Au firmament des dettes

Les USA trônent : 34,5% de la dette universelle avec 38 Trillions $, soit un monolithe 1,6x plus lourd qu’une Europe éclatée (21%, 23T$).

Nuances fondamentales toutefois, car les Etats-Unis ont le $ et…

Rappel : Le PIB Nominal Total montre la “puissance brute” et le PIB par habitant l'”efficacité individuelle“…
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Mes prises de position macro économiques furent autrefois qualifiées d’hétérodoxes. Elles sont aujourd’hui communément admises et reconnues. Quoiqu’il en soit, elles ont toujours été sincères.
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1. Un voyage dans le temps et l’espace pas foncièrement rassurant compte tenu des États-Unis qui jouent la montre. Une dette nationale représentant toutefois un fardeau d’environ 111 000 $ par citoyen ou 287 000 $ par ménage. Une dette brute qui devrait, d’après les projections théoriques et hors chocs majeurs, atteindre 156% du PIB dans les trentes prochaines années; alors que Washington verse déjà plus de 3 milliards $ d’intérêts par jour, avec des engagements totaux qui augmentent d’environ 6,9 milliards par jour. Les véritables enjeux, comme beaucoup s’accordent à le répéter, n’est pas le chiffre global de la dette mais la dynamique des intérêts, de la soutenabilité et du refinancement. Les seuls coûts d’intérêts constituent déjà l’un des postes budgétaires à la plus forte croissance et devraient atteindre 1800 milliards $ de dollars d’ici 2035, ce qui constitue un véritable piège à la puissance publique. Or, par roulement de la dette, nous n’ignorons non plus que les pays ayant maintenu une dette supérieure à 120% du PIB sur de longues périodes enregistrent une croissance plus faible, des primes de risque plus élevées et surtout moins de marge pour relancer l’économie en cas de choc. Le risque de “crowding out” — lorsque l’emprunt public massif absorbe le capital privé disponible pour l’investissement productif — devient alors réel ! Nous ne pouvons également ignorer qu’environ un tiers des titres du Trésor américain arrivent à échéance dans les trois prochaines années.
2. Les États-Unis jouent la montre car réduire la dette par l’austérité demeure très complexe, surtout que ce mécanisme accroît les inégalités et que ces dernières sont autant de freins à la croissance économique. Réduire la dette au prisme de la répression monétaire que joue l’inflation? Elle reste contenue par les objectifs des banques centrales. La répression financière sur certaines formes d’épargne? Bien que possible, cela risque de fausser les marchés, doper l’instabilité et saper la confiance des investisseurs. Voir embraser la planète finance. Reste à parier sur la croissance – qui demeure cependant illusoire à moyen terme, et surtout fortement inégalitaire, faute d’une injustice fiscale pathologique – à moins que la technologie [à dissocier du progrès au sens de l’Humanité] n’entraîne une véritable révolution de la productivité à l’aune de cette illusion en la “destruction-créatrice Shumpétérienne” voulue par l’Intelligence Artificielle.
Une tulipe ! Une technologie qui détruira bien plus d’emplois qu’elle ne parviendra à en générer par ses débouchés. Une autre exubérance-irrationnelle ! Aujourd’hui encore, si les actions ont progressé aux États-Unis, “créant un effet de richesse soutenant la consommation” – selon la formule choisie – du moins pour les 10 % les plus riches de la population – ne l’oublions pas ! – eux qui détiennent 87 % du marché actions. Alors que les 40 % des ménages les plus aisés aux États-Unis représentent actuellement 60 % de la consommation totale du pays. Tandis qu’environ 42 millions de personnes, soit un Américain sur huit, bénéficient aujourd’hui du programme fédéral d’aide alimentaire en recevant en moyenne 177 $ par personne et par mois, selon les dernières données du ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA).
3. Révélateur d’un autre phénomène, Rich Garrity, membre du conseil d’administration de la National Association of Manufacturers s’est exprimé sur le déficit de programmes de formation dans une tribune du New York post: “Ce n’est pas seulement la main-d’œuvre qui nous manque , mais surtout les compétences nécessaires pour répondre aux besoins de l’industrie manufacturière du XXIe siècle”. Les analystes de Goldman Sachs, dirigés par Evan Tylenda, ont, eux, publié une note d’observation sur les risques émergents sur le marché du travail et sur la manière dont les entreprises s’adaptent au vieillissement démographique et à la diminution du nombre de travailleurs disponibles: “Décalage croissant entre une offre excédentaire de travailleurs diplômés et une pénurie grandissante de talents pour les emplois manuels ne nécessitant pas de diplôme”.
D’autres membres de l’équipe se sont entretenus avec le démographe du travail Ron Hetrick, qui a notamment expliqué comment le marché du travail américain entre dans un ralentissement structurel dû au vieillissement de la population, à la baisse du taux de natalité et à l’affaiblissement de la participation des travailleurs âgés. Doit-on aussi écarter ce constat qu’aujourd’hui, plus d’Américains qu’à aucun autre moment au cours des deux dernières décennies ne déclarent vouloir quitter définitivement les États-Unis, ce sentiment étant de plus en plus politisé depuis 2017. Le désir des jeunes Américaines de quitter les États-Unis a atteint des niveaux sans précédent ces dernières années, creusant l’écart entre les sexes à plus de 20 points, le plus important jamais enregistré pour un pays dans le sondage mondial. Contrairement à leurs homologues des autres économies avancées, les jeunes Américaines se distinguent aujourd’hui du reste des États-Unis à plusieurs égards. Elles ont de moins en moins confiance dans les institutions nationales et envisagent leur avenir au-delà des frontières américaines.
4. Si tous les paris [valorisations boursières & dettes hors bilan des entreprises cotées] sont axés vers l’IA [une tulipe?] comme cet élément essentiel d’une “destruction-créatrice” [une idée zombie?] vecteur d’une hypothétique croissance économique déjà concentrée entre quelques Artistocrates autoritaires, n’oublions pas que les charges de travail liées à l’IA ne consomment pas d’énergie comme l’informatique traditionnelle [le numérique]. Selon de plus en plus d’experts qui osent à présent sortir du bois, ces activités spécifiques connaissent des pics, des périodes d’inactivité et des fluctuations de milliers de fois par seconde, générant des profils de charge qui ressemblent moins à une courbe de demande plate qu’à un électrocardiogramme.
Pour les fournisseurs d’énergie et les gestionnaires de réseaux de transport, cette volatilité est plus qu’un simple désagrément : elle constitue un facteur de déstabilisation pour les lignes électriques et les sous-stations locales, qui n’ont jamais été conçues pour supporter de telles variations rapides. Les experts du secteur tirent la sonnette d’alarme depuis plus d’un an !!! De récentes évaluations de la fiabilité ont mis en évidence l’essor de nouvelles charges importantes, telles que les campus dédiés à l’IA, les mineurs de cryptomonnaies et les usines d’hydrogène, qui redéfinissent le fonctionnement du réseau.
La Noth American Electric Reliability Corp. a fait part de préoccupations similaires concernant ces nouveaux types identifiés de charges, notamment leur croissance imprévisible, leurs variations de puissance extrêmes et les difficultés de coordination qu’elles engendrent pour les fournisseurs d’énergie et les gestionnaires de réseau. Sans compter l’effet secondaire, et non des moindres, de la hausse des coûts de l’énergie envers les industries et les ménages.
5. Le véritable progrès, c’est ça :
“L’incapacité du PIB à traduire l’amélioration de la qualité de la vie et du bien-être et la préservation de l’environnement doit être compensée par la construction et la visibilité d’indicateurs portant sur la répartition des revenus et des ressources, la réduction des inégalités de toutes sortes, les conditions d’emploi et de travail, la durée du travail, le temps libre, l’accès aux soins et à l’éducation, la qualité de l’alimentation et du logement, l’état quantitatif et qualitatif des ressources naturelles, etc. Ces indicateurs doivent être conçus comme complémentaires aux indicateurs monétaires”.
https://michelsanti.fr/pib/les-pib-respectifs-des-nations-de-ce-monde