Rationaliser les fluctuations du dollar

août 9, 2009 1 Par Michel Santi

Il semblerait que la très nette tendance de raffermissement du dollar provoquée par l’aggravation de la crise dès l’été 2008 soit progressivement en train de s’inverser. Phénomène étrange à première vue que cette appréciation du billet vert de quelque 25% vis-à -vis de l’Euro et ce en seulement quatre mois, de Juillet à Octobre 2008, quoique comparable à la ruée des investisseurs sur l’or ayant contribué à l’accélération de la déliquescence boursière lors de la Grande Dépression.

En effet, comment comprendre cette appétence il y a une année envers une monnaie considérée par le monde entier comme une valeur “refuge” alors même que cette monnaie appartenait au pays responsable du déclenchement de la crise? Summum de la perversion ou désorientation extrême d’investisseurs sonnés par la crise?

Traditionnellement, les crises financières atteignant un pays se soldent par l’affaiblissement notoire de leur Devise : Rappelons-nous simplement des crises Thaïlandaise, Mexicaine ou Russe de ces dernières décennies. Pour autant – à tout seigneur tout honneur -, le dollar Américain a toujours constitué un cas à part. Ainsi, et alors qu’il était encore à l’époque indexé à l’or, s’était-il très fortement apprécié entre Décembre 1930 et Mars 1933 et ce vis-à -vis des principales autres monnaies qui en étaient réduites aux dévaluations successives! Laquelle hausse du dollar s’opérait sur les cadavres des faillites bancaires US à la chaà®ne et nonobstant une Grande Dépression…

Seul Irving Fisher s’était risqué à l’époque à attribuer cette hausse du billet vert à la destruction de monnaie naturellement induite par la crise. Et pour cause puisque cette explication mettant en relief la décélération de la Masse Monétaire était rendue moins crédible par la réduction massive des taux d’intérêts Américains et par la politique expansionniste de l’époque…La théorie de Fisher appartient aujourd’hui – et alors même que l’on traverse une crise similaire – au bon sens commun.

Effectivement, la croissance dont bénéficient actuellement les pays émergents – plus la Chine qui n’est plus une nation émergente – induit une augmentation de la propension des investisseurs et spéculateurs globaux dans leur prise de risque. Au demeurant, les faits sont là , indiscutables : Le dollar baisse à mesure que les bourses Asiatiques – et Occidentales – flambent. Outre cette quête avide de valeurs refuges caractérisant les périodes tourmentées, la hausse substantielle du billet vert survenue à l’automne dernier doit donc être attribuée à un phénomène plus général de pénurie de liquidités à un moment o๠la crise financière atteignait son climax.

Cette appréciation phénoménale du dollar n’était en définitive que le symptôme d’un mal consistant en une raréfaction des liquidités à travers le globe. Raréfaction des liquidités elle-même en partie aux origines de la crise du reste…

Cette pénurie de liquidités étant également le reflet d’un rush généralisé en faveur du cash et dans une conjoncture pour le moins troublée, il est donc aisé de comprendre – et de constater – que l’appétence grandissante pour la prise de risque qui se manifeste depuis quelques mois va de pair avec une demande déclinante en dollars Américains.

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