Monde : pronostic vital engagé
C’est toujours les sempiternelles questions qui nous tourmentent lorsqu’une bulle implose et fait des ravages humains, économiques, écologiques: comment en est-on arrivé là ? Que s’est-il passé ? Notre monde se retrouve aujourd’hui dans une situation critique et sans trop de précédents historiques car nous sommes désormais tous otages de bulles multiples et à répétition.
Celle qui isole les gouvernants, la surchauffe des bourses pulvérisant jour après jours leurs records historiques de hausse et ce dans une fuite en avant morbide, la bulle immobilière, celle des inégalités aberrantes que seule une guerre ou une révolution serait susceptible de résorber…Une malédiction infecte notre univers contemporain car, de fait, l’implosion d’une bulle déplace mécaniquement la fièvre sur un autre champ, non sans avoir dévasté autant la classe moyenne que les plus vulnérables de nos concitoyens, comme d’habitude.
Pour la toute première fois dans la longue histoire de notre présence sur cette planète, les évènements survenant dans une région ou sur un continent – guerre, krach financier, etc. – affectent simultanément toutes les autres parties du monde. Quand l’Empire Romain et la Chine n’avaient quasiment aucune interaction, il est indéniable que nos conditions de vie actuelles se retrouvent bien plus influencées et ballotées par les aléas survenant ailleurs, voire très loin de nous, que par notre propre contexte national, accentuant du même coup notre hyper fragilisation.
Nous avons, au final, progressivement perdu le contrôle car nos existences ne dépendent plus guère (pour paraphraser Joseph Stiglitz) de notre salaire, ni même de l’éducation donnée par nos parents.
La politique et le politique en ruine ne peuvent pratiquement plus rien car ils ont été méticuleusement dépouillés de leurs leviers.
Le grand Hayman Minsky, disparu en 1996, théorisait que la stabilité est trompeuse, qu’elle est en réalité déstabilisante, qu’un ouragan est très souvent tapi derrière les périodes d’accalmies et de prospérité. Il serait contraint de revoir en profondeur sa copie car les secousses de tous ordres – financières, inflationnistes, géopolitiques…- jalonnent notre vie depuis de longues années dans un monde ne daignant même plus vouloir masquer sa dangerosité, pas plus que de modérer sa capacité de nuisance. L’instabilité est désormais la règle, plus l’exception. Et Taleb peut s’arracher les cheveux qui lui restent car les cygnes noirs sont partout !
Le physicien Max Planck notait que la science n’avance qu’«un enterrement à la fois», mais il n’y a aucune chance de nos jours que les hécatombes auxquelles nous seront prochainement confrontés soient sources de progrès. Je ne peux m’empêcher de penser quasiment chaque jour à la chute de Constantinople le 29 mai 1453, hyper fragilisée par les discussions byzantines de ses élites dans le Palais de l’Empereur et ayant dilapidé un temps précieux en tergiversations stériles, facilitant ainsi grandement la tâche des envahisseurs turcs.
Chers lecteurs,
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Bien sincèrement,
Michel
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4 commentaires
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En ce qui concerne l’ UE, j’ai la conviction que n’avoir pas su – ou voulu – “associer” la Russie à la construction européenne lors de l’éclatement de l’ URSS, est une grave faute devant l’ Histoire.
Nous allons le payer très cher car je n’ai pas l’impression que nos dirigeants soient en capacité d’essayer de réparer les dégâts.
Vous avez parfaitement raison. Quand Vladimir Poutine proposait un pacte eurasien à l’Union Européenne qui lui envoyait des rebuffades et du mépris ! Rappelez-vous la campagne référendaire de 2005, Michel Barnier qui nous expliquait que voter pour le “Non” ferait gagner le “populisme” et nous isolerait du reste du Monde, vous constaterez le résultat aujourd’hui : le “populisme” n’est nulle part au pouvoir ou totalement bridé mais l’UE s’isole du Monde par la volonté de ses classes dirigeantes.
Pour répondre à Michel Santi à propos de 1453, j’ai très mal à une forme de “Nous” qui nous réunissait à la Russie et quand je pense à toutes ces œuvres de l’Art occidental abritées à l’Hermitage de St Petersbourg que nous ne verrons jamais… plus jamais… et de tous ces artistes russes que nous verrons plus, je suis très affligé. Bonne continuation et Merci.
Je ne veux parler pour Didier, mais je partage votre inquiétude en rapport avec l’art.
Cela dit, la Russie est une nation d’art et de culture au même titre que la France, faisons confiance au peuple de ce pays.
[…] PAR MICHEL SANTI […]