De la responsabilité de l’OMC dans la crise

février 13, 2010 0 Par Michel Santi

La dérégulation à outrance des marchés financiers ayant abouti à la crise des années 2007-2010 remonte au 1er Mars 1999.

C’est en effet sous l’impulsion de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) que des nations aussi diverses que Bahrein, les Etats-Unis ou l’Australie et représentant 90% du chiffre d’affaires mondial en terme de services financiers signèrent le “Financial Services Agreement” (FSA) qui devait consacrer l’invulnérabilité des “Too Bigs To Fail”. Cet accord ouvrait ainsi une voie royale aux fusions d’établissements financiers d’importance moyenne qui avaient dès lors la bénédiction de l’OMC et de ses membres pour se transformer en mastodontes sans devoir être inquiétés par les autorités internationales ni devoir leur rendre des comptes…

L’OMC, qui tentait déjà depuis plusieurs années de promouvoir la dérégulation financière sous couvert de libéralisation du commerce international, imposait ainsi aux nations signataires de ne s’engager dans aucune réglementation, pour certains pays de procéder à une libéralisation à pas forcé, de leurs services financiers! Dans la foulée, les Etats-Unis s’engagèrent à répudier le fameux Glass-Steagall qui devait effectivement être abrogé 8 mois plus tard…

En fait, les Etats-Unis décideront en cette occasion de quasi supprimer progressivement toute régulation financière intérieure afin de se mettre en conformité avec les accords dits du “GATT”. Plus aucune restriction sur les nouveaux produits financiers, ouverture totale de leur marché à toutes les entreprises actives dans la finance et encouragements à la création de corporations géantes, telles étaient donc les directives acceptées le coeur léger par des pays qui considéraient cet accord comme une percée considérable dans l’histoire de la civilisation moderne.

Aujourd’hui, les timides velléités de l’Administration Démocrate Américaine au pouvoir à mettre en place une régulation financière digne de ce nom sous battues en brèche et rendues caduques par l’OMC qui ne manque pas de rappeler aux pays signataires leur engagement de ne plus réguler! Ces pays ont en effet de facto abandonné leur sort aux Too Bigs To Fail en neutralisant et en limitant de manière décisive la marge de manoeuvre de leurs régulateurs. Wall Street peut dormir tranquille car l’OMC veille au grain, les Etats-Unis n’adopteront pas de sitôt de lois interdisant produits à risques ou établissements financiers à buts purement spéculatifs! De surcroà®t, ces Too Bibs To Fail poussent en faveur de la signature des accords dits de “Doha” qui exigent virtuellement une disparition pure et simple de toute régulation financière.

Décidément, il y a quelque chose de pourri dans ce terme de “dérégulation” aujourd’hui devenu synonyme d’escroquerie.

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