
Plus ça change…
L’actionnariat – Durant la pandémie – s’est enrichi de 1’500 milliards de $, soit le triple de ce qu’il avait gagné en deux ans sur le même laps de temps ayant précédé la Covid. Au total, les actionnaires ont gagné 50 fois plus que les salariés et travailleurs.
Dans la continuité de mes réactions adressées à Michel Santi sur le précédent billet!
“Merci” aux politiques non conventionnelles des banques centrales – qui n’ont fait que suivre les attributions (voir exceptionnelles) de leurs mandats respectifs – mais surtout toutes nos congratulations (abus de langage ironique) à nos gouvernements respectifs ayant poursuivi aveuglément les mantras du néolibéralisme. Cet aveuglement (ou connivence avec l’idéologie mainstream) aura ainsi nourrit une “exubérance-irrationnelle” sans commune mesure sur le marché des actifs financiers et de l’immobilier, tout en exacerbant le soutien public à des entreprises déjà en mort clinique (“les zombies”). Si nous voyons bien qu’une proportion non négligeable des services de l’État, à l’instar de la France, reste dans une posture dangereuse – que pour sauver les grands malades de la noyade, cette nation a opéré son choix au détriment de l’intérêt général et du bien commun – il n’en demeure pas moins que le pays a vu sa proportion d’entreprises “zombies” croître d’une manière exponentielle depuis les années 1980. Selon une étude de la Banque des Règlements Internationaux (BRI), la part des entreprises zombies parmi les sociétés cotées a augmenté, au sein de 14 économies développées, de 4 % à la fin des années 1980 à 15 % en 2017. En France, cette part a plus que doublé entre 2007 et 2017, passant de 6,8 % à 15,6 %. Bien évidemment que la crise économique liée au Covid-19 en 2020 (et maintenant géopolitique avec le conflit en cours) contribue à une nouvelle tendance des “entreprises zombies” maintenues sous perfusion par les pouvoirs publics, alors que les soutiens dans les secteurs de la santé, la justice, l’éducation – des exemples parmi d’autres – font cruellement défaut. Comme l’on estime qu’environ un quart des entreprises zombies finissent par faire faillite, qu’elles sont en moyenne moins productives et innovantes que les autres firmes, dans ce contexte, le pari quant à la pertinence du soutien public via des prêts garantis se pose.
Outre des considérations sociales fortes, leur issue reste toutefois particulièrement délicate à en juger la BRI puisque près de 60 % des entreprises parviennent “finalement” (temporairement) à sortir de leur statut particulier. Néanmoins, nous (les hétérodoxes) constatons également que les données empiriques démontrent que le “progrès” technique dégage peu de nouveaux produits, les innovations entraînent surtout des économies de capital, l’investissement fléchit et favorise la mécanique des rachats d’actions. Si les incertitudes dans lesquelles les peuples sont enracinés depuis plus d’une décennie encouragent – et par effet de manche dopent – l’épargne de précaution, l’ingénierie financière, elle, a réussi à retirer ses marrons du feu (sa mise) en soldant l’équation tout en contribuant à un transfert des richesses du bas vers le haut (le typique contraire de la “Trickle down Theory”, respectivement le “ruissellement” qui demeure toujours un leurre). Dans ce “capitalisme actionnarial” totalement tronqué, non seulement le champ libre est donné aux “entreprises zombies” de pousser comme des champignons (soutenues par le “shadow banking”, s’il le faut, ou succombant aux sirènes du “leveraged buy-out”), mais face au fléau que représente la pandémie mondiale qui se conjugue précisément avec la quatrième révolution industrielle (numérisation, digitalisation, intelligence artificielle, robotique) et un prochain Bretton Woods monétaire avec les “crypto-monnaies” (crypto-actifs) et les nouvelles “monnaies numériques de banques centrales”, les seuls fruits du facteur Travail ne pourront assurer une vie décente à la plus large majorité des peuples, dès lors qu’il est désormais communément admis que la seule circulation du Capital, avec sa vélocité et les artifices qui lui sont dédiés grâce à la financiarisation débridée (et son ingénierie), suffit à générer du Capital neuf, à contrario du facteur Travail qui lui tend à disparaître après avoir été placé sur l’oblique d’une pyramide de Ponzi.
Comment transformer du plomb en or et de l’or en plomb? Rien de très compliqué finalement!
Patrick RAYMOND
PS: Ainsi je signe là ma dernière analyse sur ce blog que j’ai par ailleurs largement soutenu par le passé (mais avant une longue pause)