Russie-Iran : une nouvelle donne?

septembre 9, 2008 0 Par Michel Santi

La situation aux frontières russes reste alarmante et la boà®te de Pandore imprudemment ouverte par la Géorgie – malencontreusement soutenue par les Etats-Unis et par certains pays membres de l’OTAN – risque de pousser la Russie dans des alliances difficiles à concevoir il y a encore quelques semaines. Effectivement, la Russie pourrait se rapprocher assez rapidement de certaines nations agacées – ou menacées – par l’expansionnisme et par l’arrogance de l’administration US et autres pays satellites de l’Empire américain.

Ecartons d’emblée Cuba et la Syrie régulièrement évoquées à cet effet. En effet, alors que Raul Castro tente péniblement de donner une inflexion moins idéologique à son régime, la Syrie pour sa part se retrouve subitement du “bon côté” en négociant très sérieusement la paix avec Israà«l et en accueillant le Président français qui se trouve aussi être le Président en exercice de l’Union Européenne.

L’équilibre des forces en présence est néanmoins susceptible de basculer sur un autre front, autrement plus délicat tout à la fois pour les Etats-Unis et pour Israà«l leur allié régional, et qui consisterait en une volte-face de la Russie qui inaugurerait une alliance stratégique et militaire avec l’Iran. Rappelons au passage qu’Israà«l ayant vendu des armes à la Géorgie, un tel rapprochement aurait des conséquences géopolitiques mondiales majeures.

Cette alliance pourrait favoriser l’implantation sur le sol Iranien de bases militaires russes forcément situées dans des régions stratégiquement fondamentales pour l’ensemble de la région, implantation dont les conséquences dépasseraient très largement le seul cadre du Moyen-Orient! Une basse russe déployée par exemple dans l’Azerbaïdjan de l’Est Iranien aurait pour effet de contrôler les activités de tout le bassin couvert par la République d’Azerbaïdjan ( très riche en hydrocarbures et stratégique pour le transport des hydrocarbures de la région), par la Géorgie et par la Turquie, membre éminent de l’OTAN et grand concurrent économique et régional de l’Iran. Une autre base installée dans une des à®les Iraniennes le long du Golfe Persique permettrait aux Russes de surveiller la flotte de l’OTAN dans ces eaux mais aurait bien-sà»r comme conséquence de rapprocher sensiblement la Russie de l’Iraq et des pays arabes…La Russie serait ainsi tout naturellement informée de l’intégralité du trafic maritime crucial de ce Golfe et serait à même d’arraisonner tout bâtiment qui lui semblerait suspect, ce que pratique du reste la marine américaine depuis des décennies.

En échange de ces bases accordées par les autorités Iraniennes, la Russie contribuerait activement à la modernisation de leur défense aérienne et contribuerait à l’implantation de missiles de défense le long de la frontière Iranienne tellement importants pour parer à une attaque Israélienne ou américaine contre des installations nucléaires Iraniennes! De plus, le choix des Iraniens serait facile, voire naturel : la Géorgie n’a-t-elle pas autorisé les aviations américaines et Israéliennes à survoler librement son territoire et à faire usage de ses bases militaires en cas de frappes contre l’Iran?

Par ailleurs, la Russie et l’Iran qui disposent respectivement des premières et secondes réserves mondiales de gaz, pourraient se liguer en un cartel du gaz – déjà qualifié par certains d’ “OPEP du gaz” – qui contrôlerait plus de 60% du gaz mondial! Ce cartel serait ainsi à même de définir librement – et dirions-nous en fonction de ses humeurs – les tarifs gaziers avec l’impact que l’on sait sur une Europe entièrement en dépendance! Cette coopération entre les deux pays pourrait en fait se développer sur bien d’autres secteurs d’activité, dont celui de la construction de centrales nucléaires russes avec, à la clé, des contrats portant sur des dizaines de milliards de dollars…

Enfin, un tel rapprochement entre la Russie et l’Iran pourrait à terme semer les germes de la création d’une axe Moscou-Téhéran-Pékin. La Chine s’est en effet assez nettement distancée de l’attitude occidentale russophobe vis-à -vis du conflit entre la Russie et la Géorgie et un éventuel rapprochement avec l’Iran autoriserait par exemple ses compagnies pétrolières à tirer un maximum de profits de l’exploitation pétrolière renaissante d’un Iraq désormais sous influence Iranienne.

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