Obama, broyé par le système

janvier 3, 2010 0 Par Michel Santi

Pourquoi les autorités Américaines annoncent-elles systématiquement les faillites bancaires (au nombre de 140 à ce jour de la crise) au moment le moins susceptible de retenir l’attention du public – à savoir le vendredi soir – et pourquoi le Congrès Américain a-t-il choisi le jour de Noà«l 2009 pour légiférer dans le sens de la suppression de toute limitation dans le cadre des mesures de sauvetage de Fannie Mae et de Freddie Mac ?

Difficile en effet pour les autorités US de justifier que ces deux mastodontes du prêt immobilier soient sur le point de crever le plafond des lignes de crédit de 400 milliards de dollars mis à leur disposition par l’Etat Fédéral alors même que la condition leur ayant imposée lors de la mise en place de ce plan de sauvetage, à savoir la réduction progressive de leur exposition à ce marché estimée à l’époque à 1’500 milliards de dollars, est violée quotidiennement. En effet, Fannie Mae et Freddie Mac, loin d’opter pour une gouvernance dont les effets limiteraient les risques à venir – et qui préserveraient ainsi l’argent du contribuable -, ont ainsi reçu un blanc seing de la part du régulateur Américain les incitant à prendre des risques supplémentaires en procédant à de nouvelles acquisitions de prêts immobiliers insolvables…

Il est vrai que procéder à l’élargissement d’un portefeuille d’ores et déjà en état d’hémorragie avancée ne peut avoir que des retombées bénéficiaires dans un contexte o๠l’Etat Américain peine à trouver les sommes nécessaires à la réforme de santé du Président Obama. Et pour cause du reste puisque la mise à disposition illimitée de fonds permettra à Fannie Mae et à Freddie Mac de soulager Wall Street d’une bonne partie des prêts subprimes toujours comptabilisés dans les Banques Américaines. Ou comment mettre en place un nouveau plan de sauvetage bancaire de manière déguisée…

De fait, les Présidents Américains se succèdent mais la règle d’or demeure inchangée, comme gravée dans le marbre du Capitole – sauver Wall Street à tout prix – et le locataire actuel de la Maison Blanche ne déroge pas à cette règle qui exige de ne reculer devant rien pour sauver l’élite financière de son pays. Les capacités intellectuelles incontestables d’Obama ni son charisme ne changeront rien à l’allégeance du pouvoir US – allant du Président aux membres influents du Congrès – aux intérêts particuliers constitués par les establishments bancaire, pétrolier, pharmaceutique ou autre…

Impossible dans ces conditions d’adhérer durablement à des principes graduellement mis au placard par un Président incarnant à peine une année après son investiture un échec – une trahison pour certains – pire encore que celle de son prédécesseur. La déception étant à l’évidence inversement proportionnelle aux attentes et à l’enthousiasme suscités par l’élection de celui qui semble avoir bien rapidement abdiqué face à un argent raflant systématiquement la mise quelque soit le vainqueur de l’élection Présidentielle Américaine.

Ainsi, comment interpréter autrement cette carte blanche procurée par le Gouvernement à Fannie et à Freddie qui pourront dès lors parachever l’assainissement d’un système financier néanmoins responsable de tous les excès ? Et comment comprendre cette politique acharnée du taux zéro à laquelle s’accroche leur Réserve Fédérale si ce n’est par une volonté délibérée de favoriser à outrance des établissements financiers à même de repayer aujourd’hui à l’Etat tout ou partie de ses subsides grâce aux fonds récoltés dans le cadre d’une nouvelle bulle, obligataire celle-là , initiée par des autorités nettement plus préoccupées par la remise à flots de leur élite financière que par un citoyen moyen incapable d’obtenir un crédit du fait d’une situation économique réelle inextricable?

Ces dernières décisions de Noà«l dernier concernant Fannie Mae et Freddie Mac revenant à nationaliser de facto le problème très délicat des hypothèques et des prêts immobiliers Américains ne font que confirmer la formidable volonté de l’Administration Obama – après celle de George W. Bush – de sauver coà»te que coà»te les “Too Bigs To Fail”, ces établissements financiers tentaculaires. Pour autant, ce Président actuel – déjà lâché par sa gauche et qui déçoit tous les jours un peu plus sa base d’électeurs -, avait-il la moindre chance d’infléchir des comportements et des mentalités – focalisés sur le seul profit – qui semblent immuables élection après élection?

La devise Américaine “Nous le Peuple” se fait toute petite depuis quelques décennies face à des puissances corporatistes et à Wall Street qui reportent allègrement leurs investissements toxiques sur le contribuable tout en se gardant bien de le faire bénéficier de leurs paris gagnants.

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