Pas d’embellie Européenne sans consommation Allemande
Interdire les ventes à découvert, telle est la parade trouvée par les politiciens Européens qui devrait leur permettre de régler et le cas Grec et la problématique des déficits et de l’endettement! Pourquoi prendre le risque d’adopter des mesures peu populaires afin de régler les déséquilibres budgétaires et fiscaux Européens quand il est si facile de lâcher la meute sur les spéculateurs? Nos dirigeants seraient-ils à ce point déconnectés des réalités au point de feindre d’ignorer que les marchés financiers émettent des signaux d’alerte qui, utilement interprétés, pourraient contribuer à assainir ces déséquilibres?
Agir dans le sens d’une transparence accrue des marchés et d’une augmentation des réserves bancaires en rapport avec leurs encours spéculatifs est à l’évidence indispensable. Pour autant, la fonction de compteur remplie par des marchés prompts à applaudir au bien fondé d’une mesure ou, au contraire, à manifester leur désapprobation à l’encontre d’une politique économique ou monétaire inappropriées serait brouillée par l’imposition de réglementations qui ne résoudraient pas le fond du problème.
Qualifiés non sans raison de “plus graves depuis le lancement de l’Euro”, les ennuis Européens actuels n’ont cependant pas été provoqués par les marchés. Ils ne sont pas plus imputables à la seule Grèce car ils sont également le produit de la consommation intérieure Allemande anémique!
La gourmandise et l’appétit de dépenses de la Grèce, mais aussi de l’Espagne et du Portugal, sont accueillis avec dédain par des Allemands dont une frange non négligeable regrette les beaux jours de l’omnipotent deutsche mark ayant disparu en cette fatidique année 1999. L’adoption de l’Euro par certaines nations ayant inauguré pour ces cigales une ère de crédit facile, de salaires en hausse et de fièvres dépensières qui se concluent aujourd’hui en menaces de défauts de paiement sous le regard réprobateur de la fourmi Allemande…
Pourtant, la prospérité Allemande n’est pas le fruit de ses consommateurs austères ni de ses salaires stagnants. La richesse et la croissance Allemandes sont la résultante mathématique de la flambée consommatrice de certains pays Européens en réponse à leur adoption de l’Euro. Ce même Euro qui, pour traverser avec succès cette crise, devra nécessairement s’appuyer sur une indispensable progression des dépenses intérieures Allemandes qui devront prendre le relais de ces pays du “Club Med” contraints aujourd’hui de brider leur fièvre dépensière par des mesures d’austérité. Le sort de la monnaie unique dépend donc de l’Allemagne et de sa capacité à stimuler sa consommation domestique.
Le retour d’une croissance saine et durable en Europe ne se fera pas sans la résolution des questions fondamentales de ses déséquilibres économiques et financiers via des ajustements incontournables opérés aux dépens de certains pays comme l’Allemagne. Les (très riches) épargnants Allemands doivent, comme les Japonais et les Chinois, ouvrir leur porte monnaie afin que des pays comme la Grèce, l’Espagne – et les Etats-Unis – puissent redresser leurs économies en dopant leur exportation.
Premier fournisseur et premier créancier, l’Allemagne est aujourd’hui à ses partenaires Européens ce que représente la Chine pour les Etats-Unis! Lourdement investie en obligations grecques ou espagnoles (comme l’est la Chine dans les Bons du Trésor US) et bénéficiant d’exportations ayant respectivement grimpé de 66% et de 60% vis-à -vis de ces deux pays au cours de la décennie écoulée, l’Allemagne – et son industrie – a réussi à survivre brillamment dans un univers hyper compétitif en sous traitant une partie importante de sa production à l’étranger. Ce faisant, ces procédés encourageaient une forte stagnation des salaires nationaux et une réduction substantielle des charges salariales débouchant sur une résurgence du travail temporaire et se traduisant par une absence de salaire minimum légal uniforme sur le plan national.
S’il est vrai que le modèle Européen se doit donc d’être revu, les Allemands, comme les Grecs, devront faire des efforts…