Dévaluations Compétitives

octobre 27, 2009 0 Par Michel Santi

La dévaluation du Dollar par rapport à l’Or décidée en 1933 par le Président Roosevelt devait contribuer à rétablir production et prix tout en permettant une augmentation notable des importations Américaines avec, à la clé, une amélioration rapide de la situation économique mondiale. Politique expansionniste qui devait motiver d’autres nations à relancer leurs économies en exerçant une pression baissière sur leurs devises respectives.

La décision Chinoise d’interrompre dans le courant de cette année l’appréciation de sa monnaie, le Yuan, devait également se traduire en un rétablissement spectaculaire de la croissance dans ce pays et dans le Continent Asiatique. En fait, cette croissance Asiatique a bénéficié au reste du monde de la finance par le biais de la courroie de transmission des Bourses qui, comme on le sait, ont salué dignement le déplacement du centre de gravité mondial vers un Est désormais intronisé locomotive financière du monde.

Certaines voix discordantes, qui dénoncent aujourd’hui la Chine taxée de manipuler à la baisse les cours de sa monnaie, plaident parallèlement pour une appréciation du billet vert … alors que cette perte de valeur de la monnaie Américaine démontre une baisse de tension généralisée et bienvenue à travers le monde tout en constituant l’analgésique idéal permettant de réduire (en tout cas provisoirement) le déficit commercial US.

Les détracteurs de la Chine, dont le Yuan est indexé au Dollar, qui l’accusent de nuire à la croissance globale en siphonnant en sa faveur les exportations mondiales par la dévaluation de sa devise dans un contexte o๠elle bénéficie déjà d’excédents importants et d’une économie ayant renoué avec la croissance, se trompent de combat. Effectivement, en poursuivant le parallèle avec 1933, la volonté de Roosevelt était moins à l’époque de dévaluer le Dollar contre les autres devises que d’en diminuer la valeur vis-à -vis des biens et des services!

Politique que l’on serait bien inspiré de copier aujourd’hui en Occident et qui, du reste, est adoptée par la Chine qui, ce faisant, évite de sombrer dans une spirale déflationniste. Déflation qui avait frappé la Chine tout en y détruisant la croissance à la fin des années 90 à la faveur de la crise Asiatique qui avait provoqué une appréciation du Yuan forcé de suivre un dollar considéré valeur refuge…A l’inverse, lorsque l’économie Chinoise connut un développement fulgurant suite à son adhésion en 2002 à l’OMC, seule l’appréciation du Yuan permit d’y amoindrir les pressions inflationnistes.

Les excédents de la balance des paiements chinoise étant ainsi principalement dus au taux de l’épargne élevé dans ce pays, une modification du cours du Yuan serait pratiquement sans impact sur cet appétit des privés et de l’Etat Chinois à accumuler les actifs étrangers. En fait et dans la perspective des échanges commerciaux internationaux, le niveau des monnaies est un jeu à somme nulle et ce contrairement aux décisions de politique monétaire dont l’impact sur la demande agrégée nationale et régionale est fondamental.

En conséquence, la Chine et le reste des pays devraient exercer une pression baissière sur leurs monnaies respectives même si le bon sens réfute a priori la thèse qu’un Yuan faible puisse aider le reste du monde en même temps que la Chine! Pourtant, le Dollar et le Yuan sont tout à fait susceptibles en effet de monter ou de baisser simultanément … vis-à -vis des biens et des services! Notre monde actuel a donc désespérément besoin d’une série de dévaluations compétitives car les cours de change sont effectivement moins une arme commerciale qu’un instrument de politique monétaire…

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