
Riches : mode d’emploi
Après l’étude publiée l’an dernier par Oxfam ayant dévoilé que huit personnes sont aussi riches que la moitié la plus pauvre de l’humanité, l’Université de Berkeley vient de révéler que la concentration des richesses était encore plus grave ! En fait, les super-riches constituant l’extrême crête de la pyramide – les 0.1% de l’humanité –dissimulent au moins le quart de leur fortune dans des paradis fiscaux leur permettant de payer nettement moins d’impôts dans les pays où ils vivent et travaillent. Hors la loi ou seulement en-dehors de la loi ? Un constat : la probabilité – et les possibilités – d’échapper au fisc augmentent exponentiellement en même temps que la richesse. En bref, plus on est fortuné et plus les opportunités de frauder sont légion.
Ainsi, dans un pays comme les Etats-Unis, les services fiscaux (Internal Revenue Services) ont-ils estimé que c’étaient pas moins de 400 milliards de dollars qui échappent annuellement aux impôts du fait de fraudes et de blanchiments divers. A cet égard, la fraude des privés n’est qu’une portion d’un mal endémique qui contamine – ou qui provient ? – du monde de l’entreprise US ayant fait de l’évasion fiscale un véritable fonds de commerce. L’ »ingénierie» – terme politiquement correct mais tellement hypocrite de mise dans ces milieux corporatifs – permet tout de même de soustraire en toute légalité 2’000 milliards de dollars par an au contribuable US, soit environ 15% du P.I.B. américain. Faut-il rappeler l’exemple d’Apple qui détient la quasi-totalité de ses réserves en cash (soit 240 sur ses 255 milliards de dollars) dans ces centres offshores lui épargnant d’être imposé dans son pays d’origine ? Apple qui – en dépit des océans de liquidités à sa disposition – emprunte en même temps des dizaines de milliards pour financer le paiement de ses dividendes et de ses rachats d’action afin de profiter en outre de taux d’intérêt historiquement bas. Les familles américaines privées des minima sociaux sous prétexte que l’Etat est fauché peuvent donc remercier Apple dont la capitalisation boursière pourrait prochainement dépasser le trillion de dollars…
Par delà l’exemple spectaculaire d’Apple, les autres entreprises américaines ne sont évidemment pas en manque d’inventivité sur le plan de l’optimisation fiscale puisque Microsoft et Cisco sont (pour ne citer qu’eux) les heureux détenteurs de respectivement 113 et 62 milliards de dollars offshore. En réalité, aux Etats-Unis comme dans le reste des nations Occidentales, l’évasion et la fraude sont tout à la fois le fait des privés et des institutionnels qui ne font que profiter d’un système économico-politico-financier visant à conforter les plus riches.
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Michel