Quel exemple allemand ?

février 27, 2012 0 Par Michel Santi

Les statistiques économiques allemandes sont excellentes, le climat de confiance et des affaires publié la semaine dernière étant en amélioration pour le quatrième mois consécutif. L’Allemagne n’est cependant pas dénuée de fragilités et, à cet égard, le rapport économique tout récemment publié par l’OCDE révèle certaines failles. C’est ainsi que, pour incontestable que soit la qualité de son industrie, ce pays pêche par son secteur des services. La valeur ajoutée du marché des services n’y a ainsi contribué que pour 2.2% l’an entre 2000 et 2007 par rapport à une moyenne de 3.1% sur l’ensemble des nations riches de l’OCDE. En outre, la productivité du secteur des affaires n’aura été que de 0.9% l’an en Allemagne entre 2000 et 2008 pour une moyenne de 1.7% dans l’OCDE sachant que l’âge de sa population devrait condamner le P.I.B. allemand à se retrouver en-dessous de 1% en 2020 ! De fait, une des raisons de l’excédent budgétaire allemand provient de l’investissement de ce pays ramené à son P.I.B. qui est au plus bas de tous les pays du G 7.

 

C’est bien simple : l’Allemagne est déficitaire en matière d’éducation, d’immigration et de services financiers et ce dans un contexte où l’hyper régulation semble étouffer ses services. C’est les professions libérales (médecins, pharmaciens et avocats) qui souffrent le plus d’un cadre très contraignant alors même qu’ils constituent plus de 10% de l’activité économique du pays et emploient plus de 4 millions de personnes. Des pharmacies qui doivent strictement être la propriété de pharmaciens à l’impossibilité pour certains métiers de faire de la publicité en passant par des investissements au sein de secteurs entiers interdits aux fonds de celles et ceux qui ne sont pas issus de la branche… la régulation des services en Allemagne se situe parmi les plus sévères des 27 pays étudiés par l’OCDE. Pourtant, un secteur des services dynamisé encouragerait les innovations tout en contribuant à une amélioration notable de leur qualité. Une diminution de ce carcan régulatoire favoriserait en effet l’émergence de nouvelles initiatives qui doperaient la croissance de la productivité de ce secteur tout en améliorant la consommation et bien-sûr les salaires.

 

Il est par ailleurs un autre talon d’Achille allemand peu connu – en fait une des faiblesses majeures du système de ce pays – à savoir la faible participation des femmes mariées au marché du travail. L’explication principale de ce phénomène étant à trouver dans la taxation élevée sur les revenus dans ce pays qui prélève effectivement 65% d’impôts (y compris les cotisations à la sécurité sociale) contre une moyenne de 52% au sein des autres nations de l’OCDE. Du reste, cet organisme estime que ce très haut niveau de la taxation allemande tendrait à y décourager l’immigration des salariés et des travailleurs très qualifiés. Confrontée à une sérieuse problématique de population vieillissante, l’Allemagne n’aura – dans un avenir proche – guère d’autre alternative que d’entreprendre des réformes visant à remettre ses femmes au travail.

 

Toujours est-il qu’à l’heure où son exemple est mondialement mis en avant et où ses industries, ses excédents commerciaux et son indice du chômage suscitent toutes les admirations… l’Allemagne n’est jamais exhortée à entreprendre certaines réformes pourtant fondamentales.

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