Le capitalisme dictatorial

octobre 28, 2009 0 Par Michel Santi

Monsieur Bernanke ne serait-il qu’un charlatan qui, au chevet d’un grand malade ( les Etats-Unis ), lui appliquerait un calmant au lieu d’une chirurgie – certes douloureuse dans un premier temps – mais qui permettrait l’amputation salvatrice de la gangrène de l’endettement? La dette étant une distorsion – ou une malformation pour reprendre l’imagerie médicale -, elle devrait donc entraver – ou handicaper – tout autant le débiteur que le créancier…

Pourtant, la masse de l’endettement préalable au déclenchement de la crise de l’été 2007 – qui ne s’est pas volatilisée ni n’a été assumée par les créanciers ou les débiteurs – n’a jamais subi les affres du scalpel: Elle a tout simplement été absorbée par l’Etat!

Colmatées par cette boulimie Etatique, les hémorragies de l’automne 2008 provoquées par l’endettement privé et institutionnel conjugué à de l’effet de levier – ayant abouti à quelques faillites spectaculaires – ont porté l’appellation de “deleveraging “. Pourtant, le deleveraging – le vrai – n’a pas encore eu lieu car les pertes ont toutes été reportées aux bilans des Etats! Elles sont l’hommage rendu par nos Etats au système financier et le cadeau empoisonné que nos dirigeants réservent à nos enfants et petits-enfants.

Pour reprendre l’expression de Roubini, nos Etats perpétuent ” un système o๠les profits sont privatisés et les pertes socialisées “!

Pourquoi le Gouvernement Américain refuse-t-il de divulguer publiquement – pas même au Congrès des Etats-Unis! – qui sont les heureux bénéficiaires des milliards de dollars d’aides prodiguées ( bailout ) sur les deniers publics … faisant ainsi dire au Parlementaire US Dennis Kucinich : ” La Réserve Fédérale n’est pas plus fédérale que Federal Express”…? La montée en puissance d’une oligarchie dominant le pouvoir politique n’a-t-elle pas étouffé il y a plusieurs mois toute tentative de régulation du secteur financier?

En réalité, il serait grossier de qualifier l’activisme et la sollicitude de nos Gouvernements du terme banal – et rassurant – de “nationalisations”. Le scénario qui se joue sous nos yeux est en effet autrement plus fin: c’est le système financier – ainsi que les grandes corporations – qui prennent le contrôle de nos Gouvernements! L’alliance contractée entre un secteur institutionnel hyper concentré et un pouvoir politique de plus en plus autoritaire et policé accouche progressivement d’une idéologie qu’il serait impropre de décrire comme un ” socialisme pour les riches” (Stiglitz).

Après tout, Hitler avait noué un partenariat lucratif avec Mercedes Benz qu’il n’a jamais nationalisé.
Après tout, Mussolini vantait ” la fusion de l’Etat et du pouvoir des entreprises (1)”.

Lorsque le contribuable se met à rendre des comptes aux intérêts et aux grosses entreprises privés, lorsque les profits sont privatisés mais que c’est la collectivité qui doit assumer les pertes, alors le fascisme s’installe.

(1) http://www.google.ch/search?hl=en&client=firefox-a&rls=org.mozilla%3Aen-US%3Aofficial&hs=hoE&q=fascism+merger+of+state+and+corporate+power&btnG=Search

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