Comment éviter une catastrophe chinoise ?

avril 8, 2010 0 Par Michel Santi

Le modèle de croissance chinois construit sur du crédit outrancier a vécu. Les autorités chinoises ont aujourd’hui la hantise d’un ralentissement brutal de leur économie qui ne sera atténué que par la grâce d’un (très lourd) endettement d’entreprises et de collectivités territoriales détenu par des intérêts chinois.

Le naguère miracle chinois tourne aujourd’hui à la calamité car le crédit produit de moins en moins de croissance. Ainsi, alors que 1.5 Renmimbi de crédit résultait en 1 Renmimbi de croissance en 2000, ce rapport est actuellement à 6 contre 1! Alors qu’il a été de bon ton de dénoncer la propension plus qu’excessive au crédit des consommateurs Américains, l’effondrement spectaculaire de la productivité (ou de l’efficience) du crédit en Chine atteint des proportions inégalées et ouvre des perspectives effrayantes.

Permettant et stimulant la spéculation sur les terrains et sur l’immobilier haut de gamme ainsi que la surproduction de marchandises destinées à être stockées, les crédits consentis par les banques chinoises atteignent 130% du P.I.B. du pays! Sur la seule année 2009, les montants prêtés par les établissements financiers chinois ont ainsi été équivalents à 40% du P.I.B. de leur pays et, à cet égard, les collectivités locales et régionales se retrouvent – du fait d’un endettement de l’ordre de 1’100 milliards de Renmimbi ou 1’600 milliards de dollars – en pleine tourmente.

En fait, l’impact des dettes de ces collectivités sur l’économie nationale et sur ses acteurs financiers est potentiellement dévastateur: S’il est vrai que les régions effectuent un apport bénéfique de l’ordre du tiers sur l’activité globale du pays, leur endettement représente par ailleurs 30% de l’endettement public chinois, 25% des crédits consentis globalement par les banques nationales et 80% des prêts récents accordés en 2009… Comme la totalité de ces crédits bancaires accordés aux régions se monte à plus du double des fonds propres détenus par les banques chinoises, un taux (pas irréaliste) de défaut de 30% sur ces prêts volatiliserait deux tiers des capitaux des banques chinoises!

La pyramide se fissure donc de toutes parts sachant qu’un raidissement de politique monétaire – ou une ré évaluation de la monnaie nationale, ce qui reviendrait au même – serait l’impulsion finale à son effondrement en bonne et due forme. Il est donc enfantin de comprendre les tergiversations des autorités chinoises vis-à -vis de l’appréciation d’une devise qui n’est même plus réclamée par des Etats-Unis conscients aujourd’hui de l’extrême fragilité du Ponzi chinois. Le niveau actuel du Renmimbi constitue certes une forme de subventions ou de prime accordée à des exportateurs chinois peu aptes à lutter à armes égales avec une compétition internationale. Néanmoins, et comme une appréciation de 3% de ce Renmimbi supprimerait (selon Bloomberg citant l’Agence Chine Nouvelle) entre 30 et 50% des profits des constructeurs chinois de téléphones, d’autos et autres électroménagers domestiques, les Etats-Unis se résignent aujourd’hui à lâcher un peu de lest…

La Chine, qui a servilement copié le modèle mercantiliste japonais, se retrouve à la croisée des chemins. Chemin déjà emprunté par son voisin nippon mis sous pression pour ré évaluer sa devise afin de juguler ses excédents commerciaux par les Etats-Unis ayant si bien oeuvré lors des accords du Plaza en 1985 qu’il fallut d’autres accords (ceux du Louvre en 1987) afin d’enrayer l’envolée spectaculaire du Yen. Fermeté du Yen qui devait être contrée par une Banque du Japon résignée à baisser de manière excessive ses taux d’intérêts afin de tenter de stimuler une consommation intérieure censée soulager la diminution de ses exportations. Nous connaissons tous l’issue de ce drame dont le Japon ne s’est toujours pas complètement sorti aujourd’hui après plus de vingt ans.

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