
Shadow Banking
Les récentes turbulences des banques – censées être régulées – masquent difficilement les menaces que fait peser le shadow banking en constante progression.
Ces entreprises de Private Equity, fonds de pension, assurances et fonds de placement offrant du crédit, hors bilan, qui échappent à toute surveillance.
Mon livre «Une banque centrale ne devrait pas faire ça» est à présent disponible sur Amazon :
Souviens-toi, Michel, de nos préoccupations d’hétérodoxes lorsque nous échangions au sein de ton blog – il doit y avoir une décennie – sur le phénomène systémique du shadow banking. Et tout ça pour ça! Merci pour le graph’.
Ceci étant dit, il n’est pas inintéressant dans le contexte actuel de reparler du camelot helvétique cherchant à promouvoir les “L-QIF”. Alors, voici mon analyse publiée le 14 novembre 2022 pour un intervenant d’un autre blog d’expert en réponse à ses préoccupations :
“Sans trop vouloir entrer dans les détails techniques, l’avantage (si l’on peut le dire de la sorte) de ce type de placement alternatif – réservé aux investisseurs qualifiés – permet de concurrencer certains fonds alternatifs étrangers (même des hedge funds) au travers d’opportunités de rendements supérieurs et par analogies des risques également, à l’instar par exemple des “Reserved Alternative Investment Funds” au Luxembourg ou le “Notified Alternative Investment Fund” à Malte; les considérations fiscales territoriales entrent également dans l’équation des “avantages”. D’autres parts, certes, le “Limited Qualified Investor Fund” peut procurer à la Suisse un lieu plus attractif et compétitif pour la place financière helvétique (vu le poids des actifs sous gestion des caisses de pension, des assurances…) sans compter qu’une redomiciliation offshore des fonds pourrait devenir une option, ce qui deviendrait intéressant pour maîtriser les coûts de fonctionnement (encore que ceci est relatif dans l’environnement de ces vingt dernières années). La Suisse verrait donc là une opportunité à renforcer le marché du capital-risque et du capital-investissement – face aux enjeux d’aujourd’hui et de demain – en ouvrant de nouveaux débouchés pour une “mise en commun plus efficace” des actifs. Ça, c’est la version du camelot, ce marchant ambulant qui vend dans la rue ou dans un lieu public sa marchandise à force de boniments.
Par contre, si l’on se penche plus en avant du côté des risques – par exemple vers les épargnants captifs au travers des structures institutionnelles de prévoyance – comme les caisses de pension par exemple – et bien que les directives ou réglementations d’investissement pour le L-QIF sont plus libérales, il n’existe pas de directives d’investissement et de règles de diversification des risques spécifiques pour les “Limited Qualified Investor Funds” car seuls “les investisseurs qualifiés” sont autorisés à investir dans un L-QIF. C’est-à-dire que la prime de risque est intrinsèquement supportée par l’épargnant captif. D’ailleurs, le “CISA” (According to the Collective Investment Schemes Act of 23 June 2006) – loi du 23 juin 2006 sur les placements collectifs (“LPCC”) – n’impose pas de restrictions pour les investissements autorisés et, par conséquent, autorise les investissements dans des classes d’actifs traditionnelles telles que, par exemple, les valeurs mobilières, les instruments du marché monétaire et l’immobilier, ainsi que dans des classes d’actifs plus exotiques, notamment les matières premières, les crypto-actifs (“cryptomonnaies”), l’art, le vin, le luxe, les marchandises ou les voitures de collection.
De plus, puisqu’aucune règle de diversification des risques ne s’applique non plus, un L-QIF (“Limited Qualified Investor Funds”) peut investir tous ses fonds dans un seul actif ou un seul type d’actifs (par exemple, des actions d’une seule société). Ainsi, même si les bases élémentaires des règles de diversification des risques ne sont pas appliquées – mais néanmoins autorisées – les techniques d’investissement doivent être communiqués aux investisseurs dans les documents du fonds. Donc, comme la plupart des autres organismes de placement collectif non conventionnels, un L-QIF peut investir dans des actifs dont la liquidité du marché est limitée ou dont la valorisation peut être difficile. Que se serait-il passé dans l’exemple de la faillite de FTX, deuxième plus importante société au monde de cryptomonnaie? Alors, bien que la LPCC (Loi sur les Placements Collectifs de Capitaux) délègue au Conseil fédéral la définition des restrictions de placement, celles-ci ne devraient pas être plus strictes que les restrictions existantes pour les fonds de placements alternatifs.
D’ailleurs, les L-QIF ne seront pas tenus de préparer un prospectus ou un document d’informations clés pour la distribution ou l’offre, car les L-QIF ne peuvent pas être proposés aux clients de détail. Vous comprenez mieux à présent ma notion “d’épargnants captifs”? De plus, la FINMA n’a pas besoin d’examiner ou d’approuver aucun document d’entreprise ou matériel de marketing. De quoi la dédouaner en cas d’aléa majeur ou de “Moral hazard Effect”.
Toutefois, histoire à s’éloigner d’éventuelles considérations ammorales, sur la première page de tout matériel de marketing et dans le cadre de chaque activité de marketing, le fonds doit être clairement appelé “L-QIF” ou “Limited Qualified Investor Fund” et il doit être clairement indiqué que le “L-QIF” n’est ni agréé, ni surveillée par la FINMA. “Un investisseur avertit n’en vaut-il pas deux”? Sauf pour les épargnants captifs!!! Bien évidemment, pour se dédouaner également, “mais pour des raisons de transparence”, le Département fédéral des finances (DFF) tiendra un registre accessible au public de tous les L-QIF et institutions responsables de leur administration. Histoire que nos homo-politicus – et leur successeur- puissent s’en laver les mains un jour ou l’autre”
Bien à toi
PS: J’encourage naturellement tout un chacun à lire ton ouvrage.
Merci cher Raymond.
As-tu déjà lu BNS ?
Crois-tu honnêtement que je vais en apprendre beaucoup plus sur le sujet du “Hedge funds BNS” que je ne sache déjà (au titre d’initié de la finance) cher Michel? Par contre, pour “le quidam”, c’est tout autre chose!
L’impossible régulation des dérivés? Il y a un lustre, la Suisse était déjà “bien lotie” avec une valeur nominale des dérivés équivalente à 26’000 fois le PIB du pays. Pas de quoi fouetter un politicien ni un régulateur! (Ironie)
“S’il est très difficile d’obtenir des chiffres précis quant aux montants en jeu, en octobre 2018, l’Autorité européenne des marchés financiers a publié des données concernant 2017, qu’ont relayés Les Échos: «Les montants notionnels des CDS, swaps de taux, futures sur matières premières et autres Contracts for difference ont progressé de 9% en 2017 pour atteindre 660.000 milliards d’euros en notionnel.» Quant au prof. Marc Chesney, il estime que la valeur nominale des produits dérivés pour la Suisse équivaut à 26.000 fois le PIB du pays (…)” Dixit Professeur Marc Chesney, enseignant en finance à l’Université de Zurich.
https://articles.independancefinanciere.fr/le-systeme-financier-face-a-ses-bombes-a-retardement/