L’Opium des Peuples

juillet 3, 2010 0 Par Michel Santi

Bienvenue dans l’univers des phantasmes et du mensonge économiques. Nous vivons sur des mythes car personne ne sait vraiment ce qui se cache derrière la montagne de données chiffrées et indices dont nous sommes quotidiennement abreuvés dans la presse, sur internet et au fil des publications officielles… Ces préjugés et idées reçues, qui ont la dent dure, nous empêchent de réfléchir intelligemment et de prendre les décisions appropriées.

Prenons un exemple tout à fait significatif, l’indice du chômage Américain qui, selon les chiffres livrés par les autorités Fédérales, se maintient sous la barre des 10% et aurait même affiché une progression démontrant 9.5% de demandeurs d’emploi sur Juin 2010: Statistique (que je puis qualifier de) pure fiction car elle ne tient nullement compte d’une série de paramètres comme les demandeurs d’emploi découragés de s’inscrire dans les agences spécialisées, ceux travaillant à temps partiel faute d’avoir un job à plein temps ou tout simplement ceux – appartenant aux minorités défavorisées urbaines notamment – dont les noms ont simplement été escamotés par inadvertance… Qui a pris la peine de noter, à la lecture d’une statistique publiée par le Département du Travail que, les Etats-Unis comptant 79 millions d’hommes entre 25 et 65 ans, 22% d’entre eux (soit 18 millions) étaient irrémédiablement sans emploi? Quelqu’un connaît-il la statistique dite ” U-6 ” des sous-employés aux Etats-Unis qui, à 16.6% de la population active, a ainsi doublé en quelques années?

Autre chiffre, autre leçon de vie: les marchés seraient en train de s’affoler à cause des déficits! Effectivement, à en croire les manchettes des vénérables journaux et les avertissements des autorités du G 20 et autres, notre monde serait à l’orée d’un cataclysme si nos dépenses et nos budgets n’étaient pas immédiatement et considérablement réduits. Dans ces conditions, les intérêts dont devrait s’acquitter le plus gros débiteur mondial sur ses dettes – les Etats-Unis d’Amérique – devraient s’envoler afin de continuer à attirer des investisseurs pris de panique et tentés de bazarder le papier valeur US? Que Nenni: les rendements sur les obligations US ne sont-ils quasiment pas à leur plus bas historiques? Tous les records précédents ayant ainsi été explosés avec un Bon du Trésor à 30 ans rémunérateur à hauteur de tout juste 4% et un Bon à 10 ans qui rapporte 3.1%, les oiseaux de mauvaise augure sont instamment priés de laisser le marché de la dette Américaine ronronner, voire ronfler, tranquillement!

Vous avez dit inflation? Vous craignez que ces injections massives de liquidités dans le système ne finissent par une dévalorisation “logique” de la monnaie fiduciaire? Une fois de plus, ce même marché obligataire US vous dément de manière cinglante car il n’escompte sur les 30 ans à venir que 2.3% d’inflation par an… Après tout, le déficit budgétaire Américain – de l’ordre de 10% du P.I.B. aujourd’hui – ne fluctue-t-il pas entre 6 et 9% depuis plusieurs décennies? Qui a parlé de dérapage incontrôlé?

Etes-vous de ceux qui voient d’un mauvais oeil l’intensification de la régulation financière, la mainmise des Etats sur le système financier: En d’autres termes, redoutez-vous la fin annoncée du capitalisme? Permettez-moi de vous rassurer car tant le petit spéculateur que le gros fonds de pension se portent comme des charmes. Les chiffres récemment divulguées par la Réserve Fédérale US ne démontrent-ils effectivement pas que les marges bénéficiaires des sociétés Américaines (corporate profit margins) se sont envolées à un record historique de 36% pour le premier trimestre 2010? Pour mémoire, cette statistique crée en 1947 connut un pic à 30% sous … l’hyper méga libéralo capitaliste Reagan!

Ce même Reagan qui ne renierait pas l’Administration Obama dont les dépenses Fédérales devraient être réduites de 25% à 23% de l’économie US à l’horizon 2013 alors même qu’elles se montaient à 23.5% en 1983 sous sa Présidence… Vous avez dit: Socialisme? Et pendant ce temps, l’indice Cap Gemini sur la richesse des Américains ne prouve-t-il pas que la fortune des Nord Américains s’est appréciée de 18% en 2009?

Citoyens: la Révolution n’est (vraiment) pas pour demain. Regardez le Foot et partez en vacances.

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