
La globalisation m’a tuer !
La globalisation n’a pas tenu ses promesses! Elle qui devait utiliser les marchés à bon escient pour le plus grand bien d’une économie censée devenir plus efficiente et plus productive. Elle dont on attendait qu’elle convertisse notre société en une légion d’actionnaires. Elle dont les secrétions permettraient la propriété immobilière pour tous. Elle dont les fruits éloigneraient le spectre du totalitarisme. Elle présida en fait à l’accumulation frénétique des endettements publics et privés, résultats de la dérégulation à outrance entreprise depuis la fin des années 70.
Les crises financières à répétition qui montèrent en puissance et en gravité depuis les années 80 sont en effet la résultante de la globalisation, à qui l’on doit l’affaissement des recettes publiques, l’érosion des protections sociales, la montée en puissance des coût de santé, la baisse de la productivité, la réduction ininterrompue des salaires (qui n’avaient pourtant cessé de grimper jusqu’à Bretton Woods), l’explosion du chômage, la flambée des inégalités et bien-sûr l’avènement de l’austérité. En résumé, la prospérité censée découler de la globalisation fut très vite remplacée par une intensification progressive de l’insécurité sociale, matérielle, économique et- accessoirement- par la crise financière la plus grave depuis 1929. Cette idéologie du « laissez-faire » – préalable non négociable à la globalisation- conduisit donc à une véritable dislocation du tissu social et à une quête logique de protection de la part de nos populations occidentale sinistrées et lésées par l’instauration d’un authentique Far West économique.
Aujourd’hui, il devient crucial de restaurer l’autorité de l’Etat, de mettre en place une régulation digne de ce nom et de rétablir le contrôle des capitaux afin de mater cette globalisation qui bat nos démocraties en brèche, et qui livre nos sociétés en pâture aux instincts animaux les plus répréhensibles et (sciemment) les moins contrôlables. Sans être passéiste ni nostalgique, comment ne pas simplement constater que les trois décennies ayant précédé l’avènement de la globalisation – époque marquée par la gestion stricte des flux de capitaux transfrontaliers- fut aussi une ère de plein emploi, de société égalitaire, de forte productivité, de consommation florissante, d’endettements publics inexistants et de dirigeants politiques responsables ? Car un fait s’impose, à savoir que l’expansion de la croissance économique connut un ralentissement marqué dès 1975, alors qu’elle fut florissante entre 1950-1975.
Que ce retour du contrôle des capitaux ne soit pas qualifié de réflexe communiste, ni taxé de volonté Etatiste, car Keynes lui-même – peu suspect de ces deux travers – en était un fervent défenseur.
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Michel