Une politique des bulles spéculatives ?

février 24, 2010 0 Par Michel Santi

Après l’implosion des valeurs technologiques en 2000, des marchés immobiliers (aux Etats-Unis, en Espagne…) dès 2007, nous sommes aujourd’hui en plein déconfiture obligataire. Les bulles spéculatives se succèdent, voire se ressemblent, en tout cas sur le plan des ravages effectués sur l’économie dite “réelle”, autrement dit nous…

Quels mécanismes ont-ils été mis en place par nos autorités politiques et monétaires pour prévenir la formation d’une nouvelle bulle? Quels enseignements auraient-ils été tirés visant à déceler signaux avant coureurs ou pour modérer – je ne parle même pas d’interrompre – les influx irraisonnés de liquidités en direction d’un actif qui, subissant un effet mécanique, se mettra dès lors à gonfler comme la grenouille de la fable? Les épisodes sanglants de 2008 ont d’ores et déjà été relégués au rang de dommages collatéraux par une finance dont on savait certes qu’elle avait une mémoire étonnamment sélective mais aussi, et plus gravement, par des pouvoirs publics opportunistes et décidément peu soucieux d’endiguer les fièvres spéculatives.

Comment se fait-il que nos Banques Centrales ne parviennent toujours pas à distinguer entre la “bonne” croissance – durable et saine – et celle artificiellement insufflée par les appréciations boursières, immobilières, aujourd’hui obligataires…? Et pourquoi nos instruments statistiques de mesure de cette croissance, de l’inflation qui est son pendant ou des Masses Monétaires en circulation – vitales dans le diagnostic d’une bulle en formation – n’ont-ils pas été affinés qualitativement par des Etats qui avaient pourtant montré certaines velléités en ce sens? Ces mêmes instruments de mesure de notre activité économique ne sont-ils pas à l’évidence caducs dans notre contexte actuel o๠les produits structurés de la haute finance rivalisent d’une sophistication pas toujours utilisée à bon escient?

La reprise – artificielle elle aussi parce que reposant sur des châteaux d’eau de liquidités crées à partir du néant – serait-elle arrivée au bon moment, celui o๠nos responsables politiques seraient aujourd’hui soulagés de ne pas avoir à honorer leurs promesses démagogiques et populistes d’hier? Pourtant, la faillite Islandaise de 2008 aurait impérativement dà» éviter les déboires Grecs d’aujourd’hui, Espagnols ou Portugais de demain! Hélas, une des raisons fondamentales de ces crises à répétition est l’abdication de nos Gouvernements et Banques Centrales de leur rôle essentiel de locomotive économique au profit de banques commerciales prédatrices. Ce faisant, la collusion – dans certains cas la complicité – entre régulateurs, politiques et économistes achevaient la compromission des uns au bénéfice d’une finance qui dès lors occupait tout le champ public.

Le pare feu indispensable entre politique et finance ayant délibérément été désactivé, comment s’étonner de certains dérèglements patents ayant directement conduit à ces crises comme la rémunération des agences de notation par les établissements bancaires ou l’engagement d’anciens fonctionnaires d’organes de réglementation au sein de Banques … à moins que ce ne soit l’inverse? Pourtant, la capacité de nuisance – aujourd’hui avérée – de certains établissements financiers mastodontiques envers les acteurs de l’économie traditionnelle aurait dà» encourager nos régulateurs à enfin intensifier – ou à tout le moins adapter – certaines règles prudentielles élémentaires … ayant aujourd’hui abouti au crash de la Grèce.

Cette crise ne raconte pas l’histoire de l’échec du libéralisme, elle signe plutôt l’arrêt de mort de la théorie arrogante de l’efficience des marchés, de la dérégulation et de la privatisation à outrance considérées jusqu’à 2007 aux sources de notre hyper développement économique.

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