La Déflation Corrosive

décembre 6, 2008 0 Par Michel Santi

Après avoir perdu des dizaines de milliards de Dollars du fait de leurs investissements dans des entreprises Américaines et Européennes, les fonds souverains sont à présent contraints de revoir leurs stratégies d’investissement. Les directions de ces fonds contrôlés par des Etats Asiatiques, Arabes ou Russes s’estiment lésés et accusent les responsables Occidentaux de ne pas leur avoir divulgué l’ampleur de la crise préalablement à leurs prises de participation. Ainsi, le fonds du Kuwait – par exemple – estime-t-il avoir été manipulé par la Trésorerie américaine pour l’avoir laissé acheter 3 milliards de Dollars d’actions en début d’année du groupe Citibank…dont les actions ont dégringolé de deux-tiers depuis.

La déflation est comme la rouille car elle ne laisse aucun pan de l’économie intact : Souvenons-nous qu’il y a encore une année le groupe Royal Bank of Scottland (RBS) se payait ABN Amro pour 100 milliards de Dollars ( dont 80% cash ). Aujourd’hui, RBS pourrait, avec la même somme, acheter :

Citibank pour 22.5 milliards, Morgan Stanley pour 10.5, Goldman Sachs pour 21, Merril Lynch pour 12.3, Deutsche Bank pour 13 et Barclays pour 12.7. Un solde de 8 milliards de Dollars lui resterait en caisse comme argent de poche et autres parachutes dorés.

Le prix des métaux industriels a plus baissé ces quatre derniers mois que durant toute la période la plus noire de la Grande Dépression, soit de 1929 à 1933. Les prix moyens du cuivre, du plomb et du zinc ont ainsi dégringolé de près de 60% depuis l’été dernier alors qu’ils n’avaient chuté “que” de 40% dans les années 30 !

La déflation est une phase typique en cela que, malgré des taux d’intérêts en vigueur proches du 0, le coà»t du capital toujours élevé aboutit nécessairement à la chute de la consommation et de l’investissement. Cette baisse des prix, de la demande et des valorisations globales débouchant naturellement sur une augmentation du chômage et une réduction des revenus…Je n’insisterai pas plus sur ce phénomène maintes fois décortiqué.

Pourtant, l’avenir dépendra d’une réponse à cette question cruciale : Ce cercle vicieux, cette mentalité et ce comportement déflationnistes s’incrusteront-ils à ce point profondément dans nos habitudes de consommation et d’investissement pour y installer finalement cette rouille corrosive qu’est la déflation généralisée ? Une lueur d’espoir dans cette sombre perspective : Les flambées des prix du Pétrole et des matières premières n’ont pas abouti à l’hyper inflation – et au comportement qui va avec – que beaucoup prévoyaient…

De prêteurs en dernier ressort, les Banques Centrales se sont converties en prêteurs en “premier ressort ” tant il est vrai qu’il n’y a aujourd’hui que les Banques Centrales qui acceptent de prêter ! La Réserve Fédérale US marche dans les pas de la Banque du Japon car les taux américains seront réduits à 0% lors de son prochain meeting du 16 Décembre, taux qui devraient être maintenus à ce niveau au moins jusqu’à 2011.

Il est également possible que la Fed décide de parvenir à ce stade effroyable du 0% en deux fois : Dans cette hypothèse, le 0% sera atteint lors de son meeting du 28 Janvier 2009, question de se ménager encore une dernière balle, comme à la Roulette Russe.

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