Seul l’investissement produit la croissance
L’effondrement grec (pour ne citer que ce pays) est entièrement imputable à l’incohérence et aux lacunes de la construction européenne. Les adhérents ont certes bénéficié d’une précieuse stabilisation de leurs taux de change à la faveur de l’introduction de l’Euro. De même ont-ils tiré largement parti de la convergence des taux d’intérêts réels (pour se financer à bas prix) ayant tendu de plus en plus vers ceux de l’Allemagne. Ils ont néanmoins à tout jamais perdu la faculté de définir leur politique monétaire (c’est-à-dire la fixation de leurs taux d’intérêts directeurs) et une devise flexible. Aujourd’hui, ces mêmes nations européennes périphériques ayant naguère masqué leur faible compétitivité et leurs dépenses publiques importantes grâce à des coûts de financement modiques (du fait de cette convergence qui appartient désormais au passé) sont confrontées à une austérité qui n’autorisera absolument pas le redressement de leur appareil productif. La progression de cette compétitivité serait bien-sûr susceptible de leur ramener la croissance avec, à la clé, un remboursement graduel de leurs dettes. Néanmoins, comme les mesures visant à améliorer la compétitivité n’ont d’effets que sur le long terme, c’est l’investissement qui alimente dans l’immédiat la croissance.
L’austérité n’est donc pas une solution adéquate dès lors qu’un pays est atteint par une crise financière et que son secteur privé est déprimé par des dettes, a fortiori si son secteur bancaire est hyper fragilisé par l’implosion d’une bulle immobilière comme en Espagne. L’interdépendance des pays européens contribue en outre à exacerber la dépression, condamnée à se propager comme un incendie du fait de cette intégration. Le préalable à toute reprise – et bien-sûr à toute accalmie – étant d’instaurer de nouveaux règlements communs crédibles et réalistes, condition sine qua non au redémarrage du secteur privé. Le mythe selon lequel une formule ayant fait ses preuves dans un pays fonctionnerait nécessairement dans un autre – à plus forte raison dans plusieurs autres – achèvera de couler l’Union. Il est donc vital de diagnostiquer séparément chaque pays membre afin de lui appliquer des remèdes différents, ou le même remède selon un dosage différend. C’est cet esprit de nuance, pourtant indispensable si le but est bien la réduction des déficits et le redémarrage de la croissance, qui fait cruellement défaut.
Chers lecteurs,
Voilà plus de 15 ans que je tiens ce blog avec assiduité et passion. Vous avez apprécié au fil des années mes analyses et mes prises de position souvent avant-gardistes, parfois provocatrices, toujours sincères. Nous formons une communauté qui a souvent eu raison trop tôt, qui peut néanmoins se targuer d'avoir souvent eu raison tout court. Comme vous le savez, ce travail a - et continuera - de rester bénévole, accessible à toutes et à tous. Pour celles et ceux qui souhaiteraient me faire un don, ponctuel ou récurrent, je mets néanmoins à disposition cette plateforme de paiement. J'apprécierais énormément vos contributions pécuniaires et je tiens à remercier d'ores et déjà et de tout cœur toutes celles et tous ceux qui se décideront à franchir le pas de me faire une donation que j'aime à qualifier d'«intellectuelle».
Bien sincèrement,
Michel