Pas d’immunité pour l’économie britannique

février 8, 2012 0 Par Michel Santi

Après avoir subi une contraction au dernier trimestre de l’an dernier, l’économie britannique est condamnée à régresser davantage en ce premier quart 2012. Alors que les analystes sont partagés entre ceux qui plaident pour une intensification de la rigueur et les tenants des relances keynésiennes farouchement opposés à l’austérité, il est important de constater que la trajectoire économique de ce pays évolue en fait assez parallèlement à l’économie européenne et en est à l’évidence fortement influencée. En outre, la Grande Bretagne n’a pas vraiment bénéficié de la forte dépréciation de sa Livre Sterling qui n’a pas relancé ses exportations dans un contexte où son industrie souffre de problèmes structurels significatifs, sans négliger par ailleurs la très forte dépendance de ce pays aux services financiers. De fait, le taux du chômage s’y est détérioré ces derniers mois car le secteur privé a été fortement sinistré par le ralentissement économique sur le continent ayant eu un impact sur la consommation intérieure, sur le commerce extérieur britannique ainsi que sur l’indice de confiance en général.

 

La conséquence probablement la plus inquiétante à long terme se traduit en un effondrement des prévisions inflationnistes qui dénote une conjoncture nationale pour le moins incertaine et tourmentée tenant en alerte la Banque d’Angleterre qui a récemment initié un nouveau round de ses baisses de taux quantitatives. Pour autant, cette mise sous perfusion semble insuffisante à assurer le redémarrage de son économie car les établissements financiers restent extrêmement vigilants – pour ne pas dire frileux – à accorder des financements en faveur des entreprises nationales qui restent exsangues. Ces déboires britanniques ne se limitent cependant pas à une forte dépendance aux aléas européens ou à un secteur financier mastodontique. De fait, le déficit budgétaire y atteint des niveaux absolument records et, à cet égard, les statistiques récemment publiées par le magazine The Economist dans son “Economic and Financial indicators” récapitule les trois nations souffrant en 2011 du déficit budgétaire le plus massif qui sont : l’Egypte en premier lieu avec un chiffre de 10% par rapport à son P.I.B. suivie par la Grèce avec 9.5% et … par la Grande Bretagne avec 8.8% ! Ce déficit budgétaire, qui est certes en diminution par rapport à 2010 où il se situait à 10.1%, est néanmoins à comparer avec celui de la France (5.8%), de l’Italie (4%) ou de l’Allemagne (1%).

 

Il est un peu facile à cet égard de pointer du doigt (comme le font bien des économistes et des analystes britanniques) la crise européenne comme unique responsable de ces déficits. En effet, un certain nombre de nations hors de la zone Euro comme la Grande Bretagne ne souffrent pas du même mal : c’est ainsi que le déficit budgétaire d’un pays comme le Danemark est à 3.9% par rapport à son P.I.B., que ce chiffre est de 0% en Suède et que la Suisse offre un excédent de 1%… La Grande Bretagne souffre donc de défauts structurels qui lui sont bel et bien propres, comme la crise immobilière aigüe démarrée en même temps que celle des subprimes aux Etats-Unis ainsi que les déboires financiers internationaux ayant eu un impact dramatique sur son P.I.B.. Pourtant, ce pays se retrouve aujourd’hui à une croisée des chemins relativement inextricable car ses déficits l’empêchent de pratiquer davantage de stimuli : Impossible en effet de continuer à imprimer de la monnaie quand on est le troisième plus mauvais élève mondial juste après l’Egypte et la Grèce ! Bref, la Grande Bretagne démontre une fois de plus sa singularité dans un contexte où son absence de la zone Euro semble accentuer sa fragilité.

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