La raison des Bourses est toujours la meilleure!

janvier 27, 2010 0 Par Michel Santi

Les Bourses sont fébriles, les Bourses menacent. Il semblerait en effet que les ingrédients d’une correction boursière substantielle soient réunis, les récentes volatlités étant bien-sà»r imputées à la fermeté – suite à la défaite cuisante des Démocrates à la Sénatoriale du Massachusetts – du Président Obama vis-à -vis des établissements financiers à risque et aux tergiversations du Congrès dans la reconduction du mandat de Bernanke à la Présidence de la Fed.

A priori, l’explication de cette fièvre boursière serait donc que les marchés craindraient un départ de Bernanke qui fragiliserait une économie toujours sur la corde raide. Pourtant, une analyse brève des événements démontre que les marchés boursiers ont systématiquement forcé la main du Congrès en faveur de décisions impopulaires, voire injustifiables, ces dix-huit derniers mois.

L’indice Dow Jones ne s’est-il pas ainsi effondré de 777 points en ce jour de Septembre 2008 o๠le plan de sauvetage de Paulson (TARP) avait été rejeté par les parlementaires en première lecture? Plan qui fut finalement adopté une semaine plus tard au prix d’une intense pression exercée par les principaux acteurs du marché, dont Buffet, qui mettaient en garde le Congrès contre une liquéfaction des marchés financiers en cas de refus d’obtempérer… Ce même Buffet ne fit-il pas preuve d’un activisme à toute épreuve lorsque le Congrès hésita à confirmer Geithner au poste de Secrétaire d’Etat au Trésor sous le prétexte – incompréhensible et négligeable pour Wall Street – qu’il s’était trompé dans sa déclaration d’impôts?

Aujourd’hui, les Bourses font parvenir des signaux d’alerte aux membres du Congrès tout comme Buffet du reste qui craint une rechute d’autant plus sévère en cas de départ de Bernanke que l’Administration Obama n’est en mesure de proposer nulle autre personnalité qui bénéficierait de la confiance – et de la complaisance – des marchés. L’accès de faiblesse récent constituera-t-il un avertissement suffisant ou les marchés devront-ils envoyer des coups de semonce nettement plus explicites à un Sénat qui, immanquablement, cèderait alors sous cette pression intense? Pression qui, à coup sà»r, ne se relâchera que dès lors que le second mandat de Bernanke sera officiellement confirmé.

Les marchés financiers étant pertinemment conscients que seules de nouvelles tourmentes boursières contraindront les parlementaires à hâter une telle décision, le Président de la Réserve Fédérale Américaine devra-t-il ainsi son siège et sera-t-il sauvé par une rechute des Bourses?

Pourtant, et même si le personnage de Bernanke est en lui-même relativement peu populaire auprès du citoyen moyen, changer de personne ne changera pas l’institution car les Présidents de la Réserve Fédérale US – et les Congrès – se succèdent sans jamais montrer de volonté réformatrice. Cela étant, loin d’être révolutionnaires, les voies du changement sont élémentaires.

Pourquoi en effet rechigner à enrichir la Fed, qui domine en maà®tresse absolue le domaine de la recherche en matière de politique monétaire, de Gouverneurs qui n’appartiendraient pas forcément à l’école néo classique? Et pourquoi cet établissement promoteur de tant de bulles ne serait-il pas subdivisé en une branche qui superviserait les Banques de détail et en un autre qui surveillerait le marché des crédits et qui, à ce titre, serait donc directement responsable de ces dérapages spéculatifs ayant abouti à la crise des subprimes?

En réalité, changer Bernanke – qui sera fatalement reconduit – ou remplacer Geithner ne modifiera en rien ces institutions, à savoir la Fed ou le Département du Trésor, qui ont plus que jamais besoin de profonds changements structurels. Il est temps de mettre au chômage forcé un nombre respectable d’économistes et d’analystes actuellement employés par ces deux maisons. Ces crises à répétition consacrant l’échec patent de l’obédience néo classique, du Keynésiannisme et de l’école de Chicago, un nouveau paradigme économique s’impose.

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