Monde : pronostic vital engagé

Monde : pronostic vital engagé

mars 18, 2024 4 Par Michel Santi

C’est toujours les sempiternelles questions qui nous tourmentent lorsqu’une bulle implose et fait des ravages humains, économiques, écologiques: comment en est-on arrivé là ? Que s’est-il passé ? Notre monde se retrouve aujourd’hui dans une situation critique et sans trop de précédents historiques car nous sommes désormais tous otages de bulles multiples et à répétition.

Celle qui isole les gouvernants, la surchauffe des bourses pulvérisant jour après jours leurs records historiques de hausse et ce dans une fuite en avant morbide, la bulle immobilière, celle des inégalités aberrantes que seule une guerre ou une révolution serait susceptible de résorber…Une malédiction infecte notre univers contemporain car, de fait, l’implosion d’une bulle déplace mécaniquement la fièvre sur un autre champ, non sans avoir dévasté autant la classe moyenne que les plus vulnérables de nos concitoyens, comme d’habitude.

Pour la toute première fois dans la longue histoire de notre présence sur cette planète, les évènements survenant dans une région ou sur un continent – guerre, krach financier, etc. – affectent simultanément toutes les autres parties du monde. Quand l’Empire Romain et la Chine n’avaient quasiment aucune interaction, il est indéniable que nos conditions de vie actuelles se retrouvent bien plus influencées et ballotées par les aléas survenant ailleurs, voire très loin de nous, que par notre propre contexte national, accentuant du même coup notre hyper fragilisation.

Nous avons, au final, progressivement perdu le contrôle car nos existences ne dépendent plus guère (pour paraphraser Joseph Stiglitz) de notre salaire, ni même de l’éducation donnée par nos parents.

La politique et le politique en ruine ne peuvent pratiquement plus rien car ils ont été méticuleusement dépouillés de leurs leviers.

Le grand Hayman Minsky, disparu en 1996, théorisait que la stabilité est trompeuse, qu’elle est en réalité déstabilisante, qu’un ouragan est très souvent tapi derrière les périodes d’accalmies et de prospérité. Il serait contraint de revoir en profondeur sa copie car les secousses de tous ordres – financières, inflationnistes, géopolitiques…- jalonnent notre vie depuis de longues années dans un monde ne daignant même plus vouloir masquer sa dangerosité, pas plus que de modérer sa capacité de nuisance. L’instabilité est désormais la règle, plus l’exception. Et Taleb peut s’arracher les cheveux qui lui restent car les cygnes noirs sont partout !

Le physicien Max Planck notait que la science n’avance qu’«un enterrement à la fois», mais il n’y a aucune chance de nos jours que les hécatombes auxquelles nous seront prochainement confrontés soient sources de progrès. Je ne peux m’empêcher de penser quasiment chaque jour à la chute de Constantinople le 29 mai 1453, hyper fragilisée par les discussions byzantines de ses élites dans le Palais de l’Empereur et ayant dilapidé un temps précieux en tergiversations stériles, facilitant ainsi grandement la tâche des envahisseurs turcs.

Chers lecteurs,

Voilà plus de 15 ans que je tiens ce blog avec assiduité et passion.
Vous avez apprécié au fil des années mes analyses et mes prises de position souvent avant-gardistes, parfois provocatrices, toujours sincères.
Nous formons une communauté qui a souvent eu raison trop tôt, qui peut néanmoins se targuer d'avoir souvent eu raison tout court.
Comme vous le savez, ce travail a - et continuera - de rester bénévole, accessible à toutes et à tous.
Pour celles et ceux qui souhaiteraient me faire un don, ponctuel ou récurrent, je mets néanmoins à disposition cette plateforme de paiement.
J'apprécierais énormément vos contributions pécuniaires et je tiens à remercier d'ores et déjà et de tout cœur toutes celles et tous ceux qui se décideront à franchir le pas de me faire une donation que j'aime à qualifier d'«intellectuelle».

Bien sincèrement,

Michel