
L’économie n’est pas une science morale
Le tourisme représente 20% du P.I.B. grec. En fait, hormis les facilités offertes de nos jours par internet pour réserver ses vacances et pour la promotion des lieux touristiques grecs, ce secteur bien particulier reste très similaire aujourd’hui à ce qu’il était il y a vingt-cinq ans. Les métiers liés au tourisme exigent comme on le sait un labeur intensif se déclinant en transports aérien, maritime et routier, en restauration, en guides, etc. Autant de professions nécessitant une grande masse de travailleurs pour cuisiner, servir, conduire, nettoyer, amuser qui investissent un nombre d’heures important dans leur gagne-pain… Voilà pourquoi la quantité produite par heure et par personne n’a pas augmenté notoirement en Grèce (dans ce secteur crucial du tourisme) depuis quelques décennies.
Pourquoi ne pas comparer le secteur grec du tourisme à l’industrie automobile allemande dont la production a doublé ces 15% dernières années grâce à des gains importants en productivité ? Selon l’OCDE, la valeur créé par heure en Allemagne a en effet augmenté de 40% sur cette même période. Les allemands ne doivent donc pas leur belle croissance de ces dernières années à un sens moral aigu ou à leur frugalité exemplaire. Le citoyen allemand n’est pas supérieur, ni plus intelligent, que le grec ou que l’italien. C’est tout simplement l’efficience et la productivité de son industrie qui sécrète cette croissance allemande, tandis que la productivité d’une économie édifiée sur le secteur du tourisme peine logiquement à rattraper et à se mesurer à une activité économique -comme celle de l’Allemagne- très sensible aux innovations et aux rationalisations technologiques.
Les économies allemande et grecque (pour ne citer que ce pays) produisent donc différentes sortes de produits et de services. Alors que l’industrie allemande évolue au gré des percées et des inventions, la qualité du tourisme grec exige aujourd’hui un nombre d’heures travaillées identiques à il y a 25 ans. Contrairement à ce que pensent les allemands et les autres peuples du Nord de l’Europe qui se qualifient fièrement de « fourmis », les grecs ne sont pas paresseux. Et les déboires européens n’émanent pas d’une confrontation entre des allemands qui seraient moralement irréprochables à des grecs (à des italiens, à des portugais, etc.) qui se complairaient à vivre dans le péché.
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Michel