Brève Psychanalyse de la BCE

mai 27, 2009 0 Par Michel Santi

Les statistiques économiques Européennes sont choquantes : Contraction du P.I.B. Allemand – plus importante économie du continent – de 3.8% au dernier trimestre 2008 sans même évoquer les chiffres de nations comme la Slovaquie dont l’économie s’est contractée de près de 12%! Si ce rythme devait rester inchangé en 2009, c’est le revenu national de certains pays qui serait tout simplement réduit de moitié.

Pour autant, les réponses apportées et les mesures adoptées par l’hiératique Banque Centrale Européenne ne dévoilent nul empressement ou volontarisme visant à sortir l’Europe de sa crise économique – et sociale – la plus aigue depuis près d’un siècle. En fait, il est plus que probable que la BCE – dont le siège est à Francfort et qui de notoriété publique est sous influence de l’élite financière Allemande – soit désorientée par l’ampleur d’une crise que les élites politique et financière du pays ne pouvaient prévoir même dans les scénari les plus catastrophiques au vu de la conduite et de la gouvernance modèles passées du pays.

Le constat est certes à la fois triste et ironique mais le fait est que l’Allemagne subit actuellement une fable de la cigale et de la fourmi inversée car, contre toute attente – et contre toute morale – son comportement économe et exemplaire lui ayant permis d’éviter les bulles spéculatives durant les périodes d’euphorie n’a pas contribué à l’épargner ou tout au moins à amortir le choc de la crise actuelle. Fable inversée car, pendant que l’Allemagne se complaisait dans une austérité et dans une rigueur que n’auraient pas renié Là¼ther en personne, des pays comme la Grande Bretagne et les Etats-Unis, aux sources de tous les excès ayant abouti à la crise, tirent aujourd’hui plus honorablement leur épingle du jeu.

En réalité, la Grande Bretagne sortira de la crise nettement plus rapidement que l’Allemagne pour deux raisons principales, la première étant la forte dépréciation de sa Devise surtout vis-à -vis de l’Euro. Le scénario sera similaire à celui ayant conduit à l’éviction théâtrale de la Livre Sterling du Système Monétaire Européen au début des années 90 lequel a permis un rétablissement rapide de l’économie Britannique par le biais d’une reprise des exportations et d’une diminution des importations ayant contribué à la relance de l’économie domestique. De fait, certaines entreprises Britanniques persuadées de l’impact positif du niveau actuel de la Livre seraient déjà sur le point de rapatrier centres opérationnels et autres services dans leurs pays d’origine.

Les conditions Britanniques seront également moins dramatiques que les aléas Allemands grâce à la réaction radicale et énergique de la Banque d’Angleterre ayant réduit agressivement ses taux d’intérêts aujourd’hui proches du zéro pendant que la BCE, elle, temporisait et tergiversait…La Banque d’Angleterre qui se distingue en outre actuellement de la BCE en ayant franchi un pas décisif par l’application d’une politique de baisses des taux quantitative consistant à inonder les marchés monétaires de liquidités par l’achat de papiers valeurs. Une BCE qui ne peut tout bonnement pas se convertir à ces baisses de taux quantitatives car une question toute simple mais néanmoins fort délicate et potentiellement explosive se poserait alors : Quels Bons du Trésor acquérir, pourquoi privilégier tels pays Européens au détriment d’autres et, subsidiairement, pourquoi acheter plus de papiers valeurs de tel pays…? Choix qui s’avèrerait encore plus compliqué dès lors qu’il s’agirait pour la BCE de se porter acquéreur d’obligations d’entreprises privées Européennes : Imaginons simplement le tollé que ne manquerait pas de provoquer la BCE si elle décidait de privilégier l’industrie automobile Allemande ou l’industrie métallurgique française…Sans négliger que l’indépendance et la neutralité jalousement préservées par la BCE et par son Président actuel seraient de facto à ranger au musée.

Il se pourrait bien du reste que ce soit précisément cette aversion de la BCE à pénétrer vraiment dans l’arène et à mettre les mains dans le cambouis qui l’ait dissuadée de réduire trop rapidement sa politique monétaire afin de retarder au possible le stade oà¹, ses taux étant à zéro, elle devra fatalement adopter la politique alternative des baisses de taux quantitatives. N’oublions pas enfin que, tout comme la Réserve Fédérale Américaine réagit en fonction des leçons apprises à l’occasion de la Grande Dépression, la BCE – dominée par l’Allemagne – est hantée par l’épisode traumatisant de Weimar et, à ce titre, extrêmement méfiante à l’encontre de toute injection exagérée de liquidités susceptible de créer des pressions inflationnistes.

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