Un privilège exorbitant…et durable

Tenter de deviner ce que serait un monde où le $ ne règnerait plus en maître absolu de la finance et du commerce mondiaux serait équivalent à s’interroger si un poisson peut vivre hors de l’eau.
Il n’y a aucune alternative au dollar qui coule de source.
Les investisseurs ont certes d’autres choix de monnaies en termes de diversification. Aucune qui ne soit en mesure de supplanter le billet vert comme celui-ci l’a fait avec la Livre Sterling en 1945.
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Selon des chiffres datés du Fonds monétaire international – FMI – il me semblait que le dollar représentait à la fin de l’année 2021 près de 59% des réserves mondiales de change. Une part qui se réduisait déjà tendanciellement depuis 1999, année où le dollar représentait encore 71% des réserves de change mondiales. Plus récemment, le dollar a montré encore des signes d’érosion compte tenu que sa part dans les réserves mondiales de change est tombée à 57,8% à fin 2024 (FMI). Tandis que les avoirs en titres libellés en dollar détenus par les banques centrales étrangères seraient également passés de 6 690 milliards de dollars fin 2023 à 6 630 milliards de dollars fin 2024. En comptant aussi le renforcement – ces dernières mois et années – des réserves en or des banques centrales; un airbag pour l’instabilité de ce medium hégémonique. Faut-il faire une totale abstraction de l’alliance BRICS + compte tenu son poids dans le P.I.B mondial ? Alors que celui-ci atteignait tout juste 10% en 1990 pour atteindre 25,5% en 2018 et ne faisant que s’alourdir par de nouvelles adhésions. Ne doit-on pas aussi considérer à l’équation la plupart des Réserves de matières premières au monde que cette alliance BRICS + + détient (métaux précieux; pétrole; gaz naturel; minerais)?
Au sein de ce processus de dé-dollarisation au long court, faut-il parier contre la Chine (un des poids lourds de l’alliance BRICS +) qui se retrouverait au tapis d’une manière immuable, comme si Trump allait pouvoir d’un coup de baguette magique effacer le principe ricardien des “avantages comparatifs” ou la non moins célèbre “loi des débouchés” de Jean-Baptiste Say? Deux fondamentaux si chers aux néoclassiques et aux économistes “mainstream” (porte-drapeaux du courant néo-libéral – voir ultra-libéral – lors du libre échangisme) et qui reviendrait également à devoir chambouler (à raison!!!) les principaux dogmes des “sciences économiques mainstream” en Occident (entre-autres la “Supply-Side Economics”, par exemple) au sein de l’Alma Mater. La Chine, à l’aune du capitalisme d’Etat, n’aura fait que jouer une partie truquée à l’avance avec les cartes reçues (ne jouissant du privilège exorbitant d’un medium d’échange mondial; de surcroît une monnaie de réserve mondiale).
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On se souviendra juste que la production manufacturière de la Chine est passée d’environ 134 milliards de dollars en 1980 à environ 4,8 billions de dollars en 2023. Au cours de cette période, la part de la Chine dans la production manufacturière mondiale est passée de 5% à environ 30%, tandis que l’ancien leader de l’industrie manufacturière, les États-Unis, a vu sa part chuter de 21 à 17% – “au profit de son industrie financière gargantuesque” ! En 2001, la part des États-Unis dans l’industrie manufacturière mondiale a culminé à 28%, mais l’adhésion de la Chine à l’OMC en 2001, qui a ouvert le pays à l”économie mondiale, a naturellement et rapidement changé l”équilibre des pouvoirs. Enfin, peut-on affirmer que les “Réserves de matières premières dans le monde que cette alliance BRICS + + détient” n’ont qu’un rôle mineur à jouer à l’avenir vs le dollar US?
Le dollar américain est une chose (medium d’échange) mais le pouvoir de nuisance (hégémonie) qui lui est conféré, une autre !