Le monde est-il gouverné par Goldman Sachs ?
Qui n’a pas entendu – au moins une fois dans sa vie – parler de Goldman Sachs, cette Banque créé aux USA en 1869 par l’association d’un immigrant Allemand, Marcus Goldman, avec son beau fils, Samuel Sachs? Introduit en bourse seulement en 1999, cet établissement suscite des réactions toujours passionnées, réussite suprême pour certains, incarnation par excellence de la manipulation et de l’avidité humaines pour d’autres… Quoiqu’il en soit, son bénéfice record de 3.44 milliards de dollars au deuxième trimestre 2009 aura suffi à me sortir de ma torpeur estivale o๠j’étais si confortablement installé.
Je plante le décor : Goldman Sachs, qui venait tout juste il y a quelques semaines de restituer au Gouvernement Fédéral Américain 10 milliards de dollars reçus en 2008 dans le cadre du plan de sauvetage ( TARP ) voit ainsi son bénéfice bondir de 65% d’année en année et ce à l’issue de la crise financière et économique la plus grave depuis 1930. En conséquence, Goldman s’apprête à distribuer en moyenne à ses 29’000 salariés un revenu global moyen estimé par les analystes de Wall Street de l’ordre de 770’000 dollars par tête! Cette somme, double du salaire du salaire du Président des Etats-Unis d’Amérique, provoque bien-sà»r l’ire de certains membres du Congrès US qui protestent en faisant valoir que, l’économie étant encore loin d’être rétablie, Goldman ne peut avoir un comportement de “business as usual”…
La crise du crédit a-t-elle vraiment eu lieu?
Comparée parfois à un vampire se précipitant pour parasiter et profiter de tout ce qui est susceptible de lui profiter, Goldman est au centre de toutes les théories conspirationnistes : De ceux qui soulignent son omniprésence au coeur du pouvoir politique Américain à ceux qui la soupçonnent de manipuler en sa faveur la politique monétaire US en passant par ceux qui l’accusent d’avoir créé les subprimes ayant abouti à la débâcle que l’on sait, les détracteurs de Goldman Sachs sont légion.
Disposant certes d’arguments intéressants et crédibles, ceux qui vouent ainsi Goldman aux gémonies passent pourtant à côté d’un fait essentiel et qui expliquerait en grande partie le succès phénoménal de cette Banque : ses cadres dirigeants excellent tout simplement dans leur métier. Et si, à mesure que le monde émerge progressivement de cette terrible crise, les profits de Goldman étaient tout bonnement dus à une nette augmentation des volumes traités en Bons du Trésor, Devises et autres matières premières? Et si, à la faveur de la spectaculaire appréciation boursière, il était tout simplement naturel que les banques d’investissement comme Goldman augmentent considérablement leurs profits du fait de leur intermédiation dans le cadre de levées de fonds de sociétés, de Banques et d’Etats en mal de liquidités? Pour preuve : l’Etat de Californie ayant levé 6.9 milliards de dollars, Arcelor Mittal ayant levé 4 milliards de dollars ou HSBC ayant levé 19.6 milliards de dollars en sous traitant par le biais de Goldman Sachs…
Pour autant, – et comme d’habitude – la substance même de ces bénéfices laisse deviner une face cachée : ces profits gigantesques de Goldman ne sont-ils précisément pas tout aussi redevables à une compétition qui se retrouve laminée, voire sur le carreau? Qui reste-t-il en fait face à Goldman? Lehman disparus. Bear Stearns sauvés in extremis par JP Morgan. Merrill Lynch sauvés par Bank of America. Citigroup et UBS sous perfusion. “And the winner is “: Goldman Sachs, grand vainqueur de la crise…
Tout s’éclaire subitement : on comprend pourquoi elle a appliqué – ou imposé – une hausse de ses tarifs d’intermédiation. On comprend également le sobriquet dont elle est affublée : ” Government Sachs”… Et pour cause, depuis Henry Paulson, le précédent Secrétaire d’Etat au Trésor et architecte du plan de sauvetage bancaire ( TARP ) à Robert Rubin ayant servi au même poste sous Clinton, l’élite de Goldman n’a eu de cesse de se dévouer au service des finances fédérales! Morceau choisi des tenants de la théorie de la conspiration: N’est-il pas de notoriété publique que Paulson aurait décidé de ne pas secourir Lehman à caise de sa haine contre son patron Dick Fuld? … Et tant pis si cet épisode a failli provoquer au passage un cataclysme global!
Une certitude : Le remboursement de ses 10 milliards à l’Etat Fédéral permet aujourd’hui fort opportunément à Goldman de rémunérer généreusement ses cadres, débarrassée ainsi de l’emprise Gouvernementale.
A se demander si Goldman ne fait pas tout pour être détestée.
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Michel