Pourquoi faut-il sauver les Banques ?
Un récent article du New York Times posait une question judicieuse et opportune : ” Pourquoi sauver les banques si elles ne prêtent pas? ” Effectivement, les promoteurs du plan de sauvetage adopté à l’automne dernier avaient assuré que la première tranche de 350 milliards de dollars “dégèlerait” les marchés et motiverait les banques à de nouveaux crédits en faveur des entreprises en mal de liquidités. De fait, ce plan de sauvetage qui – souvenons-nous – n’avait pas en son temps recueilli l’adhésion populaire, n’aura en rien infléchi ces établissements récipiendaires de ces fonds qui en ont fait usage pour reprendre d’autres établissements ou tout simplement afin de sécuriser leurs capitalisations pendant que l’économie, elle, poursuivait inexorablement sa descente aux enfers…
Dans ces conditions, comment comprendre l’étonnement – souvent simulé – des politiciens face à l’inaction des banques alors même qu’aucune condition n’avait été posée préalablement à l’octroi de ces liquidités?
En fait, si les banques ne prêtent plus, c’est tout simplement afin de rester solvables! Le contraste avec leur générosité durant la période du boom immobilier o๠l’argent était facile et à bon marché est certes saisissant mais, à leur décharge, les institutions financières se livraient alors une compétition acharnée au profit. Dès lors que les banques se rendirent compte que le consommateur lambda, bénéficiaire ultime de ces crédits, n’avait plus les moyens de rembourser ses dettes, l’orgie de prêts et de crédits fut ainsi brutalement interrompue, les banques s’apercevant accessoirement au passage que leurs opérations de prêts / emprunts dépassaient largement leur assise financière…Un appel au secours fut donc lancé en direction des contribuables censés rétablir et assainir les bilans de ces mêmes institutions.
Par ailleurs, les banques ne prêtent plus car elles craignent ne plus être remboursées par des entreprises avides de cash car fortement sinistrées par l’effondrement de la consommation! Sans négliger que les rares entreprises ou sociétés parvenant encore à décrocher un crédit se voient imposer un taux d’intérêt abusif! Le candidat privé au prêt n’étant pas en meilleure posture que les entreprises dans le contexte présent de récession…
La nouvelle administration Obama, qui semble vouloir tirer des enseignements en forçant la main des banques à consentir de nouveaux emprunts en contrepartie du récent plan de sauvetage, se retrouve néanmoins confrontée à un autre problème : Comment vérifier en effet si les banques se ré engagent réellement dans de nouveaux crédits et, le cas échéant, comment sévir en cas de refus d’obtempérer?
En toute logique, la seule manière de contraindre un établissement à adopter une quelconque stratégie est d’en prendre une participation majoritaire – en d’autres termes de le nationaliser! -, menace qui, si elle devait être exécutée, n’arrangerait évidemment pas les affaires des actionnaires qui seraient dès lors les grands perdants! L’actionnariat, qui est en effet foncièrement allergique à tout dirigisme Etatique, reste donc dans l’expectative, se retenant ainsi de recapitaliser des banques qui risquent à tout moment de passer sous contrôle Gouvernemental au lieu d’être soumises aux aléas d’un marché seul susceptible de rentabiliser leurs investissements…
Le dilemme est donc redoutable pour l’économie et le consommateur : Il n’est pas de croissance économique sans banques qui prêtent mais ces mêmes banques ne peuvent pas plus être dominées par l’Etat, phénomène qui ferait évidemment fuir le capital privé, pourtant vital aux capitaux respectifs de ces banques…Car il est en effet impossible de rétablir nos économies avec les seuls deniers du contribuable, sans les capitaux privés!
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Michel