Voulez-vous vraiment boire le calice jusqu’à la lie ?
Si la crise financière fut, comme on le sait, la combinaison gagnante résultant de manipulations révélées dès l’été 2007 et ayant atteint leur climax à l’automne 2008, la période présente qu’il est de bon ton de qualifier de manière consensuelle de “sortie de crise” est loin d’être en reste tant il est manifeste que les Etats-Unis affaiblissent délibérément leur monnaie.
Les autorités US, qui doivent constamment trouver des liquidités afin de maintenir à flots leurs établissements bancaires dinosauresques – ces Too Big To Fail -, s’emploient effectivement à persuader les investisseurs étrangers qu’un Dollar bas leur permettrait d’acquérir des actifs Américains à bon prix! Le billet vert est en effet – au moins pour cette raison – condamné à se déprécier davantage car la seule parade d’autorités US devant impérativement financer leurs déficits est d’afficher ostensiblement la pancarte des “soldes” sur l’ensemble de leurs avoirs…
Du reste, cette manipulation est pour le moment couronnée de succès puisque l’ascension des Bourses US est inversement proportionnelle à la déchéance du billet vert, signe de la confiance (encore) accordée aux Etats-Unis par les investisseurs étrangers … à moins que cet engouement pour les actifs US ne soient tout simplement l’effet mécanique de pressions – ou d’un chantage – exercées par des autorités Américaines conscientes de leur pouvoir sur certains intérêts étrangers déjà lourdement investis dans leur pays?
Toujours est-il qu’une dichotomie ne manquera pas d’apparaà®tre très prochainement entre des taux d’intérêts US à court terme ( déterminés par la Réserve Fédérale ) et des taux longs qui reflètent la confiance du marché en la politique monétaire et financière Américaine et en sa capacité à maintenir – ou à soutenir – un Dollar plus ou moins stable. Le différentiel entre ces deux taux est condamné à se creuser dans un contexte o๠les Banques, qui empruntent de l’Etat à court terme, seront privilégiées tandis que les titulaires de prêts hypothécaires, dont le taux se calque sur celui à long terme, et autres débiteurs sur cartes de crédit seront naturellement pénalisés et que les épargnants devront se contenter d’un intérêt ridicule sur leurs dépôts…
Ne vous y trompez pas: C’est la dà®me que paie le citoyen pour éponger les égarements du système financier et absoudre la déficience de l’Etat.
C’est pourtant les fondations même du système financier qui doivent être abattues et reconstruites sur des bases qui ôteront tout espoir aux Banques d’être à l’avenir secourues en cas de fautes graves de gestion ou de prises de risques inconsidérées! Qui contraindra ces Banques à détenir plus de capitaux? Qui osera les laisser en faillite dès lors qu’elles auront perdu au casino de la spéculation? La collusion étroite du pouvoir – et pas seulement aux Etats-Unis – avec le système financier se traduit en une paralysie politique qui garantit virtuellement à nos élites financières le soutien dont elles ne manqueront pas d’avoir besoin demain dans le gestion de la bulle et des excès à venir qu’elles nous concoctent.
Le pillage de l’économie réelle par un système financier entièrement égo centré ne cessera que si “quelqu’un” aura le courage de briser ces mastodontes bancaires!
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Michel