était rien passé, ou comme si les drames récents n’avaient aucune prise sur le monde des affaires! Message hautement significatif que nous adresse donc la finance qui n’est plus intéressée par ce qui se passe dans le monde réel. Fini le temps où la géopolitique déteignait sur les valorisations boursières, où elle se traduisait en une décote obligataire vertigineuse ou en une hyper volatilité du dollar et des métaux précieux. Plus aucun drame, plus aucun massacre et plus aucune menace ne sont désormais pris au sérieux par l’univers d’une finance-téflon sur laquelle tout peut impunément glisser.

 

La finance et ses marchés font donc preuve d’une indifférence impériale et ne sont plus guère sensibles qu’aux doses de création monétaire prodiguées par des banques centrales, pour leur part, tétanisées par l’instabilité financière. Hormis les taux bas, hormis les baisses de taux quantitatives qui agissent sur l’ensemble du circuit et de ses intervenants comme une drogue dure, plus rien n’intéresse la finance et plus rien n’est susceptible de l’affecter! Regardez bien: nous assistons au grand – à l’ultime – découplage entre marchés et monde des vivants. Ecoutez bien ce que nous dit la finance: circulez, il n’y a rien à voir.

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