La dette publique et le chaperon rouge

La dette publique et le chaperon rouge

septembre 16, 2017 0 Par Michel Santi

Au cours de leur histoire, les Etats-Unis d’Amérique connurent six épisodes d’excédent budgétaire. Cinq d’entre eux furent immédiatement suivis de dépressions. En outre, n’oublions jamais que l’orthodoxie – déjà puissante à l’époque – avait poussé le Président Herbert Hoover à entretenir un excédent budgétaire en 1930, soit la première année de la Grande Dépression!

Le dernier épisode en date d’un excédent budgétaire américain soutenu pendant près de trois ans fut sous l’ère Clinton auquel devait succéder la récession de 2002 entièrement redevable au surplus fédéral de 1999 ayant contraint le secteur privé à s’endetter. L’économie US connut donc l’effondrement dès 2000 du fait d’une chute de la consommation et d’une accélération du chômage, jusqu’au feu d’artifice géant de 2007. Nous serions à nouveau confrontés à une crise économico financière d’une gravité extrême si les Etats-Unis, si le Japon, si la France, si la Grande Bretagne décidaient – demain – de rembourser leurs dettes nationales.

Eh oui! Seule l’Allemagne persévère aujourd’hui sur son chemin d’indifférence impériale vis-à-vis du reste du monde en accumulant les excédents, car c’est bien la mère de toutes les dépressions qui sévirait si les autres nations importantes de ce monde décidaient de lui emboîter le pas. Leurs contribuables et leurs citoyens d’une manière générale ne seraient pas plus riches d’un centime si leurs gouvernements respectifs remboursaient leur dette nationale. Car c’est, en fait, tout le contraire qui surviendrait et qui aurait ainsi un impact ravageur sur les économies. Un pays qui solde sa dette pompe en effet de précieuses liquidités hors de son économie, car il reste moins d’argent pour tous – privés et entreprises – sauf pour l’Etat qui s’enrichit. Comprenons-le : c’est les excédents – non les déficits – qui sont aux origines des ralentissements car il va de soi qu’une économie asséchée par des dettes remboursées tombe en panne.

Il est donc impossible de faire marcher une économie sans argent, en fait sans dette, et quiconque et toutes celles et ceux qui confondent la gestion du budget d’un Etat avec celui d’un ménage sont coupables d’escroquerie intellectuelle. Contrairement à un privé ou à une famille, un Etat souverain ne peut tomber en banqueroute: ses dettes sont tout simplement les créances du secteur privé. Du reste, tout est dette. L’argent est de la dette, votre compte bancaire est une dette, le dollar et l’euro sont de la dette et – objectivement – repayer l’ensemble de sa dette reviendrait pour des Etats comme les USA ou comme la France à simplement éradiquer le dollar ou l’euro !

Cette désinformation généralisée n’ayant de cesse d’asséner que les dettes publiques représentent le mal absolu et qu’il faut laisser les marchés jouer les juges de paix n’a produit que croissance anémique, accélération du chômage, creusement des inégalités, aggravation de la précarité.

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