
Promouvoir la créativité humaine
Le terme de labeur nous vient de l’époque médiévale et a coïncidé – ou est issu ? – du déclin de l’esclavage en Europe et de l’adoption généralisée de l’argent comme moyen de paiement. Le travail fut en effet une manière de monétiser l’effort et le talent humains. Quant à la productivité, sa perception est née vers le milieu du XVII ème siècle lorsque les processus d’industrialisation et d’urbanisation commençaient à modifier fondamentalement la société de l’époque, essentiellement basée sur l’agriculture. En ce temps-là, croissance économique rimait avec conditions de travail très précaires, voire dangereuses, car les ouvriers étaient contraints de s’exposer afin d’extraire la matière énergétique indispensable au fonctionnement des industries et des manufactures. Autrement dit, le salaire n’était pas seulement payé par les employeurs en échange d’un travail le plus souvent pénible et fastidieux : il était également le prix du sacrifice de la santé – souvent de la vie – de ces travailleurs. La croissance économique était le plus souvent édifiée sur le sacrifice humain.
Ce n’est qu’à la faveur de la mécanisation – donc le remplacement progressif de l’homme par la machine pour les tâches les plus pénibles – que la distinction entre travail et vie put s’établir. Tandis que le temps passé au travail autorisait un gain économique et financier, celui consacré à la vie désormais qualifiée de “privée” se révéla petit à petit crucial pour notre équilibre physique et psychique. En dépit – ou grâce? – au travail qualifié et de l’hyper spécialisation des tâches en vigueur actuellement, la plupart d’entre nous vit pour le week end, pour les vacances, revendique un droit à la déconnexion ou la semaine de 35 heures… Les employeurs rivalisent désormais en inventivité – ou en manipulations ? – pour tirer plus d’heures de travail de leurs salariés. Ne nous faisons pas d’illusion: les aspects jeunes, branchés voire ludiques des «open space» des start-ups et des entreprises techno – dont il est prouvé qu’ils sont générateurs de stress tant ils sont bruyants – ont surtout pour objectif d’allonger les heures de travail de leurs collaborateurs. Selon cette même logique, Facebook n’a-t-elle pas récemment offert 10’000 dollars de bonus à ceux de ses salariés ayant opté de vivre près de leur lieu de travail ?
Pourtant, en 2017, la productivité n’est plus nécessairement corrélée aux heures de travail passées au bureau. A l’ère de la robotisation, il devient donc fondamental de promouvoir et d’apprécier la créativité, qui est notre valeur ajoutée différentiante, que nulle machine et qu’aucun robot ne pourront insuffler. Réjouissons-nous, du reste, de cette évolution fulgurante du concept de travail depuis l’époque médiévale car, un jour très prochain, il ne nous sera demandé – à nous les humains- que d’être créatifs.
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Michel