Islande : le soleil de Minuit

décembre 28, 2008 0 Par Michel Santi

L’effondrement du système bancaire Islandais est le plus dramatique jamais subi par un pays par rapport à la taille de son économie. La privatisation méticuleuse de la quasi totalité des banques Islandaises et la décision de laisser flotter la Couronne sont principalement dues à un homme qui occupe le devant de la scène depuis de nombreuses années, M. Oddsson. Ayant été pendant 13 ans Premier Ministre de son pays et actuellement Gouverneur de la Banque Centrale Islandaise, M. Oddsson s’est pourtant résigné à faire appel en Octobre dernier aux deniers du F.M.I. après avoir nationalisé les trois banques les plus importantes du pays et subi l’effondrement de la Couronne…

Ce miracle économique Islandais qui avait transformé le pays en “hedge funds ” – ou en véritable casino – n’était finalement qu’un mirage, l’Islande n’ayant pu éviter la débâcle totale que grâce à la charité du F.M.I. ( ayant mis en place un programme d’aide de 2.1 milliards de Dollars ) combinée à l’assistance de la Pologne, de la Grande Bretagne, de l’Allemagne et des Pays-Bas. Face à ce que certains hauts responsables du F.M.I. n’hésitent pas à qualifier de banqueroute la plus massive d’un système bancaire de toute l’Histoire économique mondiale ( rapportée à la taille de l’économie ), l’Islande bénéficiera au total de plus de 10 milliards de Dollars d’aides d’urgence, soit plus de la moitié de son P.I.B.!

L’encours des prêts consentis par les trois plus importants établissements bancaires du pays, privatisées en 2003, totalisait presque 10 fois la taille de l’économie Islandaise avant l’implosion du système à l’automne dernier. Comme les taux d’intérêts de la Couronne Islandaise étaient décourageants pour les emprunteurs, plus de 80% de ces prêts avaient été libellés dans des Devises étrangères offrant évidemment des taux intéressants, comme le Franc Suisse ou le Yen Japonais. L’effondrement du système bancaire en Octobre dernier, accompagné de la dégringolade de la Couronne et de la flambée des taux d’intérêts Islandais, était donc loin d’arranger les affaires des titulaires de crédits immobiliers et autres crédits à la consommation en Devises étrangères car leurs revenus, exprimés dans leur monnaie nationale – la Couronne – qui ne cessait de s’effondrer, ne leur permettaient plus de payer leurs dettes…

Les autorités Islandaises furent donc réduites à imposer un strict contrôle des changes dans une nation o๠pratiquement chaque citoyen du pays vivait au-dessus de ses moyens grâce à son endettement. L’économie du pays condamnée à se contracter de l’ordre de 10% en 2009, le contexte est encore appelé à se dégrader car les innombrables licenciements du dernier trimestre 2008 ne déverseront sur le marché leur masse de demandeurs d’emploi que dans les mois à venir du fait du délai de préavis qui est de 3 mois en Islande. En fait, le secteur des entreprises en Islande est en ruine car le contrôle des changes l’empêche de re financer ses crédits libellés en monnaies étrangères. De surcroà®t, les consommateurs ne parviennent plus à régler les intérêts et remboursements de leurs crédits supposés soulager les trésoreries de ces mêmes entreprises…

Quant aux prêts exprimés en Couronne Islandaise, ils ne sont guère plus cléments envers leurs titulaires car indexés – en toute logique – sur une inflation qui devrait se situer autour de 20% à fin 2008 ! Le consommateur Islandais, dont la charge d’endettement a ainsi plus que doublé en quelques mois, devra de plus subir le coà»t gigantesque du sauvetage de ses banques, estimé à 80% du P.I.B. du pays selon le F.M.I.! Comparé à la taille de leurs économies respectives, ce coà»t global serait 20 fois plus important que le plan de sauvetage des banques Suédoises et de plusieurs fois la charge de la crise Japonaise des années 90.

Ce cauchemar Islandais suffit à lui seul à comprendre la générosité des autorités à travers le monde empressées d’arroser de liquidités leur système bancaire afin de lui insuffler un reste de vie. En effet, les banques devenant insolvables à mesure que la liquidité se tarit, c’est alors la solidité de la Banque Centrale nationale – prêteuse “en dernier ressort” – qui est alors cruellement mise à l’épreuve car celle-ci doit permettre à ses banques d’honorer leurs dettes vis-à -vis de l’étranger tout en garantissant les dépôts des étrangers dans ses banques nationales…Du reste, la généralisation des ouvertures de compte simplifiées par internet auprès de banques Islandaises usant et abusant de l’appartenance de leur pays à l’Espace Economique Européen combinée à des taux d’intérêts attractifs ont drainé dans le pays quelques 8.3 milliards de dollars en quelques années – soit la moitié de la richesse économique Islandaise – dont le pays est actuellement débiteur!

L’exemple Islandais est certes extrême mais d’autres pays – comme la Grande Bretagne – ont également un système bancaire prépondérant par rapport à la taille d’une économie elle-même en grande partie soutenue par un endettement substantiel! De fait, le total des actifs du système bancaire britannique qui se monte à 450% du P.I.B. du pays à fin 2007 contribue d’autant plus à fragiliser la Grande Bretagne que la Livre Sterling n’est plus une Devise de réserve mondiale – comme le Dollar ou l’Euro – qu’il est possible d’imprimer impunément et à volonté dès lors que la Banque Centrale souhaite arroser de liquidités son système!

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