«Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème», John Connally

80% des dollars en circulation ont été créés…ces 5 dernières années!
Une telle accélération, sans aucun précédent dans l’Histoire macroéconomique du pays le plus puissant du monde, est-elle susceptible de nuire au $ en tant que monnaie de réserve?
Je pense, pour ma part, que c’est le contraire et que le $, une fois de plus, est utilisé comme arme.
Cette intense création monétaire est au service du massif Inflation Reduction Act (IRA) = 800 milliards de dépenses, des acquisitions tous azimuts d’entreprises en Europe, et de la stratégie géopolitique globale des Etats-Unis.
Un constat: ils sont capables de multiplier, et de démultiplier, leur création monétaire sans pressions inflationnistes, ce qui revient à conclure que ces $ ne viennent pas juste inonder l’économie, mais qu’ils sont utilisés à bon escient…

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Mes prises de position macro économiques furent autrefois qualifiées d’hétérodoxes. Elles sont aujourd’hui communément admises et reconnues. Quoiqu’il en soit, elles ont toujours été sincères.
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“Il y a deux façons de conquérir et d’asservir un pays. L’une est par l’épée. L’autre est par la dette” Dixit John Adams 1735-1826
Si le fait de financer les versements d’intérêts aux créanciers existants (T-Bonds) par de nouveaux fonds de créanciers entrants (émission T-Bonds) est un crime (un schéma de Ponzi alimenté grâce à la courroie de transmission de la monnaie de réserve mondiale) – parallèlement à de notables allégements fiscaux accordés aux p’tits copains d’abord – et si l’équilibre budgétaire consiste à matraquer les biens régaliens à l’image des bébés phoques, là aussi y a du massacre dans l’air ! Mais au sein de notre monde orwellien, il ne faudrait se faire un sang d’encre puisque tout baigne…Sauf que !
Dette fédérale en % du PIB de 1941 à 2024…
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Rappelons-nous qu’iI fut un temps où l’équilibre politique (pragmatisme et consensus sur l’autel des choix publics) américain était évident dans la trajectoire des créances fédérales sur le PIB, après la Seconde Guerre mondiale. Suite aux épisodes de financement bipartisan en temps de guerre, le ratio d’endettement a baissé avec régularité, passant du pic de 120% de la Seconde Guerre mondiale à un creux de seulement 31% au début des années 1980 (changement de paradigme monétaire post 1971 avec la fin des accords de Bretton Woods, puis libéralisation des taux d’intérêt et nouveau courant dominant sur les “sciences économiques”: le monétarisme). En effet, ce n’est qu’après que Paul Volcker a reçu ses “directives” en 1987 par l’homme de l’argent facile au Trésor américain, James Baker, que cet équilibre de gouvernance contenant de la dette a finalement échoué. La cause de l’échec, bien sûr, a été le passage à “la monétisation” massive de la dette publique par la Fed après le départ prématuré de Volcker (ère de la financiarisation outrancière)…
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Il y a bien évidemment une ironie amère (un paradoxe) à cela, en effet, parce que Volcker était un conservateur fiscal, un homme d’argent sain et un adversaire acharné de la monétisation de la dette publique pour “la commodité” des politiciens au pouvoir. À présent, regardons l’impact futur du côté des salariés…
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Raymond – novembre 16, 2024 à 6:54 pm
(…) car si la part des salariés dans le revenu intérieur brut étasunien était restée à 51% au lieu de diminuer à 43% au cours de ces 52 années (période sous revue: 1970/2022), les salariés auraient reçu 149 000 milliards de dollars supplémentaires. OUI, c’est environ 3 000 milliards de dollars par an, ce qui équivaut à 22 000 dollars supplémentaires par an pour l’ensemble de la main-d’œuvre américaine (travailleurs à temps plein, à temps partiel, indépendants, travailleurs à la demande) de 163 millions de dollars.
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Ainsi, il n’est pas étonnant que les salariés américains sentent que leur niveau de vie est en baisse depuis des décennies: il a chuté depuis des décennies, malgré toutes les acclamations sur la grande économie américaine ! (…)
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Revenons à nos moutons, car si le rendement du dollar américain à 10 ans est en hausse de 100 points de base depuis le 18 septembre 2024, malgré la réduction par la Fed du taux au jour le jour de 100 points de base au cours de la même période de trois mois, la Fed n’a pas “nettoyé” les gouffres obligataires des nouveaux titres de dette publique qui circulent désormais à un rythme annuel de + 3 000 milliards de dollars. Ainsi, ce n’est qu’une question de temps avant que la ligne violette montante (graph’ ci-dessous) ne provoque des perturbations en cascade parmi les 100 000 milliards de dollars de dette publique et privée totale actuellement en cours.
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Souhaitons que je ne re-colle encore une fois à la maxime postulant que “les pessimistes sont d’anciens optimistes avec beaucoup d’expérience”!
Si au sein de l’environnement géopolitique actuel nous ne parlons plus de mondialisation économique mais d’un monde multipolaire aux intérêts divergents, alors nous devons aussi admettre que la planète finance reste profondément ancrée – malgré les beaux discours de politique politicienne post “Grande Récession” – à ses troubles cognitifs bipolaires; et nos gouvernements autistes sévèrement attachés aux bulles (spéculatives) qu’ils ont eux-mêmes contribués à créer par facilité crasse ! Quoiqu’on puisse en penser, nous sommes bel et bien dans une “ère de la dette et de la destruction monétaire”…
https://www.dlacalle.com/en/the-age-of-debt-and-monetary-destruction/
…car si après plus de trois lustres passés à devoir nettoyer les “écuries d’Augias” (via des bulles de dette pour tenter d’éponger les conséquences d’économies réelles fondées sur des bulles irrationnelles de toutes sortes et leur éclatement), alors nous n’avons finalement rien appris depuis la dernière grande conflagration mondiale de 2008. Toutefois, la récente démission du vice-président de la Réserve fédérale américaine (Fed), chargé de la supervision bancaire, Michael Barr, en dit long lorsqu’il y estime dans un communiqué (annonçant sa démission) que “l’environnement actuel” n’est pas propice à la réalisation de sa mission: “Le risque de conflit autour de cette fonction risque de nous détourner de notre mission [de supervision et de régulation du système financier]”.
Eh ben, y en aura fallu du temps pour finalement saisir ce que l’économiste Paul Krugman voulait démontrer avec sa “théorie du Coyote suspendu” (par analogie au paradoxe de la tranquilité de l’économiste Hyman Minsky). Celle-ci est illustrée dans les dessins animés de Tex Avery (Warner Bros.) par le personnage créé par Chuck Jones: “Vil Coyote” qui, emporté par son élan en pourchassant Bip Bip, poursuit sa course au-delà du bord d’une falaise dans les nuages, il ralentit, s’immobilise, reste un court instant suspendu en l’air et, prenant conscience soudainement de sa situation qu’il courrait dans le vide, nous regarde l’air incrédule, cherche à tâter la terre ferme avant une chute vertigineuse.