Prochaine hausse de taux US ?
” Nous avons prêté des sommes immenses aux Etats-Unis et sommes bien-sà»r inquiets pour la sécurité de ces avoirs : Pour être honnête, je suis certainement un peu inquiet”, c’est en ces termes explicites que s’est tout récemment exprimé Wen Jiabao, Premier Ministre Chinois. C’est la première que la Chine exprime ainsi au plus haut niveau ses préoccupations – et même ses angoisses – relatives à ses investissements pharaoniques en Bons du Trésor Américains, faisant état du risque latent de défaut de paiement de l’Etat Fédéral US.
Les relations sont certes généralement tendues entre un créancier et son débiteur mais ces déclarations à vrai dire peu diplomatiques trahissent l’élévation du niveau d’alerte des Chinois dans un contexte précaire – qui est le leur – o๠ils ont ralenti leurs acquisitions de papiers valeurs Américains en ce début d’année 2009. Au demeurant, les réserves monétaires Chinoises qui régressent – puisqu’elles ont enregistré des baisses records à respectivement 32.6 et 31.2 milliards pour Janvier et Février 2009 – achèveront de modifier qualitativement et quantitativement la nature des relations Américano-Chinoises.
Les Etats-Unis seront-ils contraints de relever leurs taux d’intérêts – dans le but d’attirer d’autres capitaux – lorsque la Chine diminuera ces achats? Dans le contexte actuel o๠les déficits US, déjà gigantesques, poursuivront leur aggravation du fait des multiples stimuli, leurs taux d’intérêts sont de toute façon condamnés à remonter à l’horizon fin 2009. Le marché dictera en effet sa décision à la Réserve Fédérale Américaine – qui table sur des taux en-dessous de 3% sur les 12 mois à venir – même si ce resserrement de la politique monétaire US interviendra à un stade o๠l’économie du pays, probablement en timide reprise, en sera sévèrement affectée! Le corollaire à ces taux US plus attractifs consistant en une appréciation -en tout cas initiale- du billet vert.
L’époque est effectivement révolue o๠la Banque Centrale Américaine, dans un souci de ne pas casser la croissance, exerçait un contrôle incontestable sur ses taux d’intérêts, les empêchant de s’apprécier par des injections de liquidités répétitives. Dans le monde d’aujourd’hui, la Fed a de facto délégué une partie importante de ces prérogatives – et de ce pouvoir – aux détenteurs étrangers de ses Bons du Trésor. Certes, la Chine, qui a désespérément besoin d’une relance de la consommation Américaine, remplira sa part du contrat et tentera de ne pas contribuer à ses hausses de taux d’intérêts, au besoin en intensifiant ses achats de Bons.
Nul ne peut prédire cependant comment ces diverses forces souvent antagonistes sont susceptibles de s’articuler car l’équilibre – fragile par nature – définissant les taux d’intérêts peut être également rompu par une reprise économique US plus rapide que prévu!
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Michel