L’inflation, dernier refuge des incapables
L’inflation amoindrit-elle l’endettement des Etats? Les épisodes d’hyper inflation appartenant au passé ont clairement démontré que cette solution était fallacieuse car, tandis que les dettes d’un Etat ont tendance à gonfler dans un contexte inflationniste, la seule manière saine et durable de les réduire consiste à oeuvrer pour un environnement o๠l’inflation est strictement contrôlée.
Et pourtant, un certain nombre de dirigeants économiques et de Banquiers Centraux vivent toujours avec cette idée préconçue selon laquelle l’inflation parviendra à leur sauver la mise à l’image de ces dirigeants d’entreprise en difficultés qui procèdent à l’augmentation de leur capital! Toutefois, si cette formule peut fonctionner dans ces entreprises qui procèdent ainsi à une dilution de leur actionnariat, la création de nouvelle monnaie ex nihilo par les Etats ne fait que retarder l’échéance du règlement de la dette dans une conjoncture o๠le marché réagit de manière bien compréhensible en forçant les taux d’intérêts à la hausse…
Néanmoins, si ce mythe de soustraire un Etat à ses obligations en matière d’endettement perdure dans les mentalités et souvent dans les actes de nos responsables, c’est tout simplement parce qu’il est nettement plus facile d’insuffler une bonne dose d’inflation dans l’économie – et de retarder l’inéluctable – que d’adopter des mesures payantes à long terme mais hautement impopulaires, à savoir augmentations d’impôts et réductions des dépenses Gouvernementales.
C’est pourtant à cette croisée de chemins que se retrouvent aujourd’hui les Etats-Unis qui, chargés voire submergés comme on le sait de dettes, seraient tentés d’échapper à leurs responsabilités en faisant opportunément appel à l’inflation, dissuadés toutefois par le risque d’effondrement subséquent d’un dollar qui cèderait carrément sous le poids d’une fuite de capitaux hors d’un pays qui verrait du coup s’effondrer tous ses espoirs de domination financière et géopolitique. Les Etats-Unis, ayant décidé de sauver Wall Street et le secteur privé en ingérant toutes leurs dettes et en les intégrant au bilan de l’Etat, se rendent aujourd’hui comptent que l’inflation pourrait être un moyen bien pratique et rapide de sortie de crise qui permettra aux ménages et aux entreprises endettés de mieux supporter le fardeau de leurs dettes.
Le scénario idéal étant, selon eux, un contexte inflationniste s’étalant sur deux ou trois ans qui autoriserait l’allègement de cet endettement de l’ordre de 10 à 15% … si ce n’est que tous les avantages découlant de cet allègement seront compensés, voire surpassés, par des taux d’intérêts plus élevés à payer sur ces dettes, par un nombre plus important de débiteurs en faillite qui aura à son tour pour effet d’augmenter la masse de l’endettement global…Par ailleurs, l’inflation étant fondamentalement un phénomène de transfert de richesse du créancier vers le débiteur, une telle politique précipiterait une débâcle du marché obligataire US avec, à la clé, un effondrement du billet vert … qui, à leur tour, ne feraient qu’exacerber les pressions inflationnistes!
Néanmoins, la planche à billet semble aujourd’hui être la seule solution à portée des responsables économiques et politiques Américains qui espèrent ainsi redonner à leur économie un semblant de prospérité tout en y créant une autre bulle.
Alors pourquoi ne pas retirer à la Réserve Fédérale ce pouvoir thaumaturgique de création de monnaie et de pourvoyeuse de crédit pour le confier à une instance qui ferait de la lutte contre l’inflation sa priorité absolue? A tout le moins, c’est la modification en profondeur de la double mission de la Fed la lutte contre l’inflation et la promotion de la croissance qui s’impose car la réalisation de ces deux objectifs par une même entité aboutit bien souvent à des politiques et à des mesures antinomiques, voire schizophrènes ! Une révolution de palais semble indispensable pour lutter contre l’endettement monumental des Etats-Unis.
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Michel