New York et Londres irremplaçables

octobre 30, 2008 0 Par Michel Santi

Les places financières de New York et de Londres seront-elles prochainement et du fait de la crise supplantées par Hong Kong, Tokyo, Shanghai ou Singapour? Ces places Asiatiques sont manifestement plus importantes aujourd’hui qu’il y a vingt ans. Du reste, le rachat par la banque japonaise Nomura des opérations asiatiques et européennes de Lehman prouve, si besoin est, la place prépondérante de la finance asiatique.

Néanmoins, les domaines d’activité financière ayant contribué à mettre Wall Street à genoux ne se déplaceront pas nécessairement vers l’Asie. En effet, cette propension à prendre des risques ayant autorisé l’expansion sans précédent de Wall Street ne fait pas partie de la culture Asiatique et la quasi totalité du secteur de la banque d’investissement ne migrera pas vers l’Asie pour la simple et bonne raison qu’il a cessé d’exister! Cet écho système de banquiers habitués à prendre des opérations à fort levier au petit-déjeuner, responsables de nombre d’innovations – et de banqueroutes – dans les marchés financiers comme les subprimes sont persona non grata en Asie…

Hong Kong, Dubaï, Tokyo feront-ils preuve un jour de l’inventivité des banquiers Nord-Américains, qualité essentielle pour transformer une place financière régionale en centre mondial des affaires? De fait, l’atout principal du continent Asiatique consiste en le fait qu’il est le créancier mondial numéro 1. Pour autant, disposer de réserves monétaires gigantesques prêtes à s’investir dans tous types de domaines d’activité ne suffit guère à constituer une place financière majeure qui nécessite des techniciens compétents, un environnement légal qui tienne la route et une monnaie librement convertible…

Par exemple, Singapour – qui rêve d’occuper ce rôle – peut continuer à rêver car ce n’est pas avec une population de quatre millions d’habitants qu’elle pourrait rivaliser avec New York ou avec Londres! La très active Hong Kong n’a pourtant que peu à apporter sur les marchés obligataires, des matières premières ou des Changes. De plus, la moitié de la capitalisation de son indice Hang Seng est constitué de sociétés chinoises, ce qui ne fait que mettre en évidence son rôle régional…

Tokyo, qui est une ville disposant d’infra structures et de matière grise, reste une ville mal aimée, en dépit de son statut de capitale de la deuxième économie du monde! Enfin, Shanghai dont l’objectif est de se transformer en place internationale à l’horizon 2020 ne pourra prétendre à rien tant que la devise nationale chinoise, le Renmimbi, ne sera pas totalement et librement flottante. Sans négliger que sa bourse est probablement la plus volatile au monde, ayant pris 82% l’an dernier pour en reperdre 65% cette année!