
L’Europe est-elle condamnée à faire de mauvais choix ?
Publié dans “Le Monde” du 17 Décembre
“La situation en Europe reste troublante et le futur est plus incertain que jamais.” C’est en ces termes que s’est exprimé le patron du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, de passage à Genève le 10 décembre. Que fait au juste l’Europe afin que la crise ayant tout juste manqué d’emporter la Grèce et l’Irlande ne s’abatte sur une autre nation de l’Union ? L’incapacité européenne à accoucher d’une gouvernance ferme et univoque condamnera-t-elle les futures victimes à faire appel à l’assistance internationale ?
Car les tergiversations de nos responsables européens ne déboucheront très vraisemblablement que sur des mesures a minima n’autorisant pas la reprise d’une croissance décente. De même, le tout récent plan d’aide de 85 milliards d’euros accordé à l’Irlande sera-t-il synonyme de souffrances sociales et de croissance insignifiante pour plusieurs années. Autrement dit, le retour de la compétitivité et d’une activité économique créatrice de richesses au sein de ces nations fragilisées à l’extrême n’est nullement à l’ordre du jour et ce dans une conjoncture globale où un continent européen à la traîne affectera l’ensemble de l’économie mondiale.
A cet égard, ne nous y trompons pas car la mièvre croissance européenne n’est pas simplement due aux crises grecques ou irlandaises. Elle provient également du cadre légal et réglementaire tout à la fois complexe et rigide qui circonscrit l’Europe tout en l’étouffant à la manière d’une toile d’araignée. Les endettements excessifs de certains pays n’étant ainsi qu’une facette d’un mal endémique propre à l’Union européenne et composé de controverses byzantines et de promesses non tenues qui peuvent néanmoins être résumées en une seule et unique question : Qui va payer ?
STRATÉGIES
Ainsi, et en dépit de la monnaie unique qu’ils se partagent, les pays aisés de cette Union ne parviennent toujours pas à démontrer une solidarité au long cours avec ceux de ses membres en pleine tempête économique et financière. Et pendant ce temps, la croissance nous file entre les doigts… Et pendant ce temps, les dirigeants américains innovent en amplifiant leur politique monétaire très peu orthodoxe tandis que le président Obama met en place un plan ambitieux de réductions d’impôts.
Les détracteurs de ces mesures typiquement keynésiennes (qui creuseront immanquablement les déficits du pays) reconnaissent au moins aux dirigeants américains le mérite d’être déterminés à lutter par tous les moyens contre la crise. Restaurer une croissance à long terme par l’instauration de la rigueur ou relancer rapidement l’activité via des injections de liquidités et une stimulation fiscale ? Telle est la question fondamentale que se posent aujourd’hui les Etats-Unis et l’Union européenne et qui permettra à un bloc – et à un seulement – de renouer avec la prospérité. Si elles sont toutes deux menées au nom du retour de la croissance, ces deux stratégies ne produiront toutefois pas les mêmes effets. Et il y a fort à craindre que le choix de l’Europe, consistant en des augmentations d’impôts et autres réductions drastiques des dépenses publiques, ne soit – une fois de plus – pas le bon.
Chers lecteurs,
Voilà plus de 15 ans que je tiens ce blog avec assiduité et passion. Vous avez apprécié au fil des années mes analyses et mes prises de position souvent avant-gardistes, parfois provocatrices, toujours sincères. Nous formons une communauté qui a souvent eu raison trop tôt, qui peut néanmoins se targuer d'avoir souvent eu raison tout court. Comme vous le savez, ce travail a - et continuera - de rester bénévole, accessible à toutes et à tous. Pour celles et ceux qui souhaiteraient me faire un don, ponctuel ou récurrent, je mets néanmoins à disposition cette plateforme de paiement. J'apprécierais énormément vos contributions pécuniaires et je tiens à remercier d'ores et déjà et de tout cœur toutes celles et tous ceux qui se décideront à franchir le pas de me faire une donation que j'aime à qualifier d'«intellectuelle».
Bien sincèrement,
Michel