Quand la politique européenne se décrète à Berlin…

novembre 21, 2011 0 Par Michel Santi

C’est l’Allemagne qui fait et défait aujourd’hui les gouvernements européens ! A cet égard, la déroute des dirigeants (grecs, italiens ou espagnols) ayant échoué à démontrer leur détermination pour appliquer une austérité sans faille achève de prouver l’hégémonie allemande. C’est à travers la courroie de transmission de la BCE qu’elle parvient ainsi à faire tomber les gouvernements récalcitrants, en exigeant de cette institution qu’elle assèche le robinet du crédit consenti aux nations peu exemplaires. Ce faisant, l’Allemagne assoit sur l’ensemble de l’Union une domination sans partage. Cette attitude est certes motivée par la remise en ordre de la Maison Europe, elle part certes d’intentions à la base fort louables  consistant à contraindre d’une manière ou d’une autre certaines nations frivoles à plus de rigueur budgétaire et financière, ce zèle germanique a certes pour but de maintenir en vie le projet européen… il n’en demeure pas moins que cet entêtement est sur le point de précipiter la liquéfaction de ce rêve jadis enthousiasmant et formidable.

 

En effet, l’extrémisme monétaire conduisant la BCE à réduire très substantiellement ses achats de Bons du Trésor des pays sinistrés finira par étouffer nombre de ces nations qui subiront l’une après l’autre une décomposition effroyable. L’intransigeance allemande résultera en paralysie économique, en explosion du chômage et une dégradation du climat social inédite en Europe ces cinquante dernières années. Comment ne pas mettre cette frugalité de la BCE en parallèle avec l’hyper générosité de la Réserve Fédérale US qui ne cesse d’acquérir des obligations émises par sa Trésorerie dans le seul but de maintenir sous intense pression baissière les taux d’intérêts américains dans l’espoir de relancer sa croissance ? Pourquoi l’Allemagne et la BCE ne s’emploient-elles pas activement à diminuer les frais de financements des divers pays européens plutôt que de les pousser à la suffocation ? Le spectre de Weimar qui hante les allemands est-il donc si tenace ? Il est tout simplement inacceptable que ce gouvernement allemand – dont un des dirigeants (le Ministre des Finances Roesler) déclarait il y a peu qu’il n’était pas dans leur « code génétique » d’imprimer de l’argent – se complaise ainsi à laisser cette spirale infernale échapper à tout contrôle alors qu’il suffit d’impliquer davantage une BCE qui, par ailleurs, faillit à toutes ses obligations morales.

 

L’Allemagne émerge certes triomphante de cette crise aigue et, reconnaissance suprême, le rendement de ses Bons du Trésor est même inférieur à la valeur refuge par excellence, c’est-à-dire aux T-Bonds américains… Elle a pourtant fort mal appris sa leçon d’Histoire, elle qui regarde constamment en arrière vers le fantôme de Weimar synonyme d‘hyper inflation et des désastres subséquents. Elle doit absolument aujourd’hui autoriser la BCE à soutenir certaines nations – membres de la même Union- et en grands périls comme elle doit les seconder dans leur lutte contre la spéculation. Il est vital que cette solidarité allemande se manifeste dans l’immédiat, faute d’une implosion européenne dont elle aurait tout à perdre.

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