Le travail est une valeur périmée !

Le travail est une valeur périmée !

mai 4, 2015 0 Par Michel Santi

travail

L’Homme a bien-sûr toujours dû travailler pour assurer sa subsistance. Cependant, sous sa forme actuelle, le travail est un concept très récent dans l’histoire humaine. Jusqu’à la fin de la Renaissance ayant vu en 1602 l’avènement de la société par action, l’Homme avait en effet travaillé pour lui même. Artisans créateurs d’objets ou agriculteurs et éleveurs, les hommes échangeaient leurs marchandises contre d’autres biens ou services. C’est à l’avènement de l’ère industrielle que l’on doit l’apparition du travailleur peu qualifié et facilement remplaçable. Les percées techniques fulgurantes inaugurèrent donc un monde nouveau dominé par une production plus rapide, mais surtout moins chère.

Aujourd’hui à l’ère digitale, l’histoire se répète car les objectifs poursuivis sont toujours identiques, à savoir tirer parti des toutes dernières technologies pour augmenter l’efficience et la productivité avec toujours moins de capital humain, dans le but d’optimiser le capital matériel. Nous faisons, par exemple, 25% moins appel aujourd’hui à la poste qu’il y a seulement quatre ans, optant de plus en plus pour les envois et pour les paiements électroniques. Si l’ordinateur remplace aisément l’Homme en 2015, il accomplit en outre bien plus rapidement et de manière autrement plus fiable les tâches ordinairement confiées à l’humain. Sans charges sociales ni assurance maladie… Depuis l’apparition de la machine, depuis l’avènement de l’ordinateur et – aujourd’hui – à la faveur de l’émergence du robot, l’Homme pense naïvement qu’il sera logiquement conduit à accomplir des tâches plus nobles et plus intellectuelles. En tout état de cause, qu’il assumera en définitive un travail consistant à contrôler et à réparer ces machines.

La réalité est pourtant fort différente car la sophistication de la technologie démontre sans équivoque que l’économie a besoin de moins en moins de capital humain pour gérer un parc robotique toujours plus important. Bref, les progrès – le progrès – tue le travail…précisément à l’heure où l’emploi est la préoccupation majeure de l’Occident. En effet, les économistes keynésiens (dont je fais partie) appellent de leurs vœux des politiques publiques de grands travaux afin de résorber le chômage. Les responsables politiques – qui fondent tous leurs espoirs de ré élection sur la baisse du chômage – font de l’emploi leur priorité absolue. Par ailleurs, les entreprises du secteur privé sont stigmatisées pour ne pas jouer le jeu et ne pas privilégier l’embauche. Mais en fait: à quoi sert la technologie, et pourquoi se réjouir des avancées fulgurantes si nous n’en profitons même pas ?

Nous avons en effet totalement oublié le but premier de ces percées technologiques qui fut de remplacer l’Homme par la machine. Aujourd’hui, nos sociétés occidentales sont devenues tellement productives, et nous croulons sous tant d’abondance que nous pourrions loger, nourrir, éduquer et soigner toute notre population avec le travail d’une petite quantité d’hommes et de femmes. Parallèlement, l’organisation de nos sociétés s’avère de nos jours caduque car la question cruciale qui nous tourmente n’est pas tant de savoir si nous disposons d’assez de biens et de produits. Elle consiste à savoir comment va-t-on bien pouvoir procurer du travail à chacun afin qu’il mérite une partie des immenses quantités des biens dont dispose la société. Selon cet ordre établi qui relève d’un autre temps, celui qui ne bénéficie pas d’un travail est condamné à toutes les privations, et à toutes les brimades.

Eh quoi: est-ce tout ce dont nos sociétés modernes sont capables à l’heure digitale et de la robotisation massive, alors que nous n’avons plus besoin comme au Moyen-Age de fabriquer des marchandises pour vivre ? Ne devient-il pas impératif de restructurer nos sociétés autour d’une autre valeur que l’emploi rendu progressivement – mais inéluctablement – obsolète par la fulgurance de la technologie ?

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