Introuvable G 20
Le prochain et tant attendu G 20 devrait se borner en un affrontement feutré opposant d’une part les Etats-Unis ardents défenseurs de stimuli fiscaux supplémentaires de l’ordre de 2% du P.I.B. de chaque pays et les nations d’Europe Continentale d’autre part qui plaideront avec ferveur pour une intensification de la réglementation des marchés et des intervenants financiers. Les Européens feront en effet valoir des arguments certes compréhensibles selon lesquels, alors que ces stimuli se justifiaient amplement il y a une année, plus aucune nation ne peut aujourd’hui se permettre d’aggraver davantage ses déficits déjà gigantesques en taxant moins ou en dépensant plus.
Pour autant, les mesures visant à étoffer la réglementation financière qui devraient être adoptées à l’issue de ce G 20 risquent de laisser les partisans d’une régulation accrue sur leur faim car les Etats-Unis – préoccupés tout d’abord par le sauvetage immédiat de leur système bancaire – regardent poliment ailleurs. Du reste, nul ne se fait des illusions quant à une éventuelle perte d’influence sur le Gouvernement des Etats-Unis du tout puissant lobby financier dont sont issus l’actuel Secrétaire d’Etat au Trésor Geithner mais également des membres éminents de l’équipe Obama comme Lawrence Summers. La réalité est que, en dépit des déclarations d’intention de l’élite de la communauté internationale qui se réunit à Londres début Avril – et des gesticulations théâtrales de certains responsables politiques – ce G 20 ne marquera très probablement pas les esprits car la politique – même au plus haut niveau – ne pourra strictement rien dicter de contraire à ses intérêts à un secteur financier omnipotent.
Les vraies questions resteront très vraisemblablement en suspens car aucun Chef d’Etat ou de Gouvernement n’osera remettre en question la toute puissance des conseils d’administration au sein des entreprises ou analyser sans ménagement la gestion des risques calamiteuse des institutions financières. De même, aucun responsable politique – fut-il au plus haut niveau – n’osera attaquer frontalement le système financier afin de le démanteler et d’en réduire l’influence considérable tout comme aucun politicien au pouvoir n’émettra la suggestion d’allouer – une partie au moins – des immenses ressources de ce secteur financier vers d’autres secteurs plus productifs et moins volatils.
Le prochain G 20 à Londres ne sera même pas comparable au dixième d’un Bretton Woods, tout au plus un “business as usual ” tendance Bling Bling o๠Obama effectuera sa première apparition à un sommet international, o๠certaines nations de seconde zone seront invitées afin de donner bonne conscience à d’autres qui amuseront la galerie avec leur show habituel…
Du reste, qui espère-t-on berner en prétendant que “des solutions globales doivent être apportées à un problème global” ? Pourquoi s’obstiner en effet à coordonner les politiques économiques dès lors que les réponses aux problèmes dans les divers pays développés devraient précisément se différencier du fait de contextes parfois assez dissemblables? La récession touche certes toutes ces nations mais les approches ne sauraient se confondre d’un pays à l’autre eu égard aux différences structurelles, fiscales et de politique monétaire qui y prévalent.
Ainsi, pendant que les responsables politiques Allemands et Français s’opposent à adopter des stimuli fiscaux supplémentaires, les Etats-Unis et la Grande Bretagne – dont les déficits budgétaires respectifs devraient avoisiner 10% de leur P.I.B. – plaident pour davantage de mesures de relance…Ainsi, alors que les Etats-Unis et la Grande Bretagne avaient déjà abordé cette crise avec des déficits importants causés par des réductions d’impôts pour les premiers et de fortes dépenses Gouvernementales pour la seconde, la quasi totalité des pays de l’Union Européenne entraient dans la crise avec des comptes nettement plus sains grâce aux critères de Maastricht. Pour autant, et en dépit de déficits publics Européens qui devraient se situer entre 5 et 7% du P.I.B. de la grande majorité des pays de l’Union, cette dernière n’est en rien disposée à stimuler massivement son économie alors qu’elle en aurait les moyens et faciliterait ainsi du coup une sortie de crise au niveau mondial.
Contrairement à leurs homologues Américains, les responsables Européens négligent en effet le moteur fondamental de toute reprise économique qui est la confiance : Il est totalement illusoire de croire que des discours rassurant sur la maà®trise des déficits relanceront une consommation o๠seules des mesures de relance supplémentaires et substantielles y réussiront.
La confiance étant ainsi l’élément clé, l’échec annoncé de ce G 20 aurait effectivement eu des conséquences dévastatrices si l’opinion publique s’était seulement attendu à quelque mesure décisive! Hormis les sourires de façade et les discours emphatiques, chaque bloc persistera très vraisemblablement sur sa lancée, les Etats-Unis ayant donc toutes les chances de se sortir en premier de la crise.
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