Mais où sont les traducteurs d’antan ?

En présence d’une personne en charge de la traduction, non souhaitée par Zelensky, la débâcle du bureau ovale aurait pu être évitée.
Ce traducteur aurait bien sûr permis au président ukrainien d’être plus précis dans sa communication. Mais il aurait surtout contribué à amortir et à calmer les tensions, par son choix des mots, par son ton posé, par sa manière de restituer les termes de Zelensky. Une tierce partie aurait donc utilement dilué l’agressivité ambiante et constitué une sorte de barrière qui aurait, à l’évidence, permis d’éviter ces vives joutes verbales entre les interlocuteurs. Les parties en présence auraient ainsi pu se donner le temps de réagir avec moins d’impulsivité, et Zelensky aurait également pu, par la suite, nuancer ses propos en invoquant une traduction inappropriée.
Il est significatif de constater que l’avenir de l’Ukraine, ainsi que celui de Zelensky lui-même, dont la vie est désormais en danger, aurait pu prendre une tout autre tournure en présence de ces traducteurs, qui s’efforcent volontairement de rester transparents et d’une discrétion absolue afin de laisser aux chefs d’État le temps de maîtriser leurs émotions.
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Des “traducteurs d’antan”, ah bon ? Oui et Non ! D’un côté de l’échiquier, nous avons un ancien professionnel de l’image – acteur; humoriste; scénariste; réalisateur et producteur de télévision – maîtrisant mal ses émotions (biais cognitifs) compte tenu du contexte humain et économique de l’Ukraine (qu’il préside) et des enjeux de la géopolitique mondiale, et de l’autre une bande de fanatiques au service d’une idéologie coercitive et dénouée de toute rationalité, aussi bien économique, sociale que sociétale. Une puissance avancée sur le plan économique (*) mais qui en réalité est restée assez primitive, vu que la “loi de la jungle” reste le leitmotiv des États-Unis. Et “la psychologie du comportement” (Béhaviorisme) telle que théorisée par Bechterev en Russie, et Watson aux Etats-Unis, ne jugeait pourtant pertinent de recourir à “des traducteurs” à l’époque pour décrire à leur population respective (voir mondiale pour Hegemon) un traitement de choc.
Ailleurs, plus particulièrement au sein des “sciences économiques et sociales”, John-Maynard Keynes s’était bien exercé à la tâche en soulignant les biais cognitifs de nos “esprits animaux” tandis que les classiques et néoclassiques demeuraient biberonnés au concept de John Stuart Mills. Quant aux travaux de Ivan Pavlov (médecin russe) – “Réflexes conditionnels” – faut-il vraiment revenir sur les desseins qu’ils ont joué [notamment en Occident] au prisme de l’évolution de la discipline des “sciences comportementales”, respectivement “l’économie comportementale” (EC) et la “finance comportementale” (FC) et leurs impacts directs sur nos sociétés réelles (mesurables par l’accroissement des inégalités au 21ème siècle et la destruction de notre environnement naturel et nos ressources) ? Ainsi, à partir du précédent changement de paradigme en 1971 [monétaire, financier, économique et sociétal] les États-Unis n’ont-ils pas eu recours durant à un “cow-boys” fantoche pour faire le job sans recourir à un “traducteur”? Lorsque cet acteur de cinéma et président de la plus grande puissance mondiale – Ronald Reagan – annonçait la couleur à ses “alliés vassalisés” par sa “déclaration brutale d’investiture du 20 janvier 1981: – L’État n’est pas la solution à notre problème. L’État est notre problème ! annonçant le démantèlement méthodique du long processus bienfaisant du New Deal ayant préfiguré la social-démocratie de l’Europe de l’Ouest d’après-guerre”…
https://michelsanti.fr/neoliberalisme/debacle-de-truss-des-marches-devenus-lanceurs-dalerte
Cette vue de l’esprit de l’acteur de cinéma américain [doté d’une “bien-pensance”?] Ronald Reagan, est assez cocasse si on l’appréhende dans “le temps et l’espace”, car comme je l’ai déjà souligné lors d’une précédente analyse, l’”économiste et anthropologue américain, David Graeber, n’était-il pas parvenu, lui aussi [avec son ouvrage: “Bureaucratie”] au constat suivant: “Toute initiative gouvernementale conçue pour réduire les pesanteurs administratives et promouvoir les forces du marché aura eu pour effet ultime d’accroître le nombre total de réglementations, le volume total de paperasse et l’effectif total des agents de l’Etat” (un paradoxe). Dingue, n’est-ce pas? Ben non, pas vraiment, si l’on poursuit (également) ce phénomène aux États-Unis sous l’angle de la professeure d’histoire des sciences à l’université de Harvard, Naomi Oreskes [*Le Grand mythe – Comment les industriels nous ont appris à détester l’État et à vénérer le libre marché by Erik M. Conway & Naomi Oreskes – Janv. 2024].
” (…) Nul n’a fait davantage que Ronald Reagan pour ancrer ce mythe dans les esprits, mais le terrain avait été soigneusement préparé pendant des décennies par les industriels américains et leurs alliés. Sans relâche, ils ont combattu les réglementations visant à limiter le travail des enfants, à assurer les travailleurs contre les accidents, à venir en aide aux plus démunis ou encore à lutter contre les monopoles. ➡️Ils se sont surtout employés à imprégner la société de leurs idéaux libertariens en réécrivant les manuels scolaires et en influençant la culture populaire, sans jamais cesser d’agiter le spectre du communisme (…) Le méchant gouvernement et un marché pétri de bonnes intentions. Ce mythe a été affiné, propagé et martelé durant une centaine d’années, au point de passer aujourd’hui pour une évidence dont l’emprise menace les démocraties (…)
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Raymond – novembre 7, 2022 à 12:44 pm
(…) Il n’est pas inintéressant [non plus] de revenir à cette conférence organisée en 2008 à Napa, en Californie, et portant le titre “A short course in behavioral economics” où l’éminent hétérodoxe et très respecté professeur en économie, Richard Thaler, ajoutera en ses termes sur ce qui l’a amené à façonner le domaine de l’économie comportementale: “Lorsque vous étudiez l’économie, vous vous retrouvez à étudier cette créature fictive, Homo economicus … Je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme ça”. Homo economicus? Selon la description faite en ses termes par l’éminent professeur de sciences du comportement et d’économie, Charles R. Walgreen, à Chicago: “il pourrait examiner une douzaine de prêts hypothécaires (un exemple parmi tant d’autres) et déterminer immédiatement lequel est le meilleur, déterminer combien épargner pour la retraite, quelle carrière choisir, quel conjoint choisir. Ils ne mangent jamais trop ni ne boivent trop. Ils sont un peu bizarres”!
Et à juste titre, après avoir démonté certaines certitudes néolibérales – Thaler résumera une situation inquiétante avec cette phrase: “- Ce sont les fous qui sont désormais à la tête de l’asile!” (…)
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La bien-pensance en main libertarienne ou les États-Unis mis à nu ? [Ai-je fais référence au conte de Hans Christian Andersen : “Les Habits neufs de l’empereur”] 🙊🙈🙉