Un Trillion ne fera pas le bonheur

mars 30, 2009 0 Par Michel Santi

Le dernier plan en date du Gouvernement US qui prévoit d’assainir les bilans des Banques à hauteur de 1’000 milliards de dollars de créances et actifs douteux risque de ne procurer qu’un répit de courte durée. En effet et comme par magie, d’autres actifs toxiques surgiront au grand jour dès que ce (premier) Trillion sera absorbé!

Les Banques Américaines ayant ainsi extrait de leur bilan une masse de véhicules d’investissement qu’elles seront prochainement contraintes de réintégrer à ces bilans, il est donc peu probable que ce sauvetage de 1’000 milliards de dollars améliore le marché des crédits en motivant les établissements financiers à prêter plus…Cette frilosité des Banques risque du reste de perdurer encore pendant quelques années précisément du fait de la masse de ces actifs hors-bilan des quatre plus importantes Banques Américaines qui annonçaient ainsi à fin 2008 un chiffre de 5’200 milliards de dollars. Autrement dit, Bank of America, Citigroup, JP Morgan Chase et Wells Fargo ne seront pas vraiment soulagées par ce Trillion gracieusement offert par le Gouvernement US et ne seront pas tentées de s’engager dans de nouvelles opérations de crédit…

Ces actifs pourris et cachés sont en fait prosaïquement des crédits auto, des crédits sur cartes bancaires et des prêts immobiliers introduits dans une sorte de shaker financier et revendus à des investisseurs après avoir été découpés en titres. C’est précisément le mouvement inverse – c’est-à -dire le retour progressif de ces titres vers les Banques émettrices et à leur bilan – qui rend improductive, en tout cas pour le moment, toute tentative d’ouverture des vannes du crédit. Et pour cause puisque le retour de ces titres doit également s’accompagner d’un changement des mentalités au sein même de la profession, les Banquiers ayant sciemment extrait ces titres de leurs bilans respectifs à l’époque afin d’optimiser leurs profits en conservant un minimum de réserves en capital grâce à l’escamotage de tous ces engagements de leur comptabilité…

C’est un changement profond des mentalités qui s’impose en en fait car c’est précisément ce tour de passe-passe permettant de sortir ces prêts des bilans bancaires qui est le principal responsable de la bulle du crédit, artifice ayant autorisé au passage les établissements bancaires à soustraire ces actifs de la supervision du régulateur. Les autorités Américaines souhaitent à présent que ces actifs hors bilan – dont la manipulation avait précipité la débâcle d’Enron – réintègrent progressivement les comptes officiels des Banques mais il est plus que probable que ces exigences soient atténuées ou assouplies par une partie de la classe politique US préoccupée par ménager l’establishment financier.

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