
L’austérité n’est pas une fatalité !
Vous vous trompez profondément si vous estimez que les déboires européens à venir seront provoqués par une crise de liquidité. Car c’est bel et bien une crise de solvabilité qui menace de manière imminente nombre de membres de l’Union qui n’ont vraiment pas besoin que leurs coûts de financement soient réduits, mais qui sont désespérément en quête de transferts, voire d’annulation d’une partie de leur dette. Et que l’on ne s’avise pas de brandir l’union bancaire ou le Mécanisme Européen de Stabilité concoctés suite à la crise des années 2010 à 2012 car ce simulacre d’«intégration» financière ne fit que refléter les insuffisances et l’absence de crédibilité politiques de l’Europe. Quoi qu’il en soit, sans vouloir encore ruminer le passé – ne serait-ce que parce que je l’ai commenté à travers des centaines d’analyses – la situation s’avère aujourd’hui autrement plus préoccupante car la dette publique d’un pays comme l’Italie se rapproche désormais de 150% de son P.I.B. Ces chiffres ne font, en réalité, que représenter la normalité nouvelle du monde post-corona car – et c’est le FMI qui le prédit – les endettements moyens des économies dites développées sont aujourd’hui de l’ordre de 125%, au-delà pour certaines nations des abysses atteintes pendant la seconde guerre mondiale !
Dans ces conditions, l’occasion est trop belle : les fétichistes des déficits et autres pseudo-économistes partant du principe ordolibéral hiératique selon lequel le budget de l’Etat se doit d’être géré à l’image de celui d’un ménage ont là un boulevard devant eux. Leur moralisme, leurs exhortations au sang et à la sueur négligent allègrement le fait que cette analogie est totalement fallacieuse s’agissant de l’Union européenne qui n’est en rien dépendante des créanciers étrangers et qui se paie le luxe (que n’ont hélas pas bien des nations émergentes) d’emprunter dans sa propre monnaie. Ces annonciateurs de la ruine européenne pliant sous le poids de la dette vivent dans un déni destructeur faisant fi du fait que nos économies développées le sont … précisément grâce à notre souveraineté monétaire et grâce à cette précieuse et enviée indépendance financière qui nous permet de nous endetter d’abord de nos propres concitoyens. Ce prisme oppressant de la moralité dont certains pays européens refusent catégoriquement de se détourner relève en fait d’une mentalité proche de l’esclavagisme où ils s’efforcent de soumettre leurs populations alors que – nous européens tout comme les américains ou les japonais – ne sommes absolument pas dans une position d’infériorité ni de sujétion vis-à-vis de qui que ce soit car ne devons de l’argent qu’à nous-mêmes.
Monétisons, donc, et finançons-nous grâce au levier de la création monétaire tout en misant sur une inflation qui sera bienvenue pour alléger le fardeau de cette dette. Ne fut-ce pas très exactement la voie choisie par les Etats-Unis et par l’Europe pour financer les efforts de reconstruction après le deuxième conflit mondial ? Le monde de l’après corona dépend donc de nous et de notre détermination, comme de notre refus que ces dettes soient encore et toujours remboursées par les réductions des aides sociales, les allongements de l’âge de la retraite, les coupes budgétaires dans l’éducation et dans la défense, les augmentations de TVA… Que de fardeau, la dette publique se transforme – grâce à la mobilisation des plus sensés – en un feu d’artifices qui embrase nos économies et qui les re dynamise car la vie d’un Etat est par définition illimitée et il sera capable de se régénérer demain grâce aux revenus d’une croissance que notre volontarisme aura ressuscité !