Croissance : une bonne nouvelle pour demain, une très mauvaise pour après !

février 18, 2009 0 Par Michel Santi

L’Europe reste étroitement dépendante des Etats-Unis tout en reproduisant servilement ses méfaits et politiques : Après le boom de l’immobilier et l’euphorie boursière, voilà l’Europe qui recapitalise ses banques, qui réduit ses taux d’intérêts et qui adopte force stimuli fiscaux, à l’image du grand frère Américain…

De fait, le rétablissement de la croissance mondiale aura pour nécessaire préalable le rétablissement des Etats-Unis – toujours première économie au monde – et ce d’autant que les déboires actuels y ont connu leur source! La solution à nos maux émanant forcément des Américains et de leur aptitude à y remédier, deux questions fondamentales s’imposent dès lors : Leur économie est-elle en si mauvaise posture et entreprennent-ils les mesures adéquates ?

La dégringolade des prix énergétiques a certes légèrement amélioré le niveau de vie des citoyens Américains, les effluves de déflation y favorisent certes ceux qui disposent d’un emploi stable, mais il est à craindre que le fonds ait d’autant moins été atteint que le chômage – indicateur à retardement par excellence – est sur une pente ascendante et qu’il est encore loin d’avoir déroulé ses répercussions sur la consommation et sur les autres indicateurs majeurs de l’économie. En fait, la consommation Américaine qui a constitué avec l’économie Chinoise le tandem ayant contribué à l’enrichissement de l’économie globale ces dernières années – n’est tout simplement pas prête à redémarrer.

Pourtant, statistiquement – et même mécaniquement – une économie a tendance à rebondir suite à une décélération de l’ampleur connue ces derniers mois par une économie US qui, de fait, pourrait bien bénéficier dans un avenir plus ou moins rapproché d’une reprise assez intense. Certes, la consommation est-elle gelée aujourd’hui et principalement concernant les biens et marchandises d’une certaine valeur. La vente de véhicules neufs ayant ainsi plongé de près de 50% dans certains pays n’est qu’un des signaux de la détresse et du stress saisissant l’économie, les travailleurs, les consommateurs et les entreprises…Pour autant, – et pour rester sur le cas du secteur automobile -, les offres incroyables consenties ( un auto offerte pour une achetée! ) combinées à la modicité du coà»t du crédit sont bel et bien susceptibles de ranimer un marché moribond. En réalité, – et de manière factuelle et logique – tout ce qui a été gelé depuis des mois pourrait bien être dégelé du jour au lendemain avec les effets multiplicateurs que l’on imagine car l’exemple du secteur auto pourrait être répliqué sur l’ensemble des secteurs de l’économie.

Aussi peut-on prévoir – sans risquer de trop se tromper – que l’économie US repartira dès la fin de cette année!

Ce redémarrage de la croissance ne devra rien au plan mastodontique d’Obama, il sera tout simplement la conséquence des réductions d’impôts aux Etats-Unis, réductions qui auront des répercussions directes sur la stimulation de la consommation. Nettement plus centré sur les dépenses publiques que sur les réductions d’impôts, le plan de la nouvelle administration Obama déroulera quant à lui ses effets sur le moyen terme tant il est vrai que les effets bénéfiques d’investissements – Gouvernementaux ou privés – sur divers projets ou chantiers se mesurent à l’aune d’une échelle plus annuelle que mensuelle.

Pour autant, ces mesures sont-elles adéquates et suffisantes pour nous tirer d’affaire? Nos Gouvernements et autorités monétaires appliquent-ils les mesures et plans à même de favoriser et de provoquer les ajustements économiques certes inévitables mais sans pour autant boulverser le tissu économique et porter atteinte aux richesses et au potentiel de nos infrastructures? En effet, tout doit être entrepris dans le but de relancer l’économie de manière durable mais pas au détriment des plus faibles et des plus défavorisés!

Les munitions provenant de la politique monétaire ayant toutes été tirées ( en tous cas aux Etats-Unis ), les mesures dites “non orthodoxes ” – comme les stimuli fiscaux et les plans de sauvetage bancaires – sont à présent dans le viseur et, à ce titre, le plan d’Obama promet d’être colossal. En fait, ce plan sera le plus massif jamais adopté par un Gouvernement Américain, dépassant même, en termes relatifs, le New Deal de Franklin D. Roosevelt! Pour autant, ce plan – de par son importance même – ne porte-t-il pas en lui les germes de la maladie à venir, de ce mal similaire à celui ayant conduit les responsables US à spectaculairement baisser leurs taux d’intérêts jusqu’à ce qu’ils soient à court de munition?!

Ce plan mastodontique prendra certes le relai de cette croissance qui effectuera son come back d’ici la fin de cette année, ce plan massif est certes par certains aspects susceptibles de protéger les plus défavorisés mais l’ampleur même de ce plan déstabilisera à long terme l’ensemble de l’économie mondiale en aggravant irrémédiablement les déficits Américains! Les déficits publics des Etats-Unis atteindront prochainement 10% de leur P.I.B. : N’oublions jamais que c’est l’endettement massif de ce pays qui a anéanti le système de Bretton Woods tout en précipitant le déclin du Dollar dans les années 80.

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